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Coupe Davis - Federer : "Mardi, je pensais n'avoir aucune chance de jouer trois jours de suite…"

Laurent Vergne

Mis à jour 23/11/2014 à 20:39 GMT+1

Roger Federer tient enfin sa Coupe Davis. Un match vite expédié dimanche face à Richard Gasquet a parachevé une semaine éreintante, où le Suisse est passé par tous les sentiments, de sa blessure au dos à sa montée en puissance, tennistique et émotionnelle, ce week-end.

Roger Federer, avec son capitaine Severin Luthi, est ému aux larmes

Crédit: AFP

Il est tombé à genoux après la balle de match. Attitude caractéristique, chez lui, à chaque grand moment de sa carrière. La brique pilée de passage au stade Pierre-Mauroy n'a certes pas l'aura de l'herbe fraiche du Centre Court de Wimbledon, mais elle aura été le théâtre dimanche d'un moment inoubliable de la carrière de Roger Federer. Enfin, à 33 ans, le Suisse a rejoint le cercle des vainqueurs de la Coupe Davis. L'histoire retiendra à peine ce dernier match, si facile, face à un Richard Gasquet dépassé par la maestria de son adversaire. Mais l'impact de ce 996e succès dans sa carrière n'est pas près, lui, de s'effacer.
Alors, comment réagit-on, que ressent-on quand, comme lui, on avait tout gagné ou presque, et qu'on s'enlève du pied la dernière épine susceptible de le chicaner sur son palmarès ? "Chaque chose est différente mais au bout du compte, c'est un match de tennis", a avancé Federer avec une certaine pudeur, comme pour ne pas trop dévoiler le fond de sa pensée. "On ressent beaucoup d'émotions, a-t-il poursuivi. Je suis heureux et soulagé. On voulait vraiment cette victoire. Je la voulais tellement, depuis longtemps."
On s'est beaucoup amusé ensemble, tout a bien marché
La joie, c'est celle d'un accomplissement majeur car la Coupe Davis demeure une machine à provoquer des sensations uniques. C'est le grand huit du tennis. Le soulagement, c'est celui d'une semaine complexe, débutée dans l'incertitude et achevée dans l'allégresse. Sept jours se sont écoulés, de son forfait à Londres en finale du Masters à sa victoire décisive sur Gasquet. D'un dimanche à l'autre, Federer a souffert, douté, pris une dérouillée, remonté la pente et, finalement, récité une partition presque parfaite pour parachever son week-end, sa semaine, sa finale et son année. "Il fallait que mon corps prenne le temps de guérir, raconte-t-il. Il fallait donner le temps à mon corps de se rétablir. Mais lundi, même mardi, je pensais n'avoir aucune chance de jouer trois jours de suite, c'est clair."
Le champion suisse souligne aussi à quel point l'ensemble de l'équipe a joué un rôle important dans cette phase compliquée à gérer. Du staff, de son capitaine Séverin Lüthi, de ses coéquipiers, il dit qu'ils l'ont "maintenu en vie." Loin de l'image des tensions londoniennes, Federer raconte une équipe épanouie, heureuse d'être ensemble. "En fait, la semaine a été longue, mais cela a été une des meilleures que nous avons passée ensemble en tant qu'équipe. On s'est beaucoup amusé ensemble, tout a bien marché. Les membres de l'équipe sont dans cette équipe depuis 10 ans ou plus pour certains. On s'entend très bien."
La Coupe Davis ? C'est "à part"
Paradoxalement, c'est ensuite à travers son match contre Monfils qu'il a vraiment repris espoir. Malgré la très sèche défaite, le fait d'avoir passé près de deux heures sur le court sans ressentir la moindre gêne a tout changé. Dans le troisième set, Federer a enfin oublié son dos. Il savait, dès lors, que le temps jouerait pour lui. "Après vendredi, reprend le Bâlois, j'ai pensé qu'il y avait peut-être une chance. J'ai retrouvé de la confiance." Cela s'est vu samedi et plus encore dimanche. L'expérience a joué, aussi, dans la gestion de cette "crise". "J'ai déjà connu des telles situations auparavant, a-t-il rappelé. J'ai déjà joué dans des conditions difficiles en 2003 ou 2012 à Wimbledon. Il m'est arrivé de me demander en début de tournoi si je pourrais terminer un match et j'ai fini par gagner le tournoi. Les choses paraissaient compromises aussi pour cette rencontre. Je suis content d'avoir pu jouer."
Il lui aura donc fallu attendre d'avoir 33 ans, et 11 ans et demi après son premier titre en Grand Chelem pour réussir à apposer son nom sur le gros Saladier d'argent. Chaque moment possède sa saveur, même si rien n'est comparable. "Tu ne peux pas comparer, explique l'homme aux 17 titres du Grand Chelem. Quand j'ai gagné Wimbledon en 2003, c'était le choc complet. La Coupe Davis, je savais que c'était possible à un moment dans ma carrière." Alors, ce n'est ni mieux ni moins bien. Federer finira par mettre un mot sur son sentiment. "C'est à part". La Coupe Davis, quoi. "La pression est différente, l'atmosphère est différente. Tu n'es pas seul sur le terrain. Ça change la donne. Mais oui, ça restera une des émotions les plus fortes de ma carrière." Il aurait été dommage pour Roger Federer de ne pas gagner la Coupe Davis. Il aurait été, dommage, aussi, pour la Coupe Davis, de se refuser plus longtemps à Roger Federer.
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Heureux, Roger Federer s'effondre sur le court de Lille après sa victoire décisive face à Gasquet

Crédit: AFP

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