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Coronavirus - Jo-Wilfried Tsonga : "Aider les autres, c'est un juste retour des choses"

Rémi Bourrières

Mis à jour 20/04/2020 à 11:35 GMT+2

L'ancien n°1 français s'est beaucoup investi dans le projet de tournée estivale dans le Sud de la France, projet qui a reçu ce week-end le soutien de la FFT. Joint au téléphone depuis sa résidence suisse où il s'astreint à un confinement strict, il nous a parlé de la genèse de cette action solidaire qui a pour but de remettre en selle l'ensemble de l'écosystème du tennis français.

Jo-Wilfried Tsonga (France)

Crédit: Getty Images

L'un des points positifs de la période actuelle est qu'un véritable élan solidaire se crée dans le tennis. Vous participez vous-même à des actions, principalement ce projet de tournée estivale dans le Sud (voir ci-dessous) aux côtés de votre entraîneur Thierry Ascione, et de nombreux autres joueurs. Où en est-on ?
Jo-Wilfried TSONGA : Le projet avance, même s'il reste évidemment hypothétique, selon l'évolution de la crise sanitaire. Cela faisait un moment que nous réfléchissions à ce que nous pouvions faire pour aider les joueurs qui sont dans la difficulté. On en a beaucoup au sein de la All In Academy, et cela me touche d'autant plus près que je suis désormais associé à 50% à l'académie. Personnellement, bien sûr, le confinement ne va pas me mettre dans le rouge financièrement.
Mais il faut avoir conscience à quel point pour certains, notamment les plus jeunes, c'est très difficile. C'est comme cela qu'a émergé l'idée d'une compétition qui permettrait d'aider ces joueurs là et, plus globalement, tout l'écosystème du tennis, les arbitres, les journalistes, les dirigeants, les coaches, etc. Et puis, là-dessus, la FFT a annoncé un plan de soutien, à hauteur de 35 millions d'euros. Nous l'avons sollicitée pour que la tournée estivale intègre ce plan de relance. C'est super que tout le tennis français travaille ensemble, plutôt que chacun fasse son truc dans son coin même si c'est déjà très bien. C'est le moment ou jamais de se serrer les coudes.
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Quel serait l'apport solidaire des joueurs dans ce projet ?
J-W. T. : Une partie du prize-money que l'on pourra constituer irait dans ce fonds de solidarité. Il est encore à définir. Nous avons la volonté de bien faire les choses, en essayant d'attirer pas mal de sponsors et, idéalement, de proposer des droits télés. Beaucoup de joueurs ont déjà donné un accord de principe, comme Richard Gasquet, Gilles Simon, Benoît Paire, Lucas Pouille, Nicolas Mahut, Pierre-Hugues Herbert ou Grégoire Barrère. Certaines des meilleures joueuses françaises ont également montré leur intérêt.
Ce projet, ce pourrait être une belle façon pour nous, joueurs et joueuses, d'aider l'ensemble cet écosystème, et aussi un beau moyen de lier l'utile à l'agréable. Car ne le cachons pas, nous avons aussi tous besoin et envie de jouer. Personnellement, je suis un joueur qui a besoin d'avoir du rythme pour être performant. Alors si on veut être prêt quand le Tour repartira, cela pourrait être une excellente chose. Mais, une fois de plus, c'est encore hypothétique. Le projet ne verra le jour que dans l'éventualité où le circuit est encore repoussé (Ndlr : il l'est jusqu'au 13 juillet, pour l'instant) et si le gouvernement autorise à organiser ce genre de tournoi qui rassemblera un peu de public, quand même.
Le fait que vous vous investissiez autant dans ce genre de projet, c'est votre côté leader du tennis français qui ressort ? Vous vous sentez investi d'une mission ?
J-W. T. : Je ne suis pas le seul à m'investir, d'autres initiatives sont faites par ailleurs. Le tennis est un sport certes très individualiste, mais qui sait être solidaire quand il s'agit d'aider l'autre. En France, par exemple, il existe un club de Coupe Davis et quand l'un des membres du club est dans la difficulté, tout le monde se mobilise pour l'aider. C'est arrivé à plusieurs reprises. Au-delà du tennis, ce sont les valeurs du sport que l'on essaie de véhiculer.
Moi, j'ai grandi avec ces valeurs-là, j'ai fait du tennis parce que j'aimais le sport, avant tout. Je suis ravi de la carrière que j'ai faite, j'ai eu la chance de vivre des choses extraordinaires, mais j'ai surtout vécu des moments humains extraordinaires, et c'est cela que je retiens. Alors pour moi, le fait de pouvoir aider ceux qui en ont besoin, c'est un juste retour des choses parce qu'à un moment donné, j'ai été à leur place et l'on m'a aidé. Je suis ravi de le faire à mon tour, et je m'y retrouve largement : à chaque fois que l'on fait une bonne action, vous avez remarqué que l'on se sent toujours bien ? C'est comme cela que j'ai envie de me sentir.
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Oui, mais tout le monde n'est pas en position de le faire…
J-W. T. : Quand je parle de bonnes actions, je ne parle pas forcément de donner des millions. Même si, attention, c'est super de le faire ! Mais je suis sûr que certains donnent des millions pour des gens à des milliers de kilomètres d'eux sans forcément s'apercevoir que d'autres personnes toutes proches sont aussi dans la souffrance. C'est vrai que tout le monde ne peut pas le faire. Mais peu importe. La bonne action, c'est d'abord une bonne action de proximité. Aider la petite dame à faire ses courses, le petit vieux à traverser la rue, etc. Il ne faut surtout pas oublier de tendre la main autour de soi et surtout conserver ce contact humain qui est primordial. Et ça, tout le monde peut le faire. Tout le monde peut être un champion, à son échelle.
Toujours au chapitre de la solidarité, vous avez mis aux enchères le maillot de votre victoire à Toronto en 2014… Il est parti ?
J-W. T. : Oui, il a été vendu 5 300 € et l'ensemble de la somme a été reversé à la Fondation des Hôpitaux de Paris. Ce maillot, beaucoup de monde me l'a demandé, j'en ai donné pas mal pour différentes associations et aujourd'hui, il ne m'en reste plus qu'un. Autant vous dire que celui-là, il est invendable ! J'y tiens énormément. Toronto 2014, c'est un grand souvenir. Dans ce tournoi-là, j'ai quand même battu Djokovic, Murray, Dimitrov et Federer à la suite. Il n'y a pas beaucoup de joueurs qui l'ont fait. Alors mon dernier maillot, je vais le garder !
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La tournée d'été, ce sera(it) quoi ?

Évidemment sujette à l'évolution de la situation sanitaire, la tournée estivale de tournois récemment initiée par Thierry Ascione, et désormais soutenue par la FFT, se déroulerait sur quatre semaines de compétition, sur quatre sites de la Côte d'Azur encore à déterminer. Les trois premières semaines seront vraisemblablement disputées par poules et la quatrième semaine, par élimination directe, fera office de Masters. Le tout décliné en simple et double messieurs, simple et double dames et même double mixte, avec une petite pensée pour les Jeux Olympiques.
Les participants seront essentiellement Français mais pas seulement : un système de wild-card est à l'étude pour permettre de faire venir des joueurs étrangers qui s'entraînent à proximité. Ils sont nombreux, et pas des moindres, du côté de Monte Carlo. Enfin, quid des dates ? C'est bien là le plus hypothétique. Entre mi-juillet et fin août, en fonction de la date prévisionnelle de reprise du circuit. Si celui-ci reprend le 13 juillet comme c'est encore officiellement prévu, la tournée n'aura évidemment pas lieu. Mais plus personne n'y croit…
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