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Entre recommandations des instances et doutes des joueurs, la vaccination est toujours dans le flou

Maxime Battistella

Mis à jour 01/04/2021 à 15:45 GMT+2

Alors que les quarts de finale des tournois féminin et masculin se jouent à Miami, le sujet de la vaccination a animé les conférences de presse des joueuses et des joueurs. La diversité des opinions sur le sujet voire un certain scepticisme ont conduit l’ATP et la WTA à communiquer officiellement un avis favorable, sans toutefois l’imposer sur les circuits pour le moment.

Andrey Rublev à Miami en 2021

Crédit: Getty Images

"Je n’aimerais pas que quelqu’un m’oblige à me faire vacciner." Les propos datent d’un an et ils ne sont plus limités à la seule personne de Novak Djokovic. A l’époque, le numéro 1 mondial avait fait polémique à son corps défendant, exprimant son scepticisme à l’égard d’éventuels vaccins avant même que ceux-ci ne soient effectivement opérationnels et mis en circulation. Douze mois de recherches et d’informations plus tard, la vaccination est devenue une réalité. De quoi rassurer les esprits ? Pas vraiment, visiblement.
Alors que pour de nombreux observateurs, habitués des circuits, le vaccin représentait l’espoir d’un retour à la normale – Amélie Mauresmo allant même à l’époque jusqu’à tweeter "pas de vaccin = pas de tennis" et renonçant à accompagner Lucas Pouille à cause des nombreuses contraintes de quarantaine –, les principaux intéressés sont loin d’être unanimes sur le sujet. Interrogés à Miami par le journaliste américain Ben Rothenberg en conférence de presse, ils n’ont pas caché leurs doutes, sans pour autant convaincre dans leur argumentation.
C’est une question de sentiments, parce que je n’ai jamais eu de vaccin, même quand j’étais un enfant. Je n’ai jamais eu aucun problème de santé
"Je sais que certains l’ont déjà fait. Mais moi non. Je sais que pour le moment, se faire vacciner ne nous donne pas vraiment de privilège. Il faut rester dans la bulle encore. Si je peux choisir, je ne me ferai pas vacciner. Il n’y a pas de raison particulière à ça. C’est une question de sentiments, parce que je n’ai jamais eu de vaccin, même quand j’étais un enfant. Je n’ai jamais eu aucun problème de santé", a ainsi considéré Andrey Rublev. L'absence de bénéfice personnel immédiat est un argument repris par Elina Svitolina. "De toute façon, ça n’aidera pas parce que l’ATP et la WTA imposent des quarantaines. Vous aurez moins de symptômes, mais il y a toujours une possibilité d’attraper le virus même vacciné. Donc pour le moment, ça n’a presque aucun sens de faire quelque chose qui n’a été testé que depuis si peu de temps. J’attendrai probablement."
L’Ukrainienne, qui s’appuie sur des conseils d’amis, évoque aussi la crainte des effets secondaires, sans mentionner pour autant le très faible risque encouru. Une méconnaissance du sujet et un individualisme qui interpellent, tout comme les considérations nébuleuses d’Aryna Sabalenka. "Je veux avoir celui qui est plus cher et ne rentre pas dans ton truc génétique. Il y a deux sortes de vaccins, je dois parler à mes médecins et voir celui qui est le meilleur pour moi. Ils l’ont fait si vite, il n’y avait pas assez de temps pour tester et voir ce qui peut arriver", a affirmé la Biélorusse qui ne veut ni se faire vacciner, ni que sa famille le soit pour le moment.

Déjà vaccinée, Halep a pourtant donné l'exemple

Cette opinion ne représente pas celle de toutes les joueuses et de tous les joueurs. Voici quelques jours, Simona Halep a montré l’exemple en se faisant vacciner publiquement. "Je suis ouverte d’esprit et je vais bien. J’ai reçu un vaccin Pfizer. Je n’ai pas eu d’effets secondaires. C’est pour le bien de tout le monde que je l’ai fait", a-t-elle indiqué. Naomi Osaka et Ashleigh Barty ont aussi indiqué qu’elles avaient l’intention de le faire, tout comme Matteo Berrettini du côté de ces messieurs. "Le vaccin est le seul moyen de retrouver une vie normale. Je suis pro-vax", a déclaré l’Italien à La Stampa.
Mais le scepticisme est suffisamment répandu pour avoir suscité les réactions officielles de l’ATP et de la WTA. "La WTA croit à la vaccination et encourage chacun à se faire vacciner. Cela aidera à protéger l’individu vacciné, mais aussi ceux qui ne l’ont pas encore été, et permettra un retour à la normale que tout le monde souhaite. La WTA, avec l’assistance de ses conseillers en médecine, informe et continuera à informer nos joueuses sur les différents vaccins en circulation et les bénéfices à en tirer. Cela étant dit, la WTA n’imposera pas aux joueuses de se faire vacciner, puisque c’est une décision personnelle que nous respectons", a précisé notamment l’instance dirigeante du circuit féminin.

Seulement une recommandation et pas d'obligation par peur de représailles judiciaires ?

Même son de cloche du côté de l’ATP qui mentionne également les "preuves scientifiques" des bénéfices de la vaccination. Il s’agit donc d’une recommandation forte, mais sans obligation ni calendrier défini. Dans ces conditions, le travail d’information entrepris auprès des joueuses et joueurs sera déterminant pour rassurer et convaincre. Mais sera-t-il suffisant ? On peut en douter sérieusement. Si effectivement la liberté de se faire vacciner doit être laissée à chaque individu, rien n’empêche a priori les instances de n’accepter que des concurrents vaccinés à partir d’une certaine période sur les tournois.
"Si l'ATP ou l'ITF (Fédération internationale de tennis, ndlr) nous y oblige, alors nous devrons le faire. De la même façon, nous avons des restrictions quant à l'utilisation de nombreux médicaments pour des raisons évidentes de contrôles anti-dopage. Il faut juste suivre les règles", avait souligné en mai dernier Rafael Nadal. Une remarque de bon sens, à moins que de potentielles attaques en justice des joueurs réfractaires n’effraient les instances.
En ce qui concerne la quarantaine imposée dans les hôtels – qui peut aussi être considérée comme une restriction des libertés –, l’Open d’Australie et Wimbledon (lors de sa prochaine édition) ont eu moins de scrupules. Mais les tournois du Grand Chelem peuvent, il est vrai, s’abriter derrière les décisions des autorités gouvernementales concernées. A l’heure actuelle, la vaccination contre le Covid-19 n’étant pas obligatoire, la marge de manœuvre de la gouvernance du tennis est plus réduite.
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