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Entre euphorie et régression, le tennis français nage en plein paradoxe

Sébastien Petit

Mis à jour 15/09/2017 à 11:58 GMT+2

COUPE DAVIS - Et si cette année, c'était vraiment la bonne ? En quête de son 10e Saladier d'argent, la France a de bonnes chances de se qualifier pour la finale avant de viser un succès après lequel elle court depuis 16 ans. Pourtant, entre des joueurs en manque d'inspiration et un contexte qui pourrait les hanter, les Tricolores se veulent prudent...

Pouille, Tsonga, Noah - France - Coupe Davis 2017

Crédit: Getty Images

"C'est l'année ou jamais." Combien de fois a-t-on entendu cette affirmation ces dernières années en parlant de la France et la Coupe Davis ? Trop de fois sans doute. Depuis sa dernière victoire en 2001, remportée en Australie, les Bleus courent toujours derrière ce 10e Saladier d'Argent au point que cela en devient entêtant. A force d'échecs répétés, cette compétition est devenue pour la Fédération un objectif aussi primordial que de remporter un tournoi du Grand Chelem.
Pourtant, sur ce chemin tortueux, la France s'est souvent perdue. Elle a aussi touché ce rêve du bout des doigts, mais au final, elle n'a récolté que de la frustration. Imaginez un peu que les Tricolores le fassent cette année... C'est toujours possible et pourtant ce serait un sacré paradoxe vu l'état du tennis français cette saison.
Il n'y a qu'à regarder en Grand Chelem. Un seul joueur a disputé un quart de finale majeur en 2017 : Jo-Wilfried Tsonga à l'Open d'Australie, en janvier. Depuis, plus rien. C'est le pire bilan depuis 2007 des Tricolores qui sont tous passés par la case Top 10 dans leur carrière, de Tsonga à Gasquet en passant par Monfils et Simon.
De cette génération-là, seul le Manceau tient toujours la corde... même s'il a émis des réserves quant à sa participation cette année avant de se raviser. Le seul à pouvoir suivre serait Lucas Pouille, celui qui est un joueur récurrent en Coupe Davis depuis les quarts de finale 2016. Mais après deux quarts de finale en Grand Chelem l'an passé, le Nordiste n'a pas réussi à confirmer en 2017, la faute à un physique et un mental encore chancelants. Résultat, au niveau classement, aucun joueur français ne sera classé dans le Top 15 mondial. Une première là aussi depuis dix ans. Et pourtant, cette année, remporter la Coupe Davis semble à leur portée.

La France face à un double traumatisme

Au vu des adversaires qui sont en demi-finales, la France a autant de chance de remporter la compétition que les équipes qui restent en lice. Pas plus, pas moins. Aucun pays ne sort véritablement du lot, faute d'avoir un joueur du Top 10 dans ses rangs jusqu'ici. Cela dit, la Belgique de David Goffin (12e mondial) et l'Australie de Nick Kyrgios (20e), les deux adversaires potentiels en finale fin novembre, se disent exactement la même chose. Mais depuis beaucoup moins longtemps que les Bleus. Tous pensent que l'occasion est trop belle pour ne pas tenter un coup de force. Et ils auraient bien tort de s'en priver.
La Serbie se dit-elle ça aussi ? Moins sûr, évidemment, depuis que Novak Djokovic a mis un terme à sa saison. Une aubaine pour des Bleus qui gardent un (très) mauvais souvenir de leur dernier match contre la bande à Nole. En 2010, les Bleus s'étaient inclinés à Belgrade lors du cinquième et dernier match d'une finale tendue jusqu'au bout.
Certains diront que, cette saison, les Tricolores sont bien vernis : le 1er tour face au Japon a été gagné en l'absence de son leader Kei Nishikori et le quart de finale face à la Grande-Bretagne sans son numéro un Andy Murray. Des coups de chance qui ne sont pas les premiers, mais qui n’ont jamais porté leurs fruits pour autant.
D'autant plus que les Bleus reviennent également à l'endroit d'un autre traumatisme : la terre battue du Stade Pierre-Mauroy de Villeneuve d'Ascq. C'est là que la France a perdu sa dernière finale, en 2014, contre la Suisse de Roger Federer et Stan Wawrinka, dans un climat aussi pesant que frustrant. Notamment pour Tsonga, qui avait joué blessé.
"On est là pour effacer tout ça", assure "avec une envie débordante" le jeune père de famille. "On est suffisamment lucides pour savoir que le match va être difficile", tempère Yannick Noah. Même si les joueurs ne sont pas des têtes d'affiche, ils n'ont rien à perdre donc ils peuvent être très dangereux. On ne vient pas faire une exhibition ce week-end."
Sans se voiler la face pour autant, l'équipe de Yannick Noah sait parfaitement qu'elle tient une énorme occasion de rejouer une finale pour parvenir à ses fins. Ce week-end, Tsonga et compagnie n'auront pas le droit à l'erreur face à Dusan Lajovic (80e mondial), Laslo Djere (95e) et la paire Zimonjic-Krajinovic, sous peine de faire exploser en vol un groupe stabilisé autour des duos Tsonga-Pouille en simple et Herbert-Mahut en double. Un équilibre qui reste encore fragile à l'heure d'entamer la dernière ligne. Imaginez un peu que la route de ce groupe mène la troupe en Australie, comme il y a 16 ans, pour boucler la boucle ? Ils pourraient bien se dire que c'est vraiment "l'année ou jamais".
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