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US Open - La finale Dominic Thiem - Alexander Zverev, improbable et inoubliable

Laurent Vergne

Mis à jour 14/09/2020 à 20:00 GMT+2

US OPEN – La finale entre Dominic Thiem et Alexander Zverev n'a souvent pas ressemblé à grand-chose. Elle n'a ressemblé à rien d'autre. Un match au scénario totalement décousu, mais dont la principale faiblesse, à savoir l'incohérence, a finir par devenir le charme principal. Peut-être pas un grand match de tennis, mais un moment de sport assez spécial, au bon sens du terme.

Dominic Thiem, vainqueur de son premier titre à l'US Open

Crédit: Getty Images

C'est quoi, un grand moment de tennis ? Nous qui avons, vous le savez, la manie du classement et du top 100, nous nous posons souvent la question. Je ne suis pas certain qu'il en existe une définition définitive. Un grand match de tennis, c'est d'abord celui qui vous parle. Un peu comme une chanson, un film, ou toute œuvre d'art, il évoque ou non quelque chose en vous. Bien sûr, le relativisme a ses limites et tout ne se vaut pas. Mais de la même manière que la beauté est subjective, le grand moment l'est aussi.
Comme beaucoup j'imagine, cette finale de l'US Open entre Dominic Thiem et Alexander Zverev m'a longtemps ennuyé, parfois consterné, toujours dérouté. Et finalement, sur le tard, elle a fini par m'emporter. Etait-ce un beau et grand match de tennis au sens où on l'entend le plus communément ? Clairement, non.
Le tie-break du 5e set, avec deux joueurs à l'agonie physiquement et pétrifiés autant par la trouille de gagner que celle de passer à côté de la chance de leur vie, a même viré au burlesque. Mais à défaut d'être un grand moment de tennis, ce fut un beau moment de sport. Parce que dans ces situations-là, la dramaturgie finit par éclipser les carences esthétiques.
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Oui, un tie-break à la Borg-McEnroe 80 ou les deux passings consécutifs du Fedal londonien de 2008 subliment encore une telle scène. Mais la force du dénouement entre Dominic Thiem et Alexander Zverev était de rendre palpable ce qui était en jeu pour les deux : le moment d'une vie, la consécration d'un rêve de gosse et l'ambition d'un champion. Les centaines d'heures de travail, les sacrifices, les doutes, les espoirs, tout tenait là, dans ces quelques minutes. Ils le sentaient, un peu trop même, et nous avec eux.
Dans quelques années, Thiem rigolera peut-être en revoyant les images de ces derniers jeux, de ces derniers points, où il ne pouvait plus taper un revers, cette arme si naturelle et fatale chez lui, dont il ne restait plus qu'un inoffensif slice. Zverev aura sans doute davantage de difficultés à se gondoler devant ses deuxièmes balles dignes d'une Sara Errani tellement il voulait les assurer. Il en a servi une à 112 km/h. 112... Tout ça ne ressemblait pas à grand-chose, mais ne manquait pas d'un certain intérêt.

A l'image de la quinzaine

Ce fut bizarre, étrange, invraisemblable, incohérent, compliqué à suivre, absurde et presque involontairement drôle par moments. On n'avait peut-être jamais vu une finale comme ça. Pas à ce point en tout cas. Mais à l'arrivée, c'est finalement ce qui lui confère son charme et la laissera à part.
Mieux, cette incohérente finale constitue le dénouement le plus cohérent possible d'une quinzaine qui, elle non plus, n'a ressemblé à rien de ce que nous avons pu connaitre par le passé. Comme l'a dit le lauréat dans son discours d'après-finale, espérons que, dans un an, tout redevienne normal. Si par chance tel est le cas, alors cette cuvée 2020 jouée sous cloche restera dans une autre bulle, historique celle-ci. Entre son absence de spectateurs, son numéro un mondial éjecté sur disqualification et cette finale si souvent en mode quatrième dimension, cette quinzaine aussi se marie convenablement avec les termes improbable et inoubliable.
Un tournoi se définit aussi par ses champions. Naomi Osaka et Dominic Thiem donnent tout de même une envergure respectable au palmarès 2020 de l'US Open. Certains voulaient mettre un astérisque à côté du nom des vainqueurs. S'il fallait en accoler un dans les livres à côté du nom de l'Autrichien, ce ne serait pas tant pour souligner qu'il n'est pas à sa place, que pour l'accompagner de ce message : vainqueur d'une finale complètement improbable. Mais inoubliable.
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