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Finale Bercy - Relâchement, service-volée, fraîcheur : comment Novak Djokovic a repris la main

Laurent Vergne

Mis à jour 08/11/2021 à 12:35 GMT+1

ROLEX PARIS MASTERS – Un peu en dents de scie depuis le début du tournoi, alors qu'il reprenait la compétition après une absence significative par sa durée, Novak Djokovic a ressorti le grand jeu en finale dimanche pour dompter Daniil Medvedev (4-6, 6-3, 6-3). Une victoire qu'il doit à sa fraîcheur mentale et physique, mais aussi à une audace salutaire et à saluer.

Novak Djokovic

Crédit: Getty Images

La meilleure des réponses. Un peu moins de deux mois après avoir reçu une énorme gifle en finale de l'US Open de la main de Daniil Medvedev, Novak Djokovic a évité de tendre l'autre joue en finale à Bercy. Une victoire importante pour le numéro un mondial, peut-être pas tant pour l'obtention de ce 6e titre dans l'est parisien et son 37e Masters 1000 que dans le rapport de force entre les deux hommes.
Medvedev est aujourd'hui son principal rival sur le circuit, et ces deux-là pourraient être amenés à se recroiser en finale (ou en demies, pour ce qui est du prochain Masters). Un nouvel échec, qui aurait été son cinquième sur les sept derniers duels contre son dauphin au classement mondial, lui aurait fait mal. Mené une manche à rien, Djokovic n'a pas cillé. Il a fini par s'imposer. Parce qu'il était le plus tranquille. Le plus frais. Le plus inventif, aussi. Le plus fort, en somme.

Jouer sans le poids de l'histoire, c'est plus simple

Daniil Medvedev s'était comporté en patron sur le court Arthur-Ashe d'un bout à l'autre de la finale de l'US Open, même s'il avait eu un peu de mal à conclure. Mais en face, Novak Djokovic avait été enseveli sous le poids de l'enjeu, avec ce possible Grand Chelem sur la table. Même pour un monstre de mental comme lui, ce fut trop.
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Inoubliable image : Djokovic ovationné par la foule et en pleurs sur sa chaise

Dimanche, à Bercy, on l'a senti tranquille. Même quand tout ne tournait pas en sa faveur, comme dans ce premier set. Avec un break de retard, on l'a vu sourire lorsque le public l'a applaudi pour avoir réussi, à sa deuxième tentative, à récupérer sa raquette qu'il venait de jeter en l'air de dépit. Ce n'était pas grand-chose, mais ce sourire-là en disait beaucoup sur son état d'esprit du jour. Il avait l'esprit libre, plutôt deux fois qu'une. Cette fois, pas de Grand Chelem pour le polluer. Quant au record massif de cette fin de saison, il avait réglé le problème la veille.
"C'était un grand soulagement de savoir que je finirais l'année à la première place, a-t-il souligné. En réglant ça samedi, j'ai pu rentrer sur le court beaucoup plus relax aujourd'hui (dimanche)." Bien sûr, il y avait de l'enjeu, il y en a toujours dans une finale. Mais une finale de Masters 1000, c'est presque une routine pour le Djoker. "Ça m'a enlevé un poids, reprend-il. J'étais impliqué, mais sans stress, et ça m'a permis de jouer libéré. Même après avoir perdu le premier set, j'étais dans le match, j'avais le sentiment que ça ne s'était pas joué à grand-chose, j'ai eu une balle de break à 3-2. Mais j'essayais encore de lire son service et de vraiment trouver plus de régularité à l'échange."
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Du tennis champagne et des records en grappe : le grand Djoko était de retour

En avant toute

C'est sans doute le plus remarquable dans la victoire de Novak Djokovic dimanche : la manière. Au fil du match, il a su s'adapter et surtout se montrer extrêmement offensif, bien plus qu'à l'accoutumée. On pourrait y voir le signe d'un certain inconfort du fond du court, face à un Medvedev qui apparaît comme son miroir. Mais ce fut incontestablement la clé. Sur l'ensemble de cette finale, le numéro un mondial est monté 36 fois au filet. En 28 jeux, soit le même nombre que lors de sa demi-finale face à Hubert Hurkacz. Mais face au Polonais, il ne s'était projeté que 21 fois vers l'avant.
C'est surtout lors du deuxième set que cette ruée vers le filet a pris toute sa pleine mesure : 14 des 36 montées de Djokovic ont eu lieu dans cette manche. Symbole de cette audace, l'interminable 9e jeu (plus de 10 minutes) au cours duquel Medvedev a bénéficié de trois balles de débreak. Le champion de Belgrade n'a alors pas hésité à enquiller les services-volées. Avec une réussite incontestable. Il a fini ce set avec un remarquable 12 sur 14 à la volée (27 sur 36 sur le match).
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"En usant du service-volée, Djokovic a eu le plan B parfait face à Medvedev"

Mais il faut davantage y voir le fruit d'une stratégie que d'une quelconque improvisation. "Ça faisait partie du plan, selon lui. Essayer d'enlever du temps à Daniil, de mettre plus de variété, de faire service-volée pour m'ouvrir le court et profiter du fait qu'il se tient très loin au retour. Contre lui, il faut avoir une forme d'agressivité contrôlée. Je voulais le mettre constamment sur le qui-vive, qu'il ne sache pas à quoi s'attendre. Il faut être un peu imprévisible contre lui."
Novak Djokovic a toutes les qualités du monde sur le court, mais "imprévisible" n'est pas le mot qui vient le premier à l'esprit le concernant. Dimanche, cependant, il a réussi à nous surprendre et, plus important, à surprendre son adversaire. "Novak est toujours capable de s'adapter et je suis sûr qu'il fera des ajustements par rapport à la finale de l'US Open", avait prédit Medvedev. Il a eu raison, mais, malheureusement pour lui, le fait d'être prévenu ne l'a pas sauvé.

Il a fini plus fort

Mais comment fait-il ? A 34 ans, Novak Djokovic trouve encore le moyen de faire la différence physiquement. Car s'il a su allier relâchement et maestria tactique, le Serbe a aussi terminé plus fort cette finale que Daniil Medvedev. Il tire là le bénéfice d'un calendrier parfaitement géré depuis le début de l'année. Il s'est montré sélectif dans ses choix, a relativement peu joué entre les Grands Chelems, s'est dispensé des quatre Masters 1000 sur dur extérieur (Miami, Toronto, Cincinnati et Indian Wells) qui lui conviennent si bien. Seul le déplacement olympique à Tokyo lui a peut-être coûté cher, mais il n'était pas envisageable pour lui d'y renoncer.
En ne jouant pas pendant sept semaines après l'US Open, le poulain de Marian Vajda et Goran Ivanisevic a pris un risque mesuré. A court de rythme et de compétition, il aurait pu trébucher d'entrée. D'autant que dans un M1000, les premiers tours sont souvent plus complexes que dans un Grand Chelem, qui plus est avec le format deux sets gagnants, qui expose davantage les meilleurs.
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Novak Djokovic

Crédit: Eurosport

Jusqu'à la finale, ce ne fut pas du très grand Djoko, mais en bénéficiant d'un abandon (Monfils) et d'un tableau relativement clément (Fucsovics, Fritz, Hurkacz), il a su passer entre les gouttes, même si ce ne fut pas toujours simple et même franchement compliqué en demi-finale face au Polonais. Dimanche, cela a payé. La finale n'a pas viré au marathon, mais elle a été intense et physiquement, c'est Medvedev qui, sans s'effondrer, s'est légèrement effrité au fil des jeux.
Novak Djokovic vient tout juste de dépasser la cinquantaine de matches joués en 2021. C'est entre 15 et 20 matches de moins que la plupart des autres têtes d'affiche du circuit, de Medvedev à Tsitsipas en passant par Zverev ou Rublev. Il y a même sans doute longtemps que le patron du circuit n'avait été aussi frais, dans les jambes et dans la tête. De bon augure avant le Masters que, mine de rien, il n'a plus remporté depuis 2015 alors qu'il avait trusté les quatre éditions précédentes.
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