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De retour dans un mois à Brisbane, Rafael Nadal peut-il encore retrouver son meilleur niveau ?

Maxime Battistella

Mis à jour 04/12/2023 à 21:15 GMT+1

La date de son grand retour sur le circuit désormais connue, les observateurs et passionnés de tennis n'ont désormais qu'une hâte : voir à nouveau Rafael Nadal à l'œuvre du côté de Brisbane (31 décembre 2023-7 janvier 2024). L'Espagnol s'est cependant empressé de modérer les attentes y compris les siennes lundi. Alors que peut-on vraiment espérer de cet ultime comeback ?

Rafael Nadal

Crédit: AFP

"J'ai intériorisé ce que j'ai fait toute ma vie, c'est-à-dire exiger le maximum. Et ce que j'espère vraiment désormais, c'est être capable de ne pas exiger le maximum et d'accepter que les choses vont être très difficiles au début." A l'orée de ce qui devrait être le plus grand et dernier défi de son extraordinaire carrière, Rafael Nadal n'a caché ni à lui-même ni à ses (très nombreux) admirateurs pleins d'espoir l'ampleur de la tâche qui l'attend, lundi dans un message vidéo. Sa grande rentrée à Brisbane dans un mois (à suivre sur Eurosport du 31 décembre 2023 au 7 janvier 2024) pourrait bien être pénible.
En d'autres termes, pour espérer être à nouveau digne des surnoms qui ont forgé sa légende – le "Taureau de Manacor" ou encore l'ogre de l'ocre –, il devra vraisemblablement renier sa nature profonde qui est de faire tout à fond, du moins dans un premier temps. Le Majorquin en est-il capable ? Du haut de ses 37 ans bien révolus, il ne manque en tout cas pas d'expérience dans l'exercice périlleux du come-back et c'est un atout non négligeable.

Deux précédents encourageants dont un récent

Depuis 2003 et ses débuts en Grand Chelem à Wimbledon, Nadal a déclaré forfait à 14 reprises en Majeur, sans compter les abandons ou retraits en cours de tournois. C'est dire si les blessures et leur gestion ont toujours fait partie de l'équation de sa carrière. Mais ces pépins n'ont pas systématiquement occasionné de longues périodes d'arrêt. En termes de durées remarquables d'indisponibilité, deux précédents se détachent : 223 jours (soit 7 mois et demi) entre Wimbledon 2012 et Vina del Mar 2013 et 154 jours (soit cinq mois) entre Washington 2021 et Melbourne 2022. Et un constat s'impose dans les deux cas : les retours de flamme avaient été exceptionnels.
  • En 2013, Nadal avait gagné son 2e tournoi de reprise, décrochant en tout 10 titres dont 2 en Grand Chelem (Roland-Garros, US Open)
  • En 2022, il avait triomphé dès son tournoi de reprise, glanant 4 titres dont 2 en Grand Chelem (Open d'Australie, Roland-Garros)
Sa dernière renaissance miraculeuse ne datant finalement que de moins de deux ans, un certain optimisme ne semble pas déplacé à première vue quant à sa capacité à rejouer au plus haut niveau. Mais à y regarder de plus près, le tableau est moins idyllique. D'abord parce qu'à ce stade de sa carrière, les années qui passent comptent double. A 37 printemps bien révolus, le Majorquin n'a plus les mêmes ressources qu'à 35, les alertes physiques se multipliant depuis 2022 (côte, pied gauche, abdominaux et hanche).

Un classement handicapant et la nécessité d'enchaîner

Ensuite parce que cette fois, il n'a plus joué depuis près d'un an, avec une conséquence majeure : sa dégringolade au classement. Désormais 664e mondial, alors qu'il était 5e à Vina del Mar en 2013 et 6e à Melbourne en 2022, Nadal bénéficiera certes d'un classement protégé mais pas du statut de tête de série qui lui assurait des matches plus abordables lors de ses retours précédents. Or, pour retrouver un niveau de jeu intéressant, si ce n'est son meilleur, il devra enchaîner les matches.
Et c'est peut-être pour cela d'ailleurs que Nadal a choisi de reprendre si tôt, au risque de perdre rapidement lors de ses premières sorties. En se lançant dès le tout début de saison, il s'est donné de la marge d'ici le printemps sur terre battue qui devrait constituer son dernier gros objectif en carrière avec le rêve d'un 15e titre à Roland-Garros et les Jeux Olympiques de Paris sur sa surface fétiche. Car si le Majorquin peut accepter d'avoir des difficultés sur dur, il sera fatalement plus ambitieux dans son royaume.
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"Nadal, la fin du miracle ?"

C'est d'ailleurs dans ce sens que l'on peut interpréter la fin de son message vidéo lundi. "Dans un avenir pas si lointain les choses peuvent changer si je garde l'envie, l'éthique de travail et si le physique répond, bien évidemment", a-t-il estimé. Nadal sait ainsi que si son corps le laisse un minimum tranquille, il pourra repousser peu à peu ses limites, redevenir exigeant et jouer avec l'intensité qui pourrait lui permettre de reprendre pleinement confiance. Et alors, un énième exploit ne serait peut-être pas si inenvisageable que cela, bien qu'improbable.
Il gagne la majorité de ses matches à Roland juste en entrant sur le court
L'ampleur de son hégémonie sur la terre battue parisienne – 14 titres, 112 victoires pour 3 défaites et une statue à son effigie – a si profondément marqué les esprits que, même si son aura est écornée par sa longue absence, Nadal pourrait bien s'en servir. Nick Kyrgios y croit en tout cas, comme il l'a expliqué en tant que consultant exceptionnel pour Tennis Channel lors du dernier Masters.
"Je pense que Nadal gagne la majorité de ses matches à Roland juste en entrant sur le court. Vous savez, je l'ai joué une année à Rome au meilleur des trois sets, et je ne pouvais pas marcher le jour suivant. Alors vous imaginez en cinq sets… Je pense que la plupart des joueurs ne veulent pas le voir à Roland-Garros", a-t-il considéré. Rappelons d'ailleurs que Roger Federer avait atteint les quarts de finale de son dernier Wimbledon en 2021 alors qu'il était loin d'être à 100 % physiquement, même si son tennis était sans doute moins exigeant de ce point de vue.
Et l'Austalien d'insister sur le plaisir simple de revoir le Majorquin à l'œuvre : "Je n'ai pas vraiment d'attentes en termes de résultats, je veux juste le voir rejouer. Il manque au monde du tennis. Nous avons eu de belles batailles sur les courts. Je veux juste qu'il joue le plus longtemps possible. C'est encore surréaliste pour moi que Federer ne soit plus là." Ces légendes ont tant banalisé les miracles ces dernières années, alors pourquoi ne pas en espérer un nouveau ? Le jeu en vaut la chandelle, peu importe si finalement cette ultime tentative se résume à une tournée d'adieux.
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