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Du Monfils tout craché, pour le meilleur et pour le pire

Laurent Vergne

Mis à jour 05/09/2019 à 09:19 GMT+2

US OPEN - Gaël Monfils a joué et perdu mercredi un match qui parait symboliser toute sa carrière. Tantôt enivrant, tantôt complètement absent, il a évolué trop par intermittence avant un dénouement épique dans un 5e set de feu. Mais au final, il quitte ce tournoi, battu par un Matteo Berrettini talentueux, valeureux, mais qui était tout sauf hors de sa portée. S'il n'avait pas refait du Monfils.

Gaël Monfils

Crédit: Getty Images

L'histoire du jour

Si, un jour, quelqu'un vous demande "c'était quel type de joueur Gaël Monfils ?", n'hésitez pas à lui parler de ce quart de finale contre Matteo Berrettini, tant il le résume. Ce match, ce fut un pur concentré de Monfils. Tennistiquement, émotionnellement, il a côtoyé le très bas et le très haut. Il a été dominateur, dominé, stressant, excitant, électrisant, à la fois consternant d'inconstance et magnifique de courage. Mais au final tellement frustrant. L'adjectif qui sied le mieux à cette soirée comme à sa carrière. Ainsi va Monfils, pour le meilleur et le pire.
S'il a été battu sur le fil, 7-6 au 5e set, dénouement toujours aussi cruel que formidable, c'est beaucoup plus tôt qu'il a laissé filer sa place en demi-finale. Car il a eu la main sur ce quart de finale. 6-3, 2-0, balle de double break. Puis ce jeu de service catastrophique dans la foulée pour relancer un Berrettini qui, jusqu'alors, avait la tête lestée de questions devant sa double première en quart de finale de Grand Chelem et sur le court Arthur-Ashe. Deux inconnues parfaitement connues de Monfils. Il aurait fallu appuyer là où ça faisait mal. Quand son adversaire a la tête sous l'eau, on ne l'aide pas à la sortir.
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Gaël Monfils à l'US Open

Crédit: Getty Images

Surtout, on ne peut pas jouer une moitié de quart de finale. Dans l'intensité, il a disparu du milieu du deuxième au début du quatrième set. Il l'a payé. S'il faut lui en vouloir pour quelque chose ce mercredi soir, ce n'est pas tant pour ses doubles fautes dans le dernier tie-break que pour cette trop longue absence. Parce qu'il est Monfils, il a fini par perdre au bout de la dramaturgie plutôt qu'en quatre sets anodins. Du coup, Flushing se souviendra de ce match globalement quelconque du point de vue qualitatif, mais dont la dernière demi-heure à elle seule justifie d'aimer le tennis. Là, les deux joueurs ont été tour à tour immenses de courage et de fébrilité dans un sommet de dramaturgie.
Capable de vous faire lever de votre siège mais aussi de vous donner l'envie de le secouer comme un prunier devant cette léthargie d'autant plus insupportable a posteriori quand on le voit modifier radicalement son langage corporel dans les deux dernières manches, le Français provoque des sentiments contradictoires. Comme peu d'autres joueurs sur le circuit. On comprend que New York l'aime tant. Générateur d'émotions et de spectacle, il est au fond une prévisible pochette surprise. On ne sait jamais sur quoi on va tomber d'un match à l'autre, d'un set à l'autre, parfois d'une minute à l'autre. Mais on pressent trop souvent comment cela va se terminer. Sa saison est tout à fait correcte. Son tournoi aussi. Mais il y a un mais. Il y a toujours un mais, avec lui.
Gaël a fait du Monfils mercredi. C'est au moins autant un constat amer qu'un compliment. Gaël restera sans doute toujours Monfils. Tant mieux et surtout tant pis. Il y a plus de quatre ans, pendant Roland-Garros 2015, j'avais titré à son propos : "Monfils, charmes et limites d'une bête de scène." Rien n'a changé. Le spectacle était alléchant. Il a eu lieu. Une fois encore, il est terminé. Il n'y aura pas de rappel.

The hit of the night

Diego Schwartzman a parfois mené la vie dure à Rafael Nadal. L'Argentin s'est battu comme un chien sur tous les points, à l'image de cette défense tout-terrain dans le deuxième set. Le public du court Arthur-Ashe a apprécié.
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L'incroyable défense de Schwartzman, l'homme qui ne lâchait jamais rien

J'ai aimé

L'état d'esprit de Diego Schwartzman. Ce n'est pas nouveau chez lui. Mais ce qu'il a fait contre Rafael Nadal est quand même épatant. Oui, il a pris trois sets. Oui, son jeu a des limites. Mais ce gars-là ne lâche jamais un point. Jamais. Même mené 4-0 dans le premier set puis 5-1 dans le deuxième, il est revenu à hauteur à chaque fois. Les pisse-froids diront "ça change quoi ? Il a perdu les deux sets de toute façon." Mais l'état d'esprit, ce n'est pas rien. Celui de l'Argentin est irréprochable.
Les deux quarts de finale dames du jour, et particulièrement celui de nuit, d'ailleurs, entre Bianca Andreescu et Elise Mertens. Un vrai bon match de tennis, beaucoup d'intensité et, décidément, la jeune Canadienne a réponse à tout cette année. Menée, frustrée, elle s'en est quand même titrée. Il fallait le faire, car Mertens ne lui a pas donné ce match. Elle est allée le chercher. Sa demie face à Belinda Bencic fait très envie.

Je n'ai pas aimé

Au risque d'insister, l'intermittence de Gaël Monfils. Et je l'aurais mis dans la même section s'il avait gagné ce match. On peut perdre un quart de finale de Grand Chelem, ce n'est pas un souci en soi. Mais on ne peut pas disparaitre de la sorte pendant deux sets entiers. Matteo Berrettini, lui, a joué cinq sets. Pas d'un niveau égal, mais il les a tous joués. Il a gagné, c'est presque heureux pour le tennis, même si c'est malheureux pour le tennis français.
Voir Rafael Nadal faire appel au kiné dans le troisième set face à Diego Schwartzman. Curieusement, il s'est fait manipuler le bras gauche puis... le bras droit lors d'un changement de côté ultérieur. Après l'épaule de Djokovic et le dos de Federer, le Big Three va-t-il être frappé jusqu'au bout par une malédiction new-yorkaise ? Peut-être s'agissait-il de crampes, car se faire masser les deux bras... A suivre, même s'il s'est voulu rassurant dans son interview sur le court, évoquant l'humidité (très forte ce mercredi il est vrai).

Juste pour savoir...

Monfils - Berrettini, encore : Pourquoi ai-je parfois eu l'impression que les deux joueurs disputaient leur premier quart de finale ? Dans un cas, c'était compréhensible puisque vrai. Dans l'autre...
Et si la Suisse gagnait quand même cet US Open ? Ce serait, en prime, une belle histoire pour Belinda Bencic.
A l'aube des demi-finales, qui, de Serena ou de Rafa, parait avoir le plus de marge sur cette inattendue concurrence ?

3 stats à retenir

Au cours des 40 dernières années, seulement deux joueuses ont réussi à se qualifier pour les demi-finales de l'US Open à l'occasion de leur toute première participation au Grand Chelem américain. Venus Williams en 1997 (finaliste) et... Bianca Andreescu cette année. De quoi mesurer à sa juste valeur la performance de la jeune Canadienne.
Gaël Monfils a perdu la main dans les tie-breaks décisifs, qu'ils soient au 3e ou au 5e set. Entre mars 2005 et août 2011, le Français avait joué 14 tie-breaks avec le match en jeu au bout, pour un taux de réussite élevé : 10 victoires, 4 défaites (soit 71% de succès). Depuis septembre 2011, il n'en a remporté que 5 sur 21 (soit 24% de victoires).
Pour la deuxième fois seulement dans sa carrière, Rafael Nadal s'est qualifié pour les demi-finales des quatre tournois du Grand Chelem cette saison. Cela ne lui était plus arrivé depuis... 2008. Joueur le plus jeune à y être parvenu (à 22 ans et 3 mois en 2008), il est désormais également le joueur le plus âgé depuis le début de l'ère Open à réaliser un "Grand Chelem du dernier carré " (à 33 ans et 3 mois).
Avec Jeu, Set et Maths
Twitter : @JeuSetMaths
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Rafael Nadal

Crédit: Getty Images

Le quiz du jour

La réponse au quiz d'hier était évidemment Jimmy Connors. Il a disputé son premier US Open en 1970, y a complété le Petit Chelem en 1974, a atteint les demi-finales à 39 ans, y a remporté 98 matches, le dernier contre Jaime Oncins en 1992.
Le quiz de ce jeudi : Citez, sans tricher, le score, la durée du match et le nom de la joueuse battue lors des 100 victoires de Serena Williams à l'US Open. Ou, sinon, complétez la liste suivante (je le répète, mais pour la dernière fois, tout ceci est toujours en rapport avec l'US Open) :
Mikhail Youzhny
Mardy Fish
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Fernando Verdasco
Andy Roddick
Tommy Robredo
Andrey Rublev
Dominic Thiem
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Le sondage (second degré) du jour

Qui soul_vera la coupe dimanche soir ?
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