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Federer, Nadal et Djokovic ont-ils abandonné les Masters 1000 ?

Cyril Morin

Mis à jour 22/04/2019 à 21:38 GMT+2

Depuis le Masters 1000 de Rome en 2017, huit petits nouveaux ont accroché un Masters 1000 à leur palmarès. En 17 tournois. Une nouveauté après dix ans où la domination XXL du trio Roger Federer, Rafael Nadal, Novak Djokovic avait été très marquée. Signe que le vent est en train de tourner ?

La déception de Novak Djokovic, Rafael Nadal et Roger Federer

Crédit: Eurosport

Une étreinte constante. Depuis Wimbledon 2003 et le premier titre en Majeur de Roger Federer, ils ne sont que sept à s’être invités à une chasse gardée du Big Three, ce trio infernal composé du Suisse, de Rafael Nadal et Novak Djokovic. Sur les 63 tournois du Grand Chelem disputés depuis cet été anglais, seuls Andy Murray (US Open 2012, Wimbledon 2013 et US Open 2016), Stan Wawrinka (Open d'Australie 2014, Roland-Garros 2015, US Open 2016), Andy Roddick (US Open 2003), Gaston Gaudio (Roland-Garros 2004), Marat Safin (Open d’Australie 2005), Juan Martin Del Potro (US Open 2009) et Marin Cilic (US Open 2014) sont venus perturber la tranquillité des champions affamés.
63 tournois du Grand Chelem disputés dans ce laps de temps. Et 52 dans l’escarcelle des patrons du circuit. Une domination en Grand Chelem totale qui continue encore de nos jours puisque depuis 2017, les trois se sont partagé les couronnes. Mais, paradoxalement, alors que le trio infernal renaissait de ses cendres pour tout rafler en Grand Chelem, il a eu tendance à laisser la concurrence faire ses dents sur les Masters 1000.

La stat qui tue

Pourtant, cette catégorie de tournois, c’est aussi la leur. À eux trois, ils pèsent 93 Masters 1000. Rafael Nadal (33), Novak Djokovic (32) et Roger Federer (28) sont évidemment les trois joueurs ayant remporté le plus d’évènements de ce genre. Et, pendant des années, ils en ont aussi fait leur chasse gardée. Mais, depuis Rome 2017, un vent nouveau souffle sur le circuit, illustré par une stat qui dit beaucoup du relâchement du Big Three dans ces tournois.
Avec sa victoire dimanche à Monte-Carlo, Fabio Fognini est devenu le huitième joueur à remporter pour la première fois un Masters 1000. En 17 tournois. Avant lui, Alexander Zverev, Grigor Dimitrov, Jack Sock, John Isner, Karen Kachanov et Dominic Thiem avaient su saisir la balle au bond pour remporter ces titres prestigieux. Jusqu’ici, rien d’anormal.
Sauf qu’il atteste d’un réelle révolution : il avait fallu attendre près dix ans, et surtout 92 Masters différents entre Monte-Carlo 2007 et Rome 2017, pour atteindre ce total. Autrement dit, Fognini and co ont réussi en moins de deux ans ce que Murray, Tsonga, Nalbandian, Ljubicic, Söderling, Ferrer, Wawrinka et Cilic avaient fait en une décade. Sacrée stat.

Nadal et Federer, des absences mais des performances

Alors, comment analyser cette émergence de nouveaux vainqueurs ? Évidemment, c’est du côté du Big Three qu’il convient de jeter un œil. Car ce sont bien leurs défaillances ou absences respectives qui ont permis aux petits nouveaux d’en profiter.
En commençant par le recordman de titres en Masters 1000, à savoir Rafael Nadal, on s’aperçoit que l’Espagnol a plutôt joué le jeu ces dernières années. En 2017, il a disputé tous les Masters 1000 à la carte, remportant Monte-Carlo et Madrid et n’échouant qu’à Rome sur terre. Cette année-là, ses tombeurs dans les autres tournois s’appellent Federer (trois fois), Dominic Thiem, la révélation Denis Shapovalov et le fantasque Nick Kyrgios. En revanche, en 2018, sur les neuf tournois de la saison, il en a raté cinq, gagnant trois autres et perdant encore face à Thiem. Pas besoin de chercher plus loin : le concernant, c’est évidemment son niveau physique et ses blessures à répétition qui l’empêchent de continuer son entreprise de démolition dans ces tournois-là.
Pour Roger Federer, là-aussi, c’est davantage une question de calendrier plus que de manque de résultats. Depuis 2017, le Suisse a volontairement fait l’impasse sur 10 Masters 1000, majoritairement sur terre-battue. Seules des douleurs au dos l’ont privé sur blessure de Cincinnati en 2017. Pour le reste, à savoir 11 tournois, le Suisse s’est systématiquement hissé dans le dernier carré à l’exception de sa sortie de route au 2e tour à Miami en 2018. Là encore, c’est plus son absence et ses choix stratégiques, afin de se ménager, qu’une réelle baisse de résultats qui expliquent la montée en puissance des challengers en Masters 1000.
Djokovic a moins de concurrence pour la première place mondiale…
C’est finalement vers Novak Djokovic qu’il convient de se tourner. Car, depuis Wimbledon 2018, c’est lui le patron du circuit. Un boss qui semble se désintéresser des tournois autres que les Majeurs. Après sa coupure en 2017, le Serbe a disputé 12 tournois de cette catégorie, pour deux petits succès à la clé. Bien loin de ses standards habituels ou de son année 2015 de feu, terminée avec 6 Masters 1000 dans la poche et deux finales.
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Novak Djokovic

Crédit: Getty Images

Alors, comment expliquer cette forme de détachement chez lui ? Pour notre consultant Paul-Henri Mathieu, l’hypothèse d’un manque de concurrence pour la place de numéro un mondial se tient. " Djokovic moins challengé ? Ce n’est pas faux. Djokovic a moins de concurrence pour la première place mondiale. Nadal est un peu blessé, Federer ne vise plus du tout cet objectif…, détaille-t-il. Quand on se sent plus challengé, on se sent plus en danger et on est plus impliqué. Si on lui pose la question, il dira sans doute non, mais inconsciemment cela joue sans doute". Car, même quand Nadal et Federer avaient disparu de la circulation, Djoko avait trouvé à qui parler, notamment en 2016, avec un Andy Murray au summum de la régularité.
En creux, le numéro un mondial ne disait pas autre chose après avoir mordu la poussière face à Daniil Medvedev en quart de finale : "Monte-Carlo n'est que le premier tournoi sur terre et la saison va être longue, avait-il expliqué. Le but ultime, cela reste Roland-Garros". Reconnaissant ne pas être "constant" au plus haut niveau dans les grands tournois depuis deux ans, il avait rappelé que durant la même période il avait joué son "meilleur tennis" en Grand Chelem. Autrement dit, pour un Djoko de gala, il faudra attendre les Majeurs. D’ici là, en Masters 1000, d’autres petits nouveaux ont le temps de se régaler.
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