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Masters 1000 Paris-Bercy - Finale - L'antisèche : Holger Rune a vraiment tout d'un crack

Laurent Vergne

Mis à jour 06/11/2022 à 19:46 GMT+1

ROLEX PARIS MASTERS – Jusqu'au bout, la magie Rune aura opéré à Bercy. Epatant toute la semaine, le jeune Danois de 19 ans a posé la cerise sur son gâteau dimanche en venant à bout de Novak Djokovic, le maître des lieux, en finale (3-6, 6-3, 7-5). Il a notamment réussi à surmonter une entame de match compliquée, ce qui témoigne, en plus des qualités du joueur, de la force de caractère du garçon.

Un passing dans les pieds avant la délivrance : la balle de match qui a sacré Rune

Le pourquoi du comment

Dans ce genre de finale entre un monstre sacré et une jeune pousse totalement inexpérimentée dans un tel contexte, la donne est simple : le destin de la rencontre est entre les mains du premier nommé, mais son intérêt repose sur le second. Pour que cette finale en soit vraiment une, il fallait que Holger Rune soit à la hauteur et ne soit submergé ni par l'événement ni par l'aura de son adversaire. Pendant un set et trois points, ce script vu mille fois a semblé s'écrire de façon inexorable.
Moins efficace au service, un peu impatient, un brin tendu, le jeune Danois a fait son âge dans la première partie de la rencontre. Novak Djokovic, lui, n'avait même pas besoin d'en rajouter. Son efficacité habituelle suffisait. Mais il a souffert d'un drôle de syndrome ces derniers jours, celui du relâchement du début de deuxième set (voir ci-dessous). Contre Musetti vendredi, ce fut un épiphénomène. Face à Tsitsipas samedi, il avait fini par s'en sortir. Dimanche, cela a fini par lui coûter cher.
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Novak Djokovic, beau perdant, félicite Holger Rune.

Crédit: Getty Images

Indéniablement, Djokovic s'est montré beaucoup moins "clutch" qu'à son habitude, particulièrement dans une finale de premier plan. Trop d'opportunités manquées. Trop de petites fautes qui ne lui ressemblent pas, y compris quand cela compte le plus. Il bougeait sans doute un peu moins bien, ceci expliquant au moins partiellement cela.
Mais attention : en aucun cas, il n'a donné ce match à Holger Rune. Le "gamin" scandinave est allé le chercher, en affichant toutes les qualités aperçues ces dernières semaines et même un peu plus. La façon dont il a surmonté ses difficultés initiales et plus encore la manière avec laquelle il a pu conclure dans une fin de rencontre sous haute tension en dit long, très long sur ce qu'il est déjà. Bercy a été gâté. Si la finale dans son ensemble a manqué d'un peu de volume tant les deux champions ont peiné à accorder leurs violons deux sets durant, l'ultime manche de cette édition 2022 suffit à conférer à ce Rune-Djokovic une dimension particulière. Son dénouement tout autant.

Le point du match

Un des nombreux moments où Holger Rune a mis le feu à l'Accor Arena. Alors que "Nole" a breaké pour mener 3-1, à 40 A, il a le tort de ne pas appuyer suffisamment sa volée de revers pour terminer le point. Conséquence, d'un improbable réflexe en revers, le Danois parvient à crucifier l'ancien numéro un mondial. Sur le point suivant, il débreakera pour relancer une fois de plus cette finale.
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L'incroyable réflexe de Rune !

Le moment-clé

Jusqu'à ce premier jeu du deuxième set, tout allait bien pour Novak Djokovic et il fallait être audacieux pour imaginer la suite. Il a suffi d'un jeu, le tout premier du deuxième set, pour que cette finale change de ton, de dimension et de scénario. Djokovic mène 0-40 sur le service de Rune. S'il convertit une de ces trois balles de break, ce match est sans doute fini. Un passing de revers manqué, un retour dans le filet sur deuxième balle puis ce smash trop peu appuyé et le Djoker venait de laisser passer sa chance de tuer le match. A partir de là, l'autoroute s'est muée en chemin truffé d'épines.
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Le tournant de la finale : Les trois balles de break manquées par Djokovic

La stat : 0

Soit le nombre de balles de break sauvées par Novak Djokovic sur l'ensemble de ce Rolex Paris Masters. Il était à 0 sur 4 avant cette finale, et il a été breaké trois fois ce dimanche en finale sur trois balles de break. Une statistique pas commune pour un champion de sa trempe. Dans le même temps, il n'a réussi à prendre le service de Rune qu'à deux reprises en douze occasions. Pour résumer, le Danois a eu quatre fois moins de balles de break mais il a signé un break de plus.

La décla

Il est lourd, hein ?
De Novak Djokovic à Holger Rune en pointant le trophée, l'Arbre de Fanti, provoquant le rire de tout le monde. Il sait de quoi il parle, pour l'avoir soulevé à six reprises, un record à Bercy.

La question : Bercy a-t-il consacré un futur grand ?

Et voilà, ça recommence, ça s'enflamme encore. Promis, on ne proclamera pas ici que Holger Rune remporte cinq, dix ou vingt titres du Grand Chelem. Mais poser la question, ce n'est pas y répondre. Personne ne connaît aujourd'hui la réponse. Tout est possible. Après tout, quelqu'un comme Tomas Berdych, qui a tout de même connu une belle petite carrière, a remporté son premier Masters 1000 à 19 ans. C'était ici-même, à Bercy. Ce fut aussi le dernier.
Mais il y a la ligne dans le palmarès et la façon de l'écrire. Berdych avait remporté un Bercy dévasté par les absences. Rune a battu cinq Top 10 (du jamais vu dans un même tournoi hors Masters) et achevé son œuvre contre Novak Djokovic. Il a aussi sauvé trois balles de match d'entrée contre Stan Wawrinka. Sa semaine est, objectivement, hors normes. Ce qui serait anormal serait de ne pas se demander si nous venons d'assister à la naissance d'un grand champion destiné à jouer un rôle majuscule dans les tennis masculin ces dix prochaines années.
A regarder ce joueur sous tous les angles et retourner le problème dans tous les sens, il est difficile de trouver un trou dans la raquette danoise. Son jeu recèle peu de failles techniques. Il combine une puissance dévastatrice avec une main délicate, une faculté à défendre toutes les balles comme à prendre l'initiative. Il sert fort. Très fort. A 19 ans, il est rarissime de posséder un jeu aussi structuré.
Mais tout ceci est presque secondaire. Ce qui distingue Holger Rune, ou Carlos Alcaraz, du commun des mortels de leur âge, c'est avant tout un état d'esprit, une force de caractère. Ces "teenagers" présentent une ambition et un tempérament qui font les grands champions. Appelez-ça le mental, ou comme vous voudrez. Peu importe. Ils l'ont. Rune en fera ce qu'il voudra ou ce qu'il pourra, mais il coche toutes les cases possibles et imaginables. Cela l'a mené au sommet à Bercy. Parce qu'il est très jeune, il devra encore assimiler beaucoup de choses et en digérer d'autres, comme cet automne de feu. Compliqué quand même, de ne pas être optimiste.
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"Quelle maturité de Rune d'être allé chercher à seulement 19 ans un champion comme Djokovic"

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