Masters 1000 Monte-Carlo - Jannik Sinner, victime d’une erreur aux lourdes conséquences : "C’est dur à accepter"

C’était une demi-finale indécise et passionnante, entre deux joueurs évoluant dans des registres bien différents. Ce samedi, lors du duel qu’ils ont livré à Monte-Carlo, Stefanos Tsitsipas avait remporté le premier set, Jannik Sinner avait répliqué en empochant le deuxième. Le vainqueur du dernier Open d’Australie semblait même avoir pris l’ascendant en breakant dès l’entame de la troisième manche. Et puis, tout a basculé.

Alors qu’il avait une balle de double-break à effacer, le Grec a envoyé un deuxième service qui, de toute évidence, était trop long. La balle n’a cependant pas été annoncée faute, que ce soit par le juge de ligne ou l’arbitre de chaise. Le jeu s’est poursuivi et "Tsitsi" a obtenu ce point, synonyme de sursis. Incrédule, l’Italien s’est avancé vers la marque litigieuse, faisant comprendre avec ses doigts que la balle était bien retombée à l’extérieur du carré de service. En vain. Visiblement agacé, ce qui est suffisamment rare chez lui pour être souligné, Sinner a perdu ce jeu dans la foulée.

Le Transalpin aurait dû mener 4-1, service à suivre, ce qui l’aurait mis dans des dispositions idéales pour finir le travail et filer vers la finale. Au lieu de cela, l’écart s’est réduit à 3-2 et l’Athénien, revenu de très loin, a pu avoir le dernier mot (6-4, 3-6, 6-4). Tout en ayant bien conscience d'avoir frôlé la correctionnelle. "Le match aurait été totalement différent si mon service avait été jugé dehors. Je suis d’accord pour dire que j’aurais été en position très difficile dans ce cas", a ainsi concédé le double vainqueur du tournoi monégasque (2021 et 2022) après le match.

Cette erreur d’arbitrage - rappelons que le hawk-eye n’est pas utilisé sur terre battue - a donc eu de fâcheuses conséquences pour le joueur de 22 ans. Interrogé à ce sujet après la rencontre, l’intéressé n’a pas caché sa déception. "C’est dur de l’accepter, je jouais super bien à ce moment-là, a-t-il déclaré à la presse. Tout allait dans la bonne direction sur le plan tactique."

Sinner n’a d’ailleurs fait que confirmer ce que tout le monde avait remarqué : après avoir été victime de cette erreur, il a inexorablement plongé. Mentalement et physiquement, les deux étant liés. "Après, j’ai eu des crampes, fort probablement à cause de ce qui s’est passé, a-t-il avoué. Parce que ça affecte aussi vos nerfs et on gamberge dans la tête, c’est difficile de jouer. J’ai quand même essayé de faire du mieux que je pouvais." Diminué, le gamin du Trentin-Haut-Adige n’a pu tenir la distance face à un adversaire qui a "élevé son niveau de jeu", a relevé avec justesse le vaincu du jour.

Fidèle à lui-même et à sa communication sans aspérité, le finaliste du Masters 2023 n’a pas cherché à remuer le couteau dans la plaie. "Malheureusement ou heureusement, tout le monde peut faire des erreurs. Moi aussi, je peux me tromper. C’est comme ça", a-t-il sobrement commenté. Lui aussi victime d’une erreur de jugement deux jours plus tôt, contre Karen Khachanov, Daniil Medvedev avait été nettement moins diplomate envers l'arbitre de son match (qui n'était pas la Française Aurélie Tourte, celle du match Tsitsipas - Sinner, ndlr). "Il n’a pas de lunettes car il ne voit rien, il ne devrait pas être arbitre", avait fustigé le Russe, dans tous ses états.

Dès la saison prochaine, les juges de ligne seront remplacés par un dispositif électronique sur le circuit ATP. Ce qui devrait éliminer ce genre d’erreurs et les polémiques qui les accompagnent au moment de renouer avec la terre battue. "Le jeu sera plus propre, on évitera les erreurs et les crises de colère comme on a pu le voir sur le central cette semaine, a insisté Tsitsipas. Le tennis mérite d’avoir de la dramatique, mais elle doit venir de la performance et du jeu plutôt que des injures et des gros mots. Ce n’est pas un bon côté de notre sport."