La Coupe Davis aurait tellement eu besoin d'un Sinner-Alcaraz…
Mis à jour 24/11/2025 à 12:59 GMT+1
La Coupe Davis édition 2025 s'est achevée à Bologne par une finale entre l'Italie et l'Espagne. Un choc qui aurait pu être royal… si Jannik Sinner et Carlos Alcaraz, les deux meilleurs joueurs du monde, avaient été présents. Cette double absence a aiguisé les regrets et confirmé que la vénérable épreuve par équipes cherchait toujours la bonne formule, sept ans après avoir fait sa révolution.
Jannik Sinner et Carlos Alcaraz.
Crédit: Getty Images
Lorsque les huiles prétendument essentielles du tennis mondial ont enterré la vénérable Coupe Davis, expédiée à trépas sans le moindre ménagement, le principal argument avancé tenait à l'absence récurrente des meilleurs joueurs du monde. Les stars ne venaient plus. Avec cette nouvelle mouture, on allait voir ce qu'on allait voir. Ça, pour voir, on voit. La phase finale à huit, à Bologne, s'est tenue cette semaine avec un seul membre du Top 15, Alexander Zverev. Soyons honnêtes, beaucoup de ténors du circuit n'étaient pas concernés, leur pays n'étant pas qualifié. Mais Carlos Alcaraz et Jannik Sinner l'étaient, eux et ça, cela n'est pas passé inaperçu.
Dimanche, la finale a opposé l'Italie à l'Espagne, Saladier d'argent en jeu. Le tout dernier simple de l'année 2025 aurait donc pu opposer les deux monstres actuels du circuit, pour offrir un bouquet final somptueux et redorer le blason de la Coupe Davis. Au lieu de quoi ce sont Flavio Cobolli et Jaume Munar qui s'y sont collés, et sans leur manquer de respect, ce n'est pas tout à fait la même chose. Conséquence, cette cuvée 2025 s'est achevée dans une certaine indifférence. Un peu comme toutes ses devancières depuis la réforme mise en place en 2019.
On sent traîner une fausse impression
David Haggerty, le patron de l'ITF, la fédération internationale qui est aux manettes de la "Davis", a éprouvé le besoin de monter au créneau dimanche. Les procureurs d'hier pour critiquer la formule "classique" ont mué en avocat de leur propre cause... "On sent traîner une fausse impression que les meilleurs joueurs ne sont pas enclins à représenter leur pays en Coupe Davis, a-t-il regretté lors d'une conférence de presse visant à dresser le bilan de cette édition. Ce n'est pas vrai. Certains des meilleurs joueurs ont participé au premier ou au second tour des qualifications sans parvenir à se qualifier pour la phase finale".
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David Haggerty, président de l'ITF.
Crédit: Getty Images
Alors, info ou intox ? L'Américain nous sort-il son plus beau pipeau pour nous endormir ou dit-il vrai ? Pour résumer, il n'a pas tort, mais cela ne change pas grand-chose au problème. C'est vrai, l'Américain Taylor Fritz, l'Australien Alex De Minaur, le Danois Holger Rune ou encore le Norvégien Casper Ruud, ont effectivement tous porté les couleurs nationales cette année, sans parvenir à qualifier leur sélection jusqu'au "Final 8" de Bologne. Le plateau global aurait donc pu être un peu plus clinquant avec un peu plus de chance.
"L'absence de certains des meilleurs joueurs est une difficulté que tous les tournois rencontrent tant le calendrier est congestionné, a par ailleurs renchéri Feliciano Lopez, directeur de la phase finale à Bologne, comme pour minimiser lui aussi la nature du problème. Même les Masters 1000 souffrent de ce problème. Ce n'est pas quelque chose qui est spécifiquement lié à cette compétition, à la Coupe Davis".
Il n'en reste pas moins que la Coupe Davis aurait eu un immense besoin d'un duel évènementiel pour se replacer, sinon au centre, au moins sur le devant de la scène tennistique. Jadis, la finale de Coupe Davis constituait un rendez-vous majeur. Désormais, même à huit, elle peine à transcender au-delà des frontières de la ville où elle se tient. Un Alcaraz-Sinner final ce 23 novembre aurait, à ce titre, constitué l'argument parfait. La Coupe Davis avait besoin de ce match, mais le renoncement annoncé le mois dernier de Sinner et le forfait d'Alcaraz à l'issue des ATP Finals ont mis à la poubelle cet espoir. Le fait que l'Espagne et l'Italie s'affrontent effectivement en finale a encore ravivé et renforcé les regrets.
Passage tous les deux ans ?
Cette année, l'épreuve par équipes a ajouté un tour en mode 'domicile-extérieur", celui dont tout le monde s'accorde à dire qu'il est et aurait dû rester l'ADN de la compétition. Mais le format de la finale à huit, à Bologne aujourd'hui comme à Malaga hier, peine toujours autant à convaincre. Même l'unique membre du Top 15 présent a craché dessus. "La vraie Coupe Davis, c'est une question d'atmosphère. Je dis toujours ce que je pense. Je me suis déjà exprimé ces dernières années là-dessus. Cette Coupe Davis, ce n'est pas la vraie Coupe Davis", a déploré Alexander Zverev.
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"Alcaraz a plus d'armes, mais le vrai n°1 mondial, c'est Sinner"
Video credit: Eurosport
La Coupe Davis redeviendra la Coupe Davis quand elle aura retrouvé son caractère incontournable, ce qui n'est clairement pas le cas aujourd'hui. Quoi qu'en dise David Haggerty. Dans un entretien au Corriere della Serra, Fabio Fognini, jeune retraité invité ce dimanche à Bologne par la fédération italienne pour la finale, a bien résumé la situation : "Ils ont changé la Coupe Davis pour le pire, pas pour le meilleur. Les forfaits de Sinner et Alcaraz lui ont fait perdre son lustre, clairement. Il n'y avait personne, à part Zverev. Ce n'est pas bon pour la Coupe Davis. Il faut repenser tout ça. En l'état, la Coupe Davis ne sera jamais la priorité et Jannik ou de Carlos."
Certains avancent de plus en plus la possibilité d'une édition tous les deux ans. "Je ne sais vraiment pas quoi en penser", avoue Fognini. "Tout ce que je sais, c'est que cette épreuve a besoin d'être un truc spécial, avait esquissé Félix Auger-Aliassime, nettement plus convaincu, la semaine dernière à Turin. Il faut que ce soit rare. Les Jeux Olympiques, la Coupe du monde de football, c'est tous les quatre ans. Si vous faites ça tous les ans, ce n'est plus quelque chose de spécial." Quasiment sept ans après sa grande révolution, la Vielle Dame du tennis mondial est encore en quête d'un équilibre. Et d'un avenir.
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L'ATP se dirige-t-elle vers un circuit fermé ? "C'est le sens de l’histoire"
Video credit: Eurosport
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