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Fritz, Tiafoe, Brooksby… L'heure du grand réveil américain est (enfin) arrivée

Maxime Battistella

Mis à jour 13/10/2022 à 11:19 GMT+2

L'arrivée de Taylor Fritz dans le Top 10 cette semaine est le dernier élément marquant du retour au premier plan des Américains dans le tennis masculin mondial. Près de vingt ans après la dernière victoire en Grand Chelem d'un représentant de la bannière étoilée, l'espoir de trouver un successeur à Andy Roddick renaît outre-Atlantique tant la densité au haut niveau est intéressante.

De Fritz à Isner, les stats qui attestent le renouveau du tennis américain

"Le tennis américain va bien. Nous commençons tous à arriver dans nos meilleures années, et nous verrons où ça nous mène." En deux phrases, à la sortie de son quart de finale victorieux à l'US Open voici un peu plus d'un mois, Frances Tiafoe a dressé un constat aussi lucide qu'efficace. Après quasiment deux décennies de vaches maigres, l'heure est à l'optimisme du côté des Etats-Unis. Et il ne s'agit pas ici d'un vague sentiment fondé sur une quelconque méthode Coué, mais bien d'une sérénité retrouvée car elle s'appuie sur des faits.
Pour s'en convaincre, un rapide coup d'œil au classement vaut mieux que mille développements : si Taylor Fritz est le seul Américain du Top 10 cette semaine - un retour attendu depuis plus de trois ans et John Isner -, on en recense pas moins de neuf parmi les 50 premiers, soit trois joueurs de plus que le contingent espagnol, deuxième nation la mieux représentée de cette élite. Et comme l'a suggéré Tiafoe du côté de Flushing Meadows, cette présence massive est aussi générationnelle car huit d'entre eux ont 25 ans ou moins.
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Fritz dans le top 10 mondial : "Il y a une belle émulation dans le tennis américain"

Les Américains du Top 50 au 10 octobre :
RangJoueurAge
8.Taylor Fritz24 ans
17.Frances Tiafoe24 ans
30. Tommy Paul25 ans
33. Maxime Cressy25 ans
37. Reilly Opelka25 ans
42.Jenson Brooksby21 ans
45.John Isner37 ans
46.Brandon Nakashima21 ans
47.Sebastian Korda22 ans
Cette hiérarchie prometteuse n'est que le fruit de résultats probants sur le circuit. A Tokyo dimanche dernier, Fritz et Tiafoe se sont affrontés pour le titre, ce qui constituait la 5e finale 100 % américaine de la saison, une première depuis… 2002. Il y a 20 ans, la dernière période glorieuse du tennis américain touchait ainsi à sa fin dans le sillage de la génération Pete Sampras - Andre Agassi. L'année suivante, Andy Roddick remportait l'US Open, ce qui constitue le dernier triomphe des Etats-Unis dans l'un des quatre monuments du tennis mondial.

Le retour du nombre et de la variété

La suite a donc été (bien) plus difficile puisqu'un seul profil de joueurs a véritablement percé. Les géants au service de plomb John Isner (vainqueur d'un Masters 1000 à Miami en 2018) et Sam Querrey, retraité depuis le dernier US Open, respectivement demi-finalistes à Wimbledon en 2018 et 2017, ont été les principaux pourvoyeurs de résultats, même si Jack Sock a aussi fait une percée (sacré à Bercy En 2017 et dans le Top 10). Ils ont fait place ces dernières années à leur héritier naturel en la matière Reilly Opelka, mais à ses côtés, toute une jeune génération a éclos avec un retour d'une certaine variété tennistique et une émulation qui profite à tous.
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Une folle semaine, un titre et le Top 10 : le résumé du sacre de Fritz à Tokyo

"Entre Américains, nous nous poussons tous les uns les autres. Fritz a gagné Indian Wells cette année. Reilly (Opelka) a fait finale à Toronto l'année dernière. Fritz et moi sommes allés loin à Wimbledon. Il aurait pu aller en demie là-bas, sa défaite contre Rafa (Nadal) était dure, à vous briser le cœur. Globalement les gars font bien les choses. Tommy (Paul) joue bien. Il s'avère que c'est tombé sur moi cette fois, mais je suis sûr que l'année prochaine, ils feront pareil. Tous en sont super capables", avait encore souligné Tiafoe lors du dernier US Open.
Et pour cause, les qualités des uns et des autres sont riches et se complètent. Quoi de commun au tennis solide, propre et sans fioritures d'un Sebastian Korda et à celui atypique, tactique et bagarreur d'un Jenson Brooksby dont le caractère rappelle Andy Murray ? Les deux jeunes loups faisaient d'ailleurs partie avec leur compatriote Brandon Nakashima des huit qualifiés pour le Masters NextGen l'an dernier. Si Brooksby, blessé, n'a pas pu y participer, ils auraient donc dû représenter à eux trois près de la moitié des engagés.
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Du très grand tennis, un sacré combat : les meilleurs moments d'Alcaraz - Tiafoe

Avec la fin du Big 3, une ère d'opportunités s'ouvre

Ce retour de la densité au très haut niveau est aussi vraisemblablement à mettre au crédit de la fédération américaine et de son travail de fond alors que le tennis était en net recul dans le pays. "La valeur-référence, ce sera toujours de gagner des Grands Chelems et d'avoir des membres du Top 10. Donc je ne veux pas envoyer un message qui dirait en quelque sorte que nous sommes satisfaits. Mais nous nous sommes concentrés sur ce processus depuis 13 ans. Et la tendance que nous voyons émerger désormais est très positive", avait d'ailleurs noté Martin Blackman, manager général du Centre de formation de l'USTA, dans un entretien à Forbes l'an dernier.
Cette réussite valide également l'efficacité du système universitaire US : la moitié des 12 Américains du Top 100 en sont issus (John Isner, Maxime Cressy, Brandon Nakashima, Marcos Giron, Jeffrey John Wolf et Mackenzie McDonald), tout comme par exemple le Britannique Cameron Norrie ou le Français Arthur Rinderknech. Alors que l'ère des monstres du Big 3 s'achève avec la retraite de Roger Federer et que les jours de Rafael Nadal et Novak Djokovic sont comptés, les opportunités de briller en Grand Chelem devraient être plus nombreuses. A ceci près qu'il n'y a pas de prodige type Carlos Alcaraz dans les rangs.
Revoir les Etats-Unis dominer le tennis comme dans les années 1980 n'est évidemment pas à l'ordre du jour. Pour rappel, voici tout juste 40 ans, deux Américains trustaient le sommet du classement ATP - Jimmy Connors devant John McEnroe -, quatre figuraient dans le Top 10 et… 25 dans le Top 50. Deux ans plus tard, lors de l'édition 1984 de Wimbledon, ils étaient 56 au 1er tour, soit près de la moitié du tableau ! Avec les années et la mondialisation du tennis, l'emprise s'est logiquement atténuée peu à peu, jusqu'à disparaître.
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Finale Wimbledon 1982 : Jimmy Connors bat John McEnroe.

Crédit: Getty Images

Faire le deuil de l'hégémonie mais cultiver de légitimes ambitions

Mais voir un Américain remporter bientôt un Majeur n'est plus utopique. Les principaux intéressés revendiquent désormais cet objectif. Après sa demie à Flushing, Frances Tiafoe s'est dit "capable de gagner des Grands Chelems". En position de se qualifier pour le Masters à Turin, Taylor Fritz a, lui aussi, réaffirmé ses ambitions après son titre à Tokyo. "Le prochain objectif, c'est de continuer à monter. J'aimerais connaître une grande aventure en Grand Chelem : je pense qu'une demie ou une finale en Majeur, c'est le prochain cap. J'ai été en quarts à Wimbledon cette année et j'étais très près d'y parvenir. Il faut une mentalité de Top 5, donc nous nous concentrons sur ça."
Si quelque chose n'a jamais changé outre-Atlantique, c'est bien cette fameuse confiance chevillée au corps. Et la "NextGen made in USA" aux talents divers et variés compte bien la cultiver pour se sublimer. "Je pense que notre génération va être vraiment forte dans le futur et que les Américains ne feront que s'améliorer. Ça semble assez brillant. Les dix prochaines années semblent plus prometteuses que le passé récent et je pense qu'il y aura des gars qui iront loin en Grand Chelem de façon plus régulière", avait encore affirmé Brooksby à Forbes l'an dernier.
C'est bien sûr anecdotique mais la dernière Laver Cup subtilisée par la Team World à l'Europe grâce notamment à Fritz et Tiafoe a confirmé que les Américains avaient à nouveau le vent en poupe. A eux de s'affirmer encore en Grand Chelem en 2023. Pour le 20e anniversaire du titre d'Andy Roddick à Flushing, cela ne manquerait pas de panache.
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