Foule hostile, service à la cuillère, "pathétique" : Corentin Moutet a rendu fou Santiago

Premier point, service à la cuillère et ace de Corentin Moutet. Premiers sifflets nourris de l'audience et début de l'histoire d'amour entre le Français et le public. L'ambiance était plantée d'entrée pour le quart de finale à Santiago entre le Français et la terre entière. Car Moutet n'avait pas seulement le Chilien Nicolas Jarry, tête de série numéro 1 et chouchou du public, face à lui mais bien toute une foule hostile qui n'espérait que de le voir trébucher. Manque de chance, celui qui pointe au-delà du 100e rang ATP a réussi l'exploit de terrasser chez lui le 22e joueur mondial (7-6, 7-6) pour jouer sa première demi-finale ATP depuis plus de deux ans après son meilleur match de l'année.

Une issue qui n'a pas plu du tout à la foule qui n'a cessé d'hurler son mécontentement durant la rencontre. Tout ceci ne pouvait évidemment pas bien se terminer. Après la balle de match, Moutet a hurlé sa joie mais personne n'a entendu son cri masqué par les huées du court Jaime Fillol, du nom… du grand-père de Nicolas Jarry. La poignée de main fut glaciale et Moutet s'en est expliqué après sa victoire auprès de nos confrères du site Clay : "Il (ndlr : Nicolas Jarry) a dit 'pathétique', je ne sais pas pourquoi. Je me suis bien comporté. Il y avait tellement de gens contre moi, qui me huaient, qui faisaient du bruit quand je servais. Je pense donc que je n'ai rien fait de 'pathétique'. Je pense que j'ai bien survécu, j'ai bien joué".

Moutet n'a pu s'empêcher de célébrer franchement son succès en empruntant la célébration de Novak Djokovic et en distribuant de l'amour aux quatre coins des tribunes. Une légère provocation que le public a, évidemment, accueilli avec des sifflets toujours plus nourris. Le Français n'a pas pu dire quoique ce soit au micro lors de l'interview d'après-match, la foule ne lui en a pas laissé l'occasion. Jusqu'à ce qu'il finisse par prendre le dessus : "Je fais de mon mieux. Je sais que je joue contre un Chilien, mais ça ne fait pas de moi une mauvaise personne."

Et de conclure après la rencontre : "C'est triste de jouer contre des joueurs chiliens et que les gens se comportent comme ça, a continué Moutet après la rencontre. Je pense que s'ils étaient plus respectueux, l'atmosphère serait meilleure pour tout le monde. Même pour mon adversaire, ce n'est pas bien qu'il y ait autant de bruit quand nous jouons." Son prochain match risque d'être au moins aussi épicé puisqu'il retrouvera… un autre Chilien dans le dernier carré, Alejandro Tabilo (51e à l'ATP et tête de série N.4). L'ambiance promet d'être encore chaude cette nuit à Santiago.