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ATP Rotterdam : Ugo Humbert peut-il entrer dans le Top 10 ? Il en a le potentiel tennistique

Maxime Battistella

Mis à jour 12/02/2024 à 19:34 GMT+1

En s'adjugeant le 5e titre de sa carrière à Marseille dimanche, Ugo Humbert a atteint un nouveau sommet personnel au classement ATP avec une 18e place mondiale. Le prochain objectif logique à franchir est donc d'intégrer les 10 meilleurs joueurs du monde. Tennistiquement, le Messin n'a pas de complexes à nourrir. Mais il lui reste quelques paliers à franchir.

Ugo Humbert à Marseille en 2024

Crédit: Imago

L'Open d'Australie l'avait déjà montré, ce mois de février le confirme : le tennis français masculin va mieux. Avec Arthur Cazaux et Adrian Mannarino, deux Bleus ont atteint la seconde semaine en Grand Chelem dès le premier Majeur de l'année, alors qu'en 2023 aucun n'y était parvenu. Et puis Ugo Humbert, honorablement sorti par Hubert Hurkacz à Melbourne au 3e tour, confirme sa belle fin de saison dernière. En glanant son 5e titre sur le circuit à Marseille dimanche, il en est désormais à 8 victoires consécutives sur dur indoor puisqu'il avait été sacré à Metz pour conclure le précédent exercice. Une belle série qu'il compte bien poursuivre à Rotterdam cette semaine.
Autre conséquence notable pour le Messin ce lundi : il reprend la place de numéro 1 tricolore à "Manna". Avec une 18e place mondiale, sa nouvelle référence, il n'en finit plus de monter. Au passage dans la cité phocéenne, il a particulièrement impressionné dans le dernier carré avec une sacrée revanche sur Hurkacz et une démonstration face à Grigor Dimitrov. "Je trouve que je suis monté en puissance. C'est chaque fois le cas en finale. Je me dis que je vais trouver les solutions. Mentalement, parfois, je me sens limite invincible. La sensation est incroyable. Je me dis parfois que je suis né pour ça. J'adore jouer contre des gros joueurs sur des gros courts, avec une grosse ambiance", s'est-il d'ailleurs réjoui en conférence de presse.

Près de 50 % de réussite contre les Top 10 : le niveau est là

Jouer contre l'élite mondiale inspire en effet Humbert. Face au Polonais en demie, il a validé sa 10e victoire contre un Top 10 en… 22 tentatives, soit 45 % de réussite. Pour gagner près d'une fois sur deux contre des joueurs de ce calibre, il faut d'abord avoir le tennis pour le faire et se sentir à sa place lorsqu'on les défie. Le Messin réunit indubitablement les deux critères : avec sa patte gauche, sa capacité à prendre la balle tôt pour priver ses rivaux de temps et son absence de complexes, il se donne les moyens de rivaliser. Jusqu'à intégrer lui-même ce cercle fermé ? C'est toute la question.
"C'est génial, je me rapproche encore du Top 15. C'est de plus en plus excitant. Je sais qu'il faut que je joue bien sur les plus gros tournois. Passer dans le Top 10, ce sera une affaire de constance. Au niveau du jeu, on est tous super proches. Ça passera par des petits détails, mais c'est ça qui est intéressant", a ainsi estimé le principal intéressé, livrant un premier élément de réponse. Mais en quoi consistent donc ces "petits détails" ?

Des limites sur terre mais pas rédhibitoires

On l'a vu, techniquement, Humbert n'a rien à envier par exemple à un Taylor Fritz, actuel 9e joueur mondial. Mais paie-t-il son profil trop spécifique ? Sa manière de frapper la balle à plat, rasante, son attrait pour le jeu offensif en a fait un allergique de la terre battue, ce qui le prive d'un certain nombre de points par rapport à son bilan sur dur indoor et extérieur, la période sur gazon étant assez négligeable en comparaison.
Si le constat tient la route, Humbert semble néanmoins avoir trouvé un petit déclic l'an passé avec deux Challengers gagnés sur ocre et un 1er tour pour la première fois franchi à Roland-Garros. Et il faut aussi noter que Daniil Medvedev est un membre quasi-permanent du Top 10 depuis fin 2019 avec un bilan sur terre battue famélique en comparaison de ses performances sur dur. Les limites du Français sur la surface sont réelles et un axe de progression à approfondir, mais il n'est peut-être pas le plus évident.
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Hurkacz a passé son premier test de Français, face à Humbert : le résumé

Un bilan famélique en Grand Chelem... et en Masters 1000

Car un autre fait saute aux yeux : le Messin sous-performe en Grand Chelem par rapport à ses résultats globaux sur le circuit. A ce jour, il n'a vu qu'une fois la seconde semaine en Majeur, à l'occasion d'un 8e de finale à Wimbledon. Un bilan famélique surtout si on le compare à celui du Top 10 actuel. Fritz (9e) et Holger Rune (7e), qui présentent les moins bons résultats, ont atteint à trois reprises chacun les quarts.
Le numéro 1 tricolore, qui compte actuellement 1035 points de débours au classement sur Stefanos Tsitsipas (10e), doit donc s'améliorer sur le format long pour espérer combler cet écart. Mais pas seulement et peut-être pas en premier lieu. La prochaine étape se situe sûrement davantage dans une performance de choix en Masters 1000. A ce jour, Humbert ne compte que deux quarts de finale à Bercy en 2020 et Shanghai en 2023 comme meilleures performances. Or, les dix meilleurs joueurs actuels ont tous triomphé au moins dans la catégorie.
L'objectif Top 10 est légitime pour Humbert, mais pour y parvenir il doit encore gagner en constance dans l'excellence. La bonne nouvelle pour lui, c'est qu'en montant au classement comme il le fait, il se protège davantage dans les tournois auxquels il participe et se donne plus de chances d'entretenir sa dynamique et son cercle vertueux. C'est à ce prix qu'il pourrait devenir le premier Français à réintégrer les dix meilleurs depuis Gaël Monfils il y a un peu plus de trois ans (octobre 2020).
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