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Gabriel Debru : "Il y a tellement de choses à faire encore pour arriver au haut niveau"

Laurent Vergne

Mis à jour 15/06/2022 à 09:26 GMT+2

Promis, on ne lui collera pas l'étiquette du "futur grand du tennis français". Grand, Gabriel Debru l'est déjà par la taille, lui qui flirte avec le double mètre. A seulement 16 ans, le Grenoblois, révélé en challenger l'an dernier, vient de remporter Roland-Garros juniors. Invité de notre podcast Dip Impact mardi, il prend les choses comme elles viennent. Et se concentre sur... son bac français.

Debru, invité spécial de DiP Impact : "Je ne veux pas recopier d'autres joueurs"

Passe ton bac d'abord, clamait le film de Pialat en 1978. Gabriel Debru a retenu la leçon. A 16 ans, celui qui vient d'apposer son nom au palmarès de Roland-Garros dans la catégorie juniors est en première et s'apprête à passer l'écrit et l'oral de français ces prochains jours. La tête et les jambes. Indispensable, selon lui.
"Imaginons qu'au tennis, je n'y arrive pas. Il faut avoir un moyen d'y arriver dans la vie, donc déjà avoir le bac", a confié le Grenoblois dans notre podcast Dip Impact, dont il était ce mardi l'invité. Il n'exclut d'ailleurs pas de pousser au-delà si besoin : "Qui sait, après, peut-être continuer mes études. Je ne sais pas où la vie me mènera, en fonction de mes résultats, de mon classement ATP. Je ne me pose pas trop de questions. Pour l'instant, l'objectif, c'est d'avoir mon bac. Après, on verra."
Une position de principe plutôt sage. Car si Gabriel Debru est prometteur, le statut de grand espoir du tennis français est ce qu'il est : une promesse. Pas une garantie. Pour l'heure, ses temps de passage sont en tout cas impressionnants. Le Grenoblois a commencé à faire parler de lui dès l'automne dernier, en remportant à seulement 15 ans son premier match sur le circuit pro, en battant l'Italien Andrea Pellegrino, 220e mondial. Au XXIe siècle, seuls trois joueurs, dont Félix Auger-Aliassime et Rafael Nadal, avaient signé leur premier succès dans cette catégorie de tournoi en étant plus jeunes que lui.
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Gabriel Debru.

Crédit: Imago

Je pense prendre encore quelques centimètres
Cette performance, couplée à quelques autres en Futures, lui vaut de figurer déjà parmi les 700 premiers au classement ATP et il est le plus jeune pensionnaire du Top 1000. "C'est toujours bien mais on ne peut pas se reposer là-dessus, dit-il prudemment. Mais bien sûr que c'est encourageant pour la suite. Une victoire comme ça, (celle en challenger, NDLR), quand il y a la médiatisation, ça te tombe un peu dessus. J'ai essayé de faire avec, de continuer à m'entraîner, parce que ça ne veut rien dire. Il y a tellement de choses à faire encore pour arriver au haut niveau."
Son deuxième coup d'éclat, le jeune Debru vient donc de le signer à Roland-Garros avec son sacre chez les Juniors. Juste avant cela, il avait franchi le premier tour des qualifications chez les "grands". Là aussi, du jamais vu en Grand Chelem pour un si jeune joueur depuis Bernard Tomic en 2008. Avec un pied sur les deux circuits, le Français peut ainsi mesurer ce qui sépare les juniors des pros.
"Ils sont encore plus puissants, juge-t-il. Norbert Gombos, que j'ai joué en qualifs, il frappe très fort. Il a une capacité à me mettre loin de balle assez rapidement par rapport aux juniors. En juniors on voit des joueurs qui peuvent le faire, mais ils donnent beaucoup plus de points et les points importants sont moins bien joués je trouve. Par exemple, tu vas être à 30 A et tu vas gagner deux points faciles, sur deux fautes directes, une double, un point raté bêtement. Chez les pros, tu n'as pas ce genre de point gagné. Moi, j'ai eu deux balles de set (contre Gombos), j'ai pris deux coups droits gagnants."
Sur le papier, le protégé de Boris Vallejo (ils ont entamé leur collaboration juste avant Roland-Garros), a beaucoup de cartes en main pour percer à l'étage supérieur. Du haut de son mètre quatre-vingt-quinze, il possède le profil-type du joueur moderne. Bon serveur, bon frappeur, solide du fond et mobile malgré sa grande taille... qui n'est d'ailleurs peut-être pas définitive. "Ces douze derniers mois, j'ai continué à grandir, nous dit-il. Je ne peux pas donner ma taille exacte dans deux ou trois ans mais je pense prendre encore quelques centimètres, deux ou trois. Je ne pense pas arriver aux deux mètres, mais pas loin."
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Gabriel Debru à Roland-Garros 2022

Crédit: Getty Images

La der chez les juniors à Wimbledon

Cette croissance ultra-rapide est un atout mais aussi un élément à gérer avec doigté. "Quand on grandit beaucoup, que ce soit mon dos, mes genoux, mes jambes, il faut faire gaffe, rappelle le Tricolore. Mais il faut quand même travailler. Il y a de la bonne fatigue et la mauvaise fatigue. Savoir stopper au bon moment ou, au contraire, en rajouter quand c'est de la bonne fatigue pour pouvoir encore progresser. La gestion de son corps, c'est très important. Ça s'apprend. Si on fait des charges trop importantes, on risque de se blesser. Il y a des moments où c'est dur. Mais c'est un travail de long terme." Du fait de sa grande taille, son côté longiligne saute aux yeux. A terme, l'objectif est de se renforcer physiquement, "pour être plus endurant, et plus solide sur les appuis aussi".
A tous les sens de la formule, Gabriel Debru est donc un grand espoir du tennis français. Mais perfectible sur tous les fronts, ce qui est tout sauf illogique. "Tout mon jeu reste à travailler, estime-t-il. J'essaie de m'appuyer sur un bon service. Je ne donne pas beaucoup de points dans le jeu non plus en général. Mais j'ai envie d'aller de plus en plus vers l'avant, parce que je suis très grand. Faire service-volée, me servir davantage de la volée pour finir les points. Préparer plus tôt en coup droit pour envoyer encore plus."
Après son bac de français, il mettra le cap sur l'Angleterre pour jouer ce qui, a priori, devraient être ses deux dernières compétitions chez les juniors, à Nottingham et, surtout, Wimbledon, où il essaiera de doubler la mise après Roland. "Mais je n'ai encore jamais joué sur gazon, sourit l'Isérois. Je suis plus à l'aise sur terre battue, mais je pense être un joueur qui s'adapte à toutes les surfaces." Après, il sera temps pour lui de se tourner définitivement vers le circuit professionnel. A son rythme.
"Après, je vais continuer le circuit Futures. C'est important je pense de gagner un ou deux Futures avant de passer aux challengers, ça montrerait que j'ai le niveau pour passer à l'étape supérieure et c'est important pour moi", explique Debru. Mais il ne tire pas de plans sur la comète. Surtout pas au niveau du classement ATP, même s'il a avancé rapidement ces derniers mois. "Je ne me pose pas forcément de questions, je ne fixe pas d'objectifs parce que si on ne l'atteint pas, on est déçu après." Il vise une autre approche : "Je me dis que si je bosse bien, le classement suivra et ça paiera. Les résultats suivront." Comme pour le bac, en somme.
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Gabriel Debru : après Roland-Garros, place au bac !

Crédit: Getty Images

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