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Rolex Paris Masters - La galère continue mais Pouille s'accroche : "Revivre des grands moments, c'est ce qui le motive"

Maxime Battistella

Mis à jour 30/10/2021 à 14:27 GMT+2

PARIS ROLEX MASTERS 2021 - Invité à disputer les qualifications du dernier Masters 1000 de l'année, Lucas Pouille voit une nouvelle saison difficile se conclure, un peu plus de trois ans après avoir atteint le Top 10. Celui qui devait incarner la relève des Tsonga, Monfils, Gasquet et Simon, est en plein doute. Mais à 27 ans, il n'est pas encore temps de baisser les bras.

Lucas Pouille au Challenger de Rennes en 2021

Crédit: Imago

Il a obtenu une wild-card, mais pas pour le tableau final. Lucas Pouille jouera bien à Bercy : il a été invité à y disputer les qualifications, ce qui ne lui était plus arrivé depuis sept ans. A l'époque jeune espoir du tennis tricolore, il s'en était extrait avant de tomber en huitième de finale contre un certain Roger Federer. S'il ne pourra pas affronter la légende suisse cette année, il y a fort à parier que le Nordiste signerait pour effectuer un tel parcours, lui qui a pourtant atteint notamment une demie (Open d'Australie 2019) et deux quarts de finale (Wimbledon et US Open 2016) de Grand Chelem entre-temps. Un autre temps, car depuis le sort s'est acharné.
Depuis deux ans et une première alerte au coude droit qui l'avait contraint à arrêter l'exercice 2019 à Shanghaï, Pouille se bat tout simplement pour rester un joueur de tennis. Cette blessure chronique, qui l'a finalement contraint à l'opération à l'été 2020, combinée à la pandémie du coronavirus, lui a coûté une saison complète à l'issue de laquelle il s'est séparé d'Amélie Mauresmo, sa coach de l'époque, qui ne pouvait continuer à le suivre sur le circuit avec les restrictions sanitaires pour des raisons familiales. C'est associé à un duo d'entraîneurs, Thierry Ascione et Nicolas Renavand, que l'ancien 10e joueur mondial s'est donc lancé le défi du come-back en 2021.

Pépins physiques à répétition et manque de confiance : un come-back contrarié

"En préparation en décembre 2020, on y était allés tout doucement, avec des balles intermédiaires, retrace Nicolas Renavand. Il avait mis en place un nouveau geste au service pour se protéger le coude, donc ça lui avait un peu tiré l'épaule. Petit à petit, il a récupéré physiquement avec une reprise de la compétition en Challenger à Quimper. Il progressait pas mal, il rejouait même très bien. La saison sur terre battue s'annonçait prometteuse, il avait même gagné deux matches à Monte-Carlo."
Oui mais voilà lors de ce huitième de finale encourageant sur le Rocher face à Alejandra Davidovich Fokina (défaite 6-2, 7-6), son corps l'a trahi à nouveau. "Il trébuche un peu, il veut se rattraper et il se déchire les obliques, une déchirure des abdominaux de 5 centimètres sur 2. Ça lui bousille toute la saison sur terre où il est obligé de faire cicatriser ça le plus vite possible avec Roland-Garros qui arrivait. Il traite ça au caisson hyperbare, ça va plutôt vite, mais il n'a qu'un match de préparation à Belgrade. Et à Roland, il joue un bon Pablo Cuevas et se prend une bonne taule au 1er tour. C'est un match qui lui fait mal", détaille encore son coach.
Ce sera l'histoire de sa saison 2021. Entre reconstruction, hausse progressive du niveau de jeu et nouvelle blessure. Plus tard par exemple, lors de l'été américain à Winston Salem, Pouille était parvenu à sortir des qualifications, avant de l'emporter au 1er tour face à Feliciano Lopez puis de mener largement au 2e face à Daniel Evans 6-4, 4-0. Mais au moment de porter l'estocade, son dos s'était bloqué, le condamnant à l'impuissance dans la seconde partie du match (défaite 4-6, 6-4, 6-1). Une mésaventure qui explique en partie son incapacité à conclure un 1er tour de l'US Open qui lui tendait les bras - il avait obtenu deux balles de match à 5-3 dans le 4e set avant de s'incliner en cinq - face à Albert Ramos-Vinolas.
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Diminué, Pouille a fini par céder : sa défaite face à Evans en images

Des plus grands courts du monde au passage obligé par l'anonymat des Challengers

Une saison est faite de tournants, et le Nordiste n'a jamais pu (su ?) prendre les bons. "Après les petits espoirs, il y a toujours eu une petite blessure, un petit truc. Il est déçu, mais il faut continuer, il n'y a pas le choix", note Renavand. Avant Bercy, son bilan comptable en 2021 n'est guère reluisant sur le circuit ATP : 5 victoires pour 14 défaites (dont 12 au 1er tour) et un classement (153e joueur mondial) qui l'a contraint à repasser régulièrement par la case Challengers ces dernières semaines.
De retour entre-temps en ATP 250 à Metz en septembre, Pouille espérait accumuler assez de points pour retrouver le Top 100 d'ici la fin de l'année et une place dans le tableau de l'Open d'Australie 2022. Mais il a manqué de régularité, sans oublier la difficulté mentale d'enchaîner ces tournois anonymes pour un joueur qui a connu les plus grandes arènes du monde.
"Je le trouve courageux, parce qu'il arrive toujours à repartir, notamment sur les Challengers. En faire un ou deux de temps en temps pour te remettre ok, mais commencer à les enchaîner comme en cette fin de saison, c'est différent. Il est plein de bonne volonté, ce n'est pas le problème : sur le premier, il a fait finale (battu par Benjamin Bonzi à Cassis, NDLR), sur le deuxième, quart, puis ça a été plus compliqué. Il a eu à nouveau des petites douleurs au talon et au dos à Mouilleron le Captif", explique Nicolas Renavand.
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Lucas Pouille lors du Challenger de Rennes en 2021

Crédit: Imago

Quand il perd, il retrouve sa petite fille, ça lui permet de dédramatiser
Son service, véritable rampe de lancement de son jeu de puncheur, lui fait toujours défaut : le changement de geste pour épargner son coude en est probablement à l'origine. Pouille a retrouvé sa puissance, mais manque de précision (pourcentage de première en berne), ce qui peut le rendre négatif dans l'attitude sur le court. A cela s'ajoute une certaine usure mentale liée à la longueur de la saison et aux conditions particulières d'un circuit encore en partie soumis aux contraintes du coronavirus. Père de famille depuis janvier, Pouille a souffert aussi de ne pas voir autant sa fille Rose qu'il l'aurait voulu. Est-ce à dire que la motivation est moins forte qu'à l'époque où tout tournait autour du tennis, ce qui pourrait aussi expliquer ses difficultés à remonter la pente ?
Son coach ne le pense pas. "Ça lui a donné un équilibre d'avoir ce socle. Quand il perd, il revient chez lui, il voit sa petite fille, ça lui permet aussi de dédramatiser. Mais il retourne sur le circuit parce qu'à 27 ans, il a encore des choses à donner." Quand on a battu Rafael Nadal en Grand Chelem, qui plus est au bout des cinq sets, on n'est pas franchement du genre à renoncer. A l'époque, lors de cet US Open 2016, Pouille se posait en héritier du quatuor Tsonga-Monfils-Gasquet-Simon. De lui allaient dépendre les résultats français au plus haut niveau.
Cinq ans plus tard, il en est très loin, alors que le tennis tricolore aurait bien besoin du Nordiste dans ses meilleures dispositions. Sauf belle et grande surprise, il ne sera pas dans le Top 100 début 2022, ce qui pourrait remettre en cause sa participation à l'Open d'Australie. Disputer les qualifications n'est pas un obstacle fondamental, mais Pouille a aussi besoin de s'assurer qu'il jouera un nombre de matches suffisant pour justifier le voyage. Tout dépendra donc des autres tournois programmés en janvier aux Antipodes.

Une nouvelle caisse physique prometteuse pour se relancer

Les perspectives à court terme ne sont donc pas forcément réjouissantes. Mais tout n'est pas si sombre. "Sur la base physique, musculaire, au niveau de son poids - il en avait pris pas mal pendant son année blanche -, il est revenu à ses standards de forme. Il a fait une série de tests physiques avec son préparateur Xavier Moreau et il a même dépassé certaines valeurs enregistrées en 2018 quand il était vraiment bien. C'est redevenu un avion physiquement et au niveau des frappes, c'est pareil", souligne Nicolas Renavand.
Et si le physique va, tout peut suivre pour Pouille dont le premier objectif sera de sortir du cercle vicieux des Challengers en 2022, en retrouvant le Top 100. Une fois cette première étape atteinte, tous les rêves seront permis. Ceux qu'il avait touchés du doigt voici quelques années.
"On ne pourra jamais lui enlever ce qu'il a fait. Ce n'est pas un joueur qui a un potentiel et qui reste bloqué à la 150e place mondiale, ce n'est pas du gâchis. Il a fait des choses exceptionnelles et il n'a repris que depuis 11 mois dans des conditions difficiles. Il faut continuer. L'objectif à terme, c'est de revivre des grands moments en Grand Chelem, de se refaire des secondes semaines, des quarts, des demies. C'est pour ça qu'il s'entraîne et qu'il continue à faire tous ses efforts."
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