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Le Top 50 du Masters : 11-9, Federer miraculé et "jeu de la mort" pour Murray

Eurosport
ParEurosport

Mis à jour 17/11/2020 à 13:41 GMT+1

ATP WORLD TOUR FINALS - Le Masters, 5e plus grand tournoi de tennis au monde, fête cette année son demi-siècle d'existence. A cette occasion, nous vous proposons tout au long de la semaine de découvrir notre classement des matches qui ont le plus marqué l'épreuve. Deuxième volet ce mardi avec les matches classés de la 40e à la 31e place.

Le Top 50 du Masters (2e partie)

Crédit: Eurosport

Par Maxime Battistella, Rémi Bourrières et Laurent Vergne

40. Guillermo Vilas - Onny Parun

Edition : 1974
Match de poule
Vainqueur : Guillermo Vilas (Argentine)
Adversaire : Onny Parun (Nouvelle-Zélande)
Score : 7-5, 3-6, 11-9
Parmi les invités surprises de l'histoire du Masters, citons le Néo-Zélandais Onny Parun, que peut-être certains ne connaissent même pas de nom. C'était, pourtant, un très honnête joueur, redoutable sur gazon puisqu'il fut notamment finaliste de l'Open d'Australie 1973 et deux fois quart de finaliste à Wimbledon. Mais pas un joueur d'élite non plus, 19e mondial au mieux et 21e mondial lors de cette édition 1974 du Masters, disputée non loin de chez lui, à Melbourne.
Cela dit, "Onny" soit qui mal y pense, Parun n'a pas volé sa qualification non plus. A l'époque, rappelons-le, celle-ci ne se joue pas sur le classement ATP mais sur le classement du Grand Prix de la Fédération internationale. Et le Kiwi, qui a joué beaucoup de tournois du circuit, pointe à la 8e place de ce classement. Il apporte une touche d'exotisme à ce Masters qui est d'ailleurs le premier à réunir huit joueurs de nationalités différentes. Mais aussi le premier à se disputer sur gazon, sa surface fétiche.
Dans ces conditions, Parrun va passer à deux doigts d'un immense exploit : battu 10-8 au 3e set par Borg lors de son deuxième match de poule, il passe encore plus près, ensuite, en s'inclinant 11-9 au 3e set face à Vilas, la révélation de la saison. Cela reste, en termes de nombre de jeux, le plus long 3e set jamais joué au Masters, où le tie break décisif a ensuite été instauré quelques années plus tard.
Vilas, lui, était mi-figue, mi-raisin après sa victoire. "Je n'ai pas joué aussi bien que lors de les deux matches précédents (victoire face à Borg et Newcombe, NDLR). Mais cela ne m'affectera pas pour la suite. Je me sens en parfaite forme physique. "
Bien vu. L'Argentin éliminera ensuite, en demi-finale, l'autre invité surprise de cette édition, le Mexicain Raul Ramirez, avant de battre en finale le triple tenant du titre Ilie Nastase, à l'issue cette fois encore d'un match marathon, remporté en cinq sets. A 22 ans, Guillermo Vilas s'intronisait définitivement comme un géant du tennis mondial.

39. Tom Gorman - Stan Smith

Edition : 1972
Demi-finale
Vainqueur : Tom Gorman (Etats-Unis)
Adversaire : Stan Smith (Etats-Unis)
Score : 6-7, 7-6, 5-7, 4-5, abandon
Tom Gorman et Stan Smith se connaissent par cœur. Nés tous les deux en 1946, ils ont commencé à se côtoyer sur les courts dès l'adolescence, alors qu'ils étaient deux grands espoirs du tennis américain. "J'ai dû affronter Stan pour la première fois quand j'avais 16 ou 17 ans, sur le circuit juniors, a confié récemment Gorman au site officiel de l'ATP, et ce fut la première d'une longue série de défaites contre lui..." Chez les pros, Gorman n'a pas beaucoup plus de réussite contre Smith : en dix confrontations, il ne l'a battu qu'une seule fois.
Lorsque les deux hommes se retrouvent en demi-finale du Masters début décembre 1972 à Barcelone, c'est donc presque mission impossible pour Gorman. Sauf qu'il joue ce jour-là un des meilleurs matches de sa carrière. Mais ce sera aussi un des pires crèves-cœurs jamais vus sur un court.
C'est une autre époque. Celle où même les demi-finales du Masters se jouent en trois sets gagnants. Cette 3e édition est organisée à Barcelone. En Espagne, on dine tard, on vit tard, et on joue tard. La première demie, entre Nastase et Connors, débute à 22 heures. Heureusement, elle va vite. Nastase balaie l'Américain en trois sets. Mais il est tout de même plus de minuit quand Smith et Gorman entrent sur le court. Presque trois heures plus tard, Gorman mène deux manches à une et 5-4 dans le 4e set.
Un peu plus tôt, il a pourtant failli abandonner. Dans le 7e jeu de cette manche, sur un passing de revers, Gorman a senti son dos craquer : "Mon pied est resté planté et mon dos a tourné", raconte-t-il dans le vestiaire après le match. Ce dos le contrarie depuis des mois. Un an et demi plus tôt, lors de sa victoire contre Rod Laver à Wimbledon, il avait déjà failli renoncer à cause de lui. Tom Gorman s'accroche malgré tout et Smith, loin du compte, au filet notamment, l'aide bien.
A 5-4, 30 A, le futur capitaine de l'équipe des Etats-Unis de Coupe Davis lâche un énorme revers qui laisse Smith sans réaction. 30-40, balle de match. Balle de finale. Mais son dos vient de hurler à nouveau en silence sur ce coup. Celui de trop. Tom Gorman vient de comprendre : même s'il s'impose, il ne sera pas en état de jouer le lendemain. Il va vers l'arbitre : "Mon dos me martyrise, je ne peux pas continuer". Les 4000 spectateurs catalans n'en reviennent pas. Smith non plus. Gorman est sifflé, mais il ne regrette rien : "Je pensais que c'était mieux qu'il y ait une vraie finale." Smith la perdra en cinq sets, mais l'amitié entre les deux Américains se renforcera après cet épisode. Gorman sera le témoin de mariage de Smith. Et vice-versa.

38. Andy Murray - Roger Federer

Edition : 2008
Phase de poules
Vainqueur : Andy Murray (Grande-Bretagne)
Adversaire : Roger Federer (Suisse)
Score : 4-6, 7-6(3), 7-5
Roger Federer compte à son actif un certain nombre de statistiques ahurissantes. Parmi elles, la suivante en dit long sur la permanence du bonhomme dans l’excellence : en 17 participations au Masters, il a toujours au moins atteint les demi-finales, à une exception près lors de l’édition 2008. Et encore, il ne s’en est pas fallu de grand-chose pour qu’il y parvienne. Pourtant, le Suisse avait débarqué à Shanghaï dans un état physique plus que précaire, une fois n’est pas coutume.
Si le tournoi n’avait pas été aussi prestigieux, Federer n’aurait d’ailleurs sans doute pas fait le déplacement. Quelques jours plus tôt, il s’était bloqué le dos – une de ses rares blessures récurrentes – et avait dû se retirer de Bercy avant son quart de finale contre James Blake. Encore diminué lors de son premier match de poules, il n’avait pu tenir la distance contre Gilles Simon. Mais une victoire à l’expérience contre Radek Stepanek l’avait ensuite laissé dans le jeu de la qualification. Le coup semblait d'autant plus jouable que son troisième adversaire, Andy Murray, avait, lui, déjà validé son billet pour le dernier carré.
Federer entame donc la partie en tentant le tout pour le tout. Malgré une première balle grippée à cause de ses douleurs dorsales (52 % sur le match), il joue l’attaque à outrance et vire en tête. Dans l’optique de sa demi-finale le lendemain, l’Ecossais aurait alors pu choisir de laisser filer. Mais ce n’est pas dans le caractère de celui qui a perdu sa première finale de Grand Chelem quelques mois plus tôt à Flushing contre… le même adversaire. Il se détache donc rapidement dans le deuxième set (5-2, double break), avant que le match ne devienne fou.
Au courage, Federer refait son retard mais cède au tie-break. Sa chance est définitivement passée, pense-t-on. Il prend d'ailleurs un temps mort médical pour calmer les spasmes qui agitent son dos, mais il refuse de jeter l’éponge. Mené rapidement 3-0 dans l’ultime acte, il revient encore jusqu’à un jeu d'anthologie à 5-4 contre lui. Sur un fil au service, il résiste 17 minutes durant, écartant pas moins de 7 balles de match. Un mémorable chant du cygne, puisqu’il paie la note deux jeux plus tard après 3 heures de combat. "J’ai failli faire arriver un miracle", confessera-t-il une fois éliminé. Murray paiera son effort et son respect pour l’esprit du jeu contre Nikolay Davydenko. Mais le jeu en valait la chandelle : il reste à ce jour le seul joueur à avoir éliminé le Bâlois avant les demies.

37. Rafael Nadal - Daniil Medvedev

Edition : 2019
Phase de poules
Vainqueur : Rafael Nadal (Espagne)
Adversaire : Daniil Medvedev (Russie)
Score : 6-7(3), 6-3, 7-6(4)
Ce n'est certes pas un des plus grands matches de la carrière de Rafael Nadal. Après une défaite initiale contre Sasha Zverev, il ne sauvera d'ailleurs pas l'Espagnol, qui ne verra pas les demi-finales de cette édition 2019. "Je n'appellerais pas ça une des plus grandes performances de ma carrière, non, s'était-il défendu en sortant du court. J'espère quand même que je peux jouer mieux que ça."
Alors, pourquoi ce match ? Parce que s'imposer 7-6 au 3e set après avoir été mené 5-1 dans ce même set en sauvant une balle de match, cela reste marquant, surtout au Masters où, par définition, on accomplit ce type d'exploit contre un Top 10.
Daniil Medvedev, lui, parlait encore un an plus tard, lors du dernier Bercy, d'une défaite "inexcusable" à propos de ce match. Pourtant, il l'a longtemps maîtrisé, ce match. Notamment lors d'un premier set de très haut niveau. Impérial au service, le Russe sort quatre jeux blancs d'affilée, sept aces, et s'impose au jeu décisif. Nadal va donc répliquer pour revenir à hauteur mais lors de la manche décisive, il n'y a plus qu'un joueur sur le terrain. Medvedev s'envole pour mener 5-1, avec une balle de match à la clé. Mais jamais il ne va réussir à achever la bête majorquine.
La rencontre devient complètement folle dans sa partie finale. Medvedev se liquéfie, lâche ses deux breaks d'avance et se retrouve même mené 0-30 sur son service à 6-5 Nadal. A l'orgueil, le protégé de Gilles Cervara sort alors première balle sur première balle pour s'en tirer et arracher le tie-break. Mais lors de celui-ci, il finit par craquer, 7 points à 4. "C'est un de ces matches où vous avez une chance sur mille de vous en sortir mais où vous vous en sortez quand même", sourit Rafa. Le Masters a apporté son lot de frustrations à Nadal, mais cette victoire-là, même sans qualification au bout de cette phase de poules, restera mémorable.

36. Roger Federer - Rafael Nadal

Edition : 2006
Demi-finale
Vainqueur : Roger Federer (Suisse)
Adversaire : Rafael Nadal (Espagne)
Score : 6-4, 7-5
En ce Masters 2006, Roger Federer touche au sublime. Sur la lancée d’une saison de rêve qu’il terminera avec un bilan ahurissant de 92 victoires pour 5 minuscules défaites (soit quasiment 95 % de victoires), le Bâlois, numéro 1 mondial incontestable et incontesté, débarque à Shanghai avec une confiance au zénith et reste sur 4 titres (US Open, Tokyo, Madrid et Bâle). Déjà vainqueur deux fois de l’épreuve (2003 et 2004), il est d’autant plus motivé qu’il a une revanche à prendre sur sa finale perdue en 2005, nous y reviendrons.
Toujours est-il que le "Maestro" fait respecter son statut d’archi-favori en remportant ses trois matches de poule. Mais en demi-finale, le test s’annonce majeur. Car 4 des 5 revers du Suisse cette année-là lui ont été infligés par le même homme, un satané gaucher qui prend un malin plaisir à le tourmenter : Rafael Nadal. Et si Federer s’est tout de même déjà vengé en finale de Wimbledon lors de leur dernier duel, les chiffres sont là : le Majorquin a remporté 6 de leurs 8 confrontations.
Pour sa première participation au Masters – une blessure au pied l’en avait privé l’année précédente – Nadal le terrien montre, en atteignant d’emblée le dernier carré, qu’il peut aussi être performant en indoor. Néanmoins, les conditions de jeu rapides sont favorables à Federer qui fait un début de match tonitruant : un break d’entrée et des balles de K.-O. à 3-0, le décor est planté. Malgré une légère déconcentration au moment de servir pour le set à 5-3, le Suisse reprend le service adverse dans la foulée pour virer en tête.
Dans le second acte, le numéro 1 mondial reste un cran au-dessus malgré une résistance admirable de Nadal. Ce dernier sauve d’ailleurs deux balles de match à 5-4 sur son service. Mais son coup droit lifté gêne moins sur cette surface le Bâlois qui fait des prouesses en revers long de ligne. Et le forcing de Federer paie finalement deux jeux plus tard avec une conclusion fantastique : après un échange monstrueux, il se rue sur une amortie pour finir en coup droit croisé imparable. Sa joie est à la hauteur des sommets atteints en fin de match. Le patron, c’est bien lui. James Blake l’apprendra à ses dépens lors d’une finale en forme d’exhibition d’un Maestro au sommet de son art.

35. Stefanos Tsitsipas - Dominic Thiem

Edition : 2019
Finale
Vainqueur : Stefanos Tsitsipas (Grèce)
Adversaire : Dominic Thiem (Autriche)
Score : 6-7(6), 6-2, 7-6(4)
La dernière finale en date de l'épreuve de maître ne manque pas de caractère. D'abord parce qu'elle est, dans l'histoire du tournoi, seulement la 8e opposant deux joueurs n'ayant jamais atteint précédemment ce stade de la compétition. La 5e (depuis 1990) opposant deux joueurs au revers à une main, ce qui ne s'était plus vu depuis un Federer-Blake treize ans plus tôt, en 2006. La 3e s'achevant au jeu décisif du set décisif, après Lendl-Becker en 1988 et Federer-Nalbandian en 2005. Enfin, tout simplement, parce qu'elle est magnifique.
Elle l'est, surtout, dans le 3e set, marqué par un scénario haletant et une résilience impressionnante de Thiem. Pas au mieux depuis le 2e set, bombardé de tous les côtés par un festival offensif de son adversaire, l'Autrichien parvient à prolonger le suspense jusqu'au bout en effaçant un break en cours de set, puis un double mini-break dans l'ultime tie-break. Mais c'est, malheureusement pour lui, pour mieux s'écrouler dans le sprint final et commettre trois fautes directes sur les trois derniers points, après 2h35 de jeu.
Au final, c'est une victoire amplement méritée pour Stefanos Tsitsipas qui devient, à 21 ans et 3 mois, le plus jeune vainqueur du Masters depuis Lleyton Hewitt en 2001. Il devient aussi, consécutivement, le 5e joueur différent à s'y imposer. Une alternance jamais vue dans la grand-messe de fin de saison depuis la fourchette 1974-1979 (six vainqueurs différents). Un record qui sera égalé si Nadal, Medvedev, Thiem, Schwartzman ou Rublev s'impose cette année.
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Tsitsipas a eu le dernier mot : le résumé de la finale

34. Andy Murray - Fernando Verdasco

Edition : 2009
Phase de poules
Vainqueur : Andy Murray (Ecosse)
Adversaire : Fernando Verdasco (Espagne)
Score : 6-4, 6-7, 7-6
C’est l'histoire d’un incroyable imbroglio. Quand les calculs et le suspense donnent à un match de poules un supplément d’âme inattendu. Pour la première édition du Masters jouée à l’O2 Arena de Londres, Andy Murray compte bien aller loin devant le public britannique. Et alors que s’ouvre la 3e journée de la phase de poules, tous les joueurs du groupe de l’Ecossais peuvent encore se qualifier, y compris son adversaire du jour, Fernando Verdasco.
Tous les précédents matches de la poule sont ainsi allés au bout des trois sets. A l’aube du dénouement, Roger Federer est le mieux placé avec 2 victoires, devant Murray et Juan Martin Del Potro (1 victoire, 1 défaite) et Verdasco (2 défaites). Mais si l’Espagnol l’emporte, il pourrait aussi passer en cas d’égalité à trois avec un seul succès en trois matches. Autant dire que quand les deux hommes entrent sur le court, ils ont l’esprit pollué par les différents scénarios, même si l’Ecossais tente de se rassurer.
"Je savais que si je gagnais le match, il n’y avait qu’une possibilité pour que ça ne passe pas pour moi, c’était que Del Potro gagne en trois sets ensuite", explique-t-il à sa sortie du court. Le début de partie n’en est pas moins tendu, les deux joueurs se tiennent jusqu’à 4-4. C’est à ce moment-là que la capacité de Murray à faire jouer un coup de plus fait craquer Verdasco au smash et lui permet de virer en tête. Ce sera le seul break de la partie. Car à force de gâcher ses occasions dans les deux sets suivants (1 convertie sur… 13), l’Ecossais s’embarque dans un match galère au suspense intenable.
Verdasco, qui achève la meilleure saison de sa carrière (avec une demi-finale gigantesque contre Nadal à Melbourne et sa seule participation au Masters), s’accroche, arrache le tie-break de la deuxième manche et pousse encore son adversaire au jeu décisif dans la troisième. Mais cette fois, Murray maîtrise le mieux ses nerfs et convertit sa première balle de match après 3 heures de stress. Un effort valeureux… mais finalement inutile. Plus tard dans la soirée, Del Potro prend le meilleur sur Federer en trois sets et les deux hommes valident leur billet pour les demies au pourcentage de jeux gagnés (44-40 pour Federer, 45-43 pour Del Potro et 44-43 pour Murray). Un petit jeu aura donc décidé du sort cruel de l’Ecossais. Vous avez dit ubuesque ?

33. Roger Federer - Andy Roddick

Edition : 2006
Phase de poules
Vainqueur : Roger Federer (Suisse)
Adversaire : Andy Roddick (Etats-Unis)
Score : 4-6, 7-6(8), 6-4
Il y aurait de quoi écrire un livre (ou un Grand Récit, à tout le moins !) sur les malheurs d'Andy Roddick contre Roger Federer. En 24 rencontres, l'Américain a buté à 21 reprises sur son rival suisse, dont on peut raisonnablement penser qu'il l'a privé d'une place de choix dans l'histoire de son sport. Quand les deux hommes s'affrontent en phase de poules au Masters fin 2006, Federer mène 12-1 dans leurs confrontations et reste sur sept succès de rang depuis trois ans et demi.
Mais cette fois, c'est peut-être l'heure de Roddick. A l'US Open, trois mois plus tôt, il s'est incliné en finale mais a réussi à chaparder un set. A Shanghai, c'est d'ailleurs lui qui mène la danse en remportant la première manche. Il sert bien, rentre dans le court, monte à bon escient au filet et bouscule enfin Federer. Il a du cran, aussi, comme sur ces trois balles de deuxième set sauvées à 5-4 en faveur du Bâlois.
Cette manche s'achève au jeu décisif. C'est la chance de Roddick. Il mène 4-1 et semble tenir le bon bout avec un double mini-break en sa faveur. Même Federer n'est pas loin de se croire condamné à cet instant : "Au début du tie-break, lorsque j'étais mené 4-1, avec Roddick au service, j'ai pensé que ce n'était probablement pas mon jour. Je me suis dit que je pourrais peut-être le rendre nerveux juste en restant dans le match, donc soit il s'énervait, soit je revenais dans le jeu, mais c'est passé tout près, c'est sûr".
Tout près, oui. A 6-4, puis à 8-7, Roddick obtient au total trois balles de match sans pouvoir conclure. Federer s'en sort sur un fil (10-8) et le scénario prévisible s'écrit dès lors jusqu'au bout. Le numéro un mondial parvient à breaker et termine par trois aces au moment de servir pour le match. "Oui ça fait mal, mais ça me montre aussi que je ne suis plus très loin. La prochaine fois, même s'il est très fort, j'entrerai sur le court en croyant en mes chances." La prochaine fois, ce sera en demi-finale de l'Open d'Australie 2007. Roddick y croira très fort. Mais il prendra la raclée de sa vie (6-4, 6-0, 6-2 en 1h23) avant de livrer, dépité, une conférence de presse devenue mythique.
Federer, lui, poursuivait avec cette victoire miraculeuse au Masters une épatante série : il n'avait toujours pas perdu un match de poule dans le tournoi des maîtres en 14 rencontres. Il poussera le record jusqu'à 16, avant de tomber contre Fernando Gonzalez un an plus tard dans un autre match épique, au scénario presque inverse de celui contre Roddick (3-6, 7-6, 7-5).

32. Brad Gilbert - John McEnroe

Edition : 1985 (disputé en janvier 1986)
Huitième de finale
Vainqueur : Brad Gilbert (Etats-Unis)
Adversaire : John McEnroe (Etats-Unis)
Score : 5-7, 6-4, 6-1
La fin des haricots pour John McEnroe. Au bout du rouleau psychologiquement, déchu depuis quatre mois de la place de numéro un mondial par Ivan Lendl, le génial gaucher n'est plus que l'ombre de lui-même. En huitièmes de finale, il s'incline d'entrée contre Brad Gilbert après une bouillie de match. Big Mac termine avec 45 fautes directes. Son "record". Jamais il n'avait autant vendangé depuis le début de sa carrière.
A la défaite s'ajoute la douleur, née du désamour du public du Madison Square Garden, qui n'a cessé de le huer et de soutenir Gilbert. McEnroe, qui a grandi à New York, souffre de l'animosité de la foule. Ce n'est pas la première fois, mais jamais elle n'avait été aussi prononcée que lors de ce match. "J'aurais aimé que ce soit différent, dit-il à sa sortie du court. Chaque fois que je reviens ici, j'espère que ce sera différent. Mais ça ne l'est jamais. Ça fait mal. Si j'ai des fans à New York, ils ne sont visiblement pas venus ce soir."
McEnroe déteste Gilbert, qui le lui rend bien. Quelques mois plus tôt, à Los Angeles, les deux hommes se sont déjà chauffés. Ils remettent ça au Garden. Ça parle, beaucoup. Et pas des mots doux. Invité à révéler la nature de leurs échanges après sa victoire, Gilbert décline : "Je ne peux pas, vous ne pourriez pas l'imprimer dans vos journaux, ça choquerait vos lecteurs." Il consent à une unique confidence : "Il m'a dit que je ne serais jamais dans la même catégorie que lui. Il m'avait déjà dit ça à Los Angeles. Je ne sais pas pourquoi, mais je fais toujours ressortir le pire de lui..."
McEnroe s'embrouille avec Gilbert, le public, les juges de ligne, l'arbitre (il reçoit plusieurs avertissements dont un pour "un geste obscène") mais surtout avec lui-même. "J'ai vraiment honte de la manière dont j'ai joué, avoue-t-il. Je ne bouge pas bien, je fais trop de fautes. En gros, je suis hors de forme. Si ça continue, je vais arrêter de jouer des tournois, ça n'a aucun intérêt." Il va tenir parole. L'Américain va s'arrêter pendant huit mois. On ne le reverra qu'en août. Mais on ne reverra plus jamais le vrai McEnroe.

31. Pete Sampras - Andre Agassi

Edition : 1994
Demi-finale
Vainqueur : Pete Sampras (Etats-Unis)
Adversaire : Andre Agassi (Etats-Unis)
Score : 4-6, 7-6(5), 6-3
Une opposition de styles explosive, une rivalité légendaire. Il était inconcevable de ne pas évoquer au moins un duel entre Pete Sampras et Andre Agassi dans ce Top 50 du Masters. Les deux Américains y ont croisé le fer à six reprises pour le bilan suivant : 4 victoires à 2 pour "Pistol Pete". Comme de manière générale dans leurs duels (20-14), la balance a donc penché dans ce rendez-vous d’élite en faveur du Californien.
Leur seule finale commune dans le tournoi des Maîtres ayant été à sens unique en 1999, il nous a semblé plus judicieux de revenir sur leur demi-finale en 1994 qui préfigure l’apogée de leur rivalité la saison suivante. Depuis quelques mois, Agassi est ainsi de retour aux affaires après une période de flottement. Dans la foulée d’un sacre à l’US Open, son deuxième alors en Grand Chelem, il se lance dans un sprint final ébouriffant qui le voit s’imposer à Vienne et surtout à Bercy où il domine au passage Sampras en quart de finale (7-6, 7-5), mettant fin à une série de 3 défaites contre lui.
Ce triomphe parisien propulse le "Kid de Las Vegas" à la deuxième place mondiale, ce qui donne à cette demie des allures de finale avant la lettre. Sur sa lancée, le nouveau dauphin prend le meilleur départ, mais la lutte est acharnée et le niveau hallucinant : un bonbon à savourer sans modération. Aces, retours gagnants, échanges à grande vitesse du fond, tout y passe. L’apogée est atteinte en fin de deuxième set, quand après avoir été mené 6-5, 15/40 sur son service, Agassi hausse encore le ton pour obliger Sampras à disputer un tie-break.
Jamais meilleur que quand il était poussé à l’excellence par le plus grand relanceur du circuit à l’époque, le numéro 1 mondial relève le défi. Si un point devait résumer la partie, ce serait cette passe d’armes ahurissante au filet qui lui offre trois balles d’égalisation à une manche partout dans le jeu décisif : passing dans les pieds, demi-volée amortie, remise croisée courte et revers joué derrière lui par le Californien pour conclure. What else ? Breaké d’entrée de troisième set et frustré, Agassi ne s’en relèvera pas. "Pistol Pete", lui, ira chercher la deuxième de ses 5 couronnes dans l’épreuve contre Boris Becker.
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