Interview de Stanislas Wawrinka : "Gagner des Grands Chelems, ça faisait partie des rêves inatteignables"

Ce samedi, Eurosport diffuse "Stan, the Man", un entretien exclusif et passionnant avec Stanislas Wawrinka, tourné à Monte-Carlo. A 40 ans, le Suisse se confie en longueur sur son destin, sa lente maturation, ses titres en Grand Chelem, Roger Federer ou les Français. Comment le jeune talent suisse, vainqueur de Roland-Garros juniors en 2003, a réussi à devenir "The Man", c'est toute la question.

Wawrinka : "La gestion du cas Sinner a fait du mal au tennis"

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Retrouvez l'intégralité de "Stan, the Man" sur Eurosport 1 ce samedi à 19h après les matches à Madrid mais également sur Max.
Par Frédéric VERDIER
Stanislas, commençons par des chiffres : 40 ans, presque 24 ans sur le circuit mais toujours la même flamme. Quel est votre secret ?
Stanislas Wawrinka : J'ai toujours la même passion. Pas les mêmes résultats mais toujours la même passion. 40 ans, ça fait peur. Quand j'ai commencé le tennis, mon rêve était d'être joueur professionnel. En général, une fin de carrière s'arrêtait à l'époque vers la trentaine. Aujourd'hui, j'en ai 40. J'essaie de jouer encore un peu, j'essaie de profiter de tout ce que le tennis m'a apporté et m'apporte encore au niveau des émotions. Ça ne veut pas dire que c'est facile, mais j'aime ce que je fais, j'aime cette vie de joueur de tennis, les émotions que ça me procure. J'ai envie de finir ce livre le mieux possible.
On a vu certains très grands joueurs s'arrêter parce que leur corps leur disait stop. Est-ce que c'est important pour vous d'arrêter au moment où vous le décidez ?
S.W : Malheureusement, c'est le risque d'un athlète. Quand on vieillit, forcément, l'accumulation de toutes ces années, de tous ces sacrifices qu'on fait sur notre corps pour le pousser à la limite constamment, pour essayer d'être la meilleure version possible de soi-même, ça laisse des traces et des blessures. J'en ai eu, des grosses aussi, ces dernières années, avec de grosses opérations où normalement, je ne devais pas avoir beaucoup de chances de pouvoir revenir mais je me suis battu. En tant que sportif, on a toujours envie de décider quand s'arrêter.
Récemment, vous nous aviez dit avoir pris du plaisir à souffrir pendant la préparation hivernale. C'est vraiment le cas ?
S.W : Oui car la rigueur et la discipline, c'est essentiel dans une carrière. Si on veut justement arriver à repousser les limites, on est obligé de faire ce qu'il faut pour progresser, pour essayer d‘évoluer, pour essayer d'être le meilleur joueur de tennis possible. La dernière saison s'est bien passée, notamment la fin où j'ai pu m'entraîner comme je le souhaitais, où j'ai pu pousser un peu les curseurs. Je me sens physiquement et tennistiquement en forme par rapport à mon âge et par rapport à tout ce que j'ai vécu sur le circuit. Mais, maintenant, je suis conscient d'avoir 40 ans, d'être proche de la fin et donc j'essaye de profiter encore un petit peu au maximum.
Rembobinons le fil de votre carrière et on commence très tôt à vos 11 ans avec Dimitri Zavialov, votre premier entraîneur…
S.W : (Sourires) Oui, c'est ça. C'étaient des amis d'amis de mes parents donc on a un peu grandi ensemble.
Mais c'est lui qui va vous demander de passer à un revers à une main non ?
S.W : Oui, c'est vrai. C'est lui qui a voulu que je change pour passer à une main…  Quand on est jeune, c'est difficile de passer sur un revers à une main parce qu'on n’a fatalement pas la même puissance, pas la même force. Mais il a vu que c'était plus naturel pour moi de jouer à une main, c'est lui qui a construit ma technique et mon jeu toutes ces années.
Et justement, vous avez eu des moments de doute autour de ce changement ?
S.W : Non, pour moi ça n'a jamais été difficile, je n'ai jamais été quelqu'un qui regardait le court terme, même jeune, pour moi ça a toujours été de construire sur le long terme, d'essayer d'aller le plus loin possible, mais sur le long terme, donc les résultats, jeune, n'étaient pas vraiment très importants.
Qu'est-ce qui fait la spécificité de votre revers à une main ? La puissance ?
S.W : Oui, je pense. Si je compare un peu avec d'autres revers, c'est la puissance que j'arrive à générer depuis le fond du terrain, la puissance et la variation que je peux mettre. Dans mes meilleures années, c'est sûr que je pouvais jouer croisé, court croisé, long de ligne, d'une puissance assez forte, assez poussée, qui ont dérangé les meilleurs joueurs au monde.
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Pour le plaisir des yeux : le superbe passing de revers à une main signé Wawrinka

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Dans le début de votre ascension, un autre homme va beaucoup compter : Pierre Paganini, qui est encore votre préparateur physique aujourd'hui. Que vous a-t-il apporté ?
S.W : Pour moi, Pierre, c'est vraiment une chance incroyable de l'avoir encore et de l'avoir eu toutes ces années. C'est grâce à lui que j'ai pu atteindre de tels niveaux physiques et tennistiques, d'avoir pu gagner des Grands Chelems, d'avoir pu aller chercher des joueurs comme Novak en finale de ces tournois. C'est vrai que j'ai eu cette chance de commencer tôt avec lui, et il a toujours eu la vision du long terme aussi, de ne pas trop jouer de tournois toutes ces années, de planifier, d'avoir des blocs d'entraînement aussi durant l'année. Ça me coûtait de ne pas pouvoir jouer d'autres tournois, ça me coûtait que d'autres joueurs de mon âge soient un peu devant au classement parce qu'ils jouaient plus de tournois chaque année. Mais dans notre équipe, on a toujours construit sur le long terme. Pierre a toujours eu la conviction que j'atteindrais mon top physiquement et tennistiquement un peu plus tard, à 27, 28, 29 ans. Il a eu raison.
Le premier point de bascule de votre carrière, c'est Roland-Garros juniors 2003 que vous allez gagner à 18 ans. Dans ce tableau, c'est une génération de mutants avec Djokovic, Tsonga, Murray, Monfils ou Almagro. C'est vraiment un moment important pour vous ?
S.W : Oui, bien sûr, parce que ça m'a montré que j'étais capable d'assurer et de battre justement ceux de ma génération sur un tournoi important comme Roland-Garros juniors. Et puis, ça m'a "mis un peu en lumière" où tout à coup, les gens ont commencé à s'intéresser à moi. Il y avait notamment une des statistiques qui soulignait le fait que tous les derniers vainqueurs de Roland-Garros juniors avaient pratiquement tous fini dans le top 30.
Vous avez souvent expliqué que certaines défaites vous avaient permis de vous convaincre de votre potentiel. Pour vous, quelle est la plus douloureuse de toutes ?
S.W : Si je dis la vérité, celle qui m'a fait le plus mal, celle où j'ai le plus de regrets, je pense que c'est le quart de finale à Wimbledon 2015 contre Richard Gasquet qui se termine à 11-9 dans le cinquième set. Je venais de gagner Roland-Garros, j'avais la possibilité de jouer Novak en demie. Donc c'est une défaite avec beaucoup de regrets.
Alors, est-ce qu'on peut dire que celle qui vous a le plus servi, c'est la demi-finale de l'US Open 2013 face à Djokovic après un combat en cinq sets ?
S.W : Non, je ne choisirais pas celle-là mais plutôt celle à l'Open d'Australie la même année qui se termine à 12-10 dans le cinquième set. Ça a été une défaite qui m'a fait extrêmement mal mais c'est celle qui m'a permis d'avoir le déclic. Ça m'a aidé à travailler, à savoir ce que j'étais capable de faire et ça m'a donné énormément confiance sur la suite de ma carrière. Pour moi, c'est vraiment celle qui m'a aidé à passer ce cap.
Le dernier étage de la fusée, c'est Magnus Norman qui vous rejoint juste après d'ailleurs non ?
S.W : Oui, on a commencé après Miami 2013 avec Magnus. Il avait travaillé avec Söderling qui avait eu un parcours un peu similaire au mien : c'était un très bon joueur, capable de jouer incroyablement bien mais qui avait du mal à passer ce 'next step', il naviguait entre la 20e et la 30e place. Et puis, avec Magnus, il a fait deux finales de Roland-Garros, il s'est vraiment installé dans le top 10, voire top 5. Magnus a mis du temps à accepter le challenge de travailler avec moi mais on a commencé ensemble sur terre battue et ça a bien démarré avec un titre à Estoril contre David Ferrer. Tout au long de cette année 2013, j'ai réussi à faire des choses qui me manquaient dans le passé, j'ai fait mon premier quart à Roland-Garros, ma première demie à l'US Open contre Novak. J'ai senti que j'étais de plus en plus proche. Et neuf mois après notre début de collaboration, il y a l'Open d'Australie 2014…
Un moment fondateur… Vous passez les premiers tours sans encombre, presque une nouveauté pour vous, avant de croquer Djokovic, Berdych et Nadal à la suite…
S.W : Comme je le disais, 2013, c'est l'année de la transition. J'ai réussi à accumuler de la confiance en ce que je faisais : dans mon jeu, dans mon physique, dans mes capacités. Donc j'étais arrivé en Australie en pleine confiance, avec l'idée que je pouvais faire quelque chose. Mais, vraiment, je ne m'imaginais pas gagner le tournoi. Bien au contraire. Pour moi, un Grand Chelem ça restait beaucoup trop loin comme objectif. Mais, à chaque match, je savais que j'étais capable de battre mon adversaire…
Fabrice Santoro nous a fait passer une question pour vous, la voici : "Lorsque je t'ai vu débarquer en même temps que Jo, Gaël et Richie, je me suis dit que tu avais beaucoup de talent mais à aucun moment je n'ai pensé que tu serais meilleur qu'eux. Comment expliques-tu que tu aies réussi ce que nous n'avons pas réussi à faire en France ?".
S.W : Franchement, je ne peux pas donner de réponse. Notamment sur les autres. Quand on fait carrière, qu'on se construit, qu'on essaye d'avancer, on se focalise sur ce qu'on fait, tout simplement.
Mais qu'est-ce qui a fait de la différence par rapport aux autres ?
S.W : Je ne sais pas ce qui a manqué aux autres. Ils ont eu une carrière exceptionnelle. Je sais ce que j'ai fait, moi, pour essayer de constamment repousser mes limites. C'est ce que j'ai accompli de mieux. C'est aussi par rapport à l'équipe que j'ai réussi à avoir autour de moi tout au long de ces années, les sacrifices que j'ai faits, la discipline et la réussite qui va avec. J'ai réussi un peu plus tard dans ma carrière à passer cette marche qui me manquait pour réussir à décrocher des Grands Chelems contre les meilleurs joueurs au monde. Mais je ne peux pas dire ce qui a manqué aux autres.
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Stan Wawrinka și Gael Monfils

Crédit: Getty Images

Vous connaissez beaucoup de joueurs français. Si on fait un jeu de l'esprit et que vous devenez tout à coup français : est-ce que vous pensez que vous auriez pu gagner trois Grands Chelems ? Il y aurait eu une différence ?
S.W : Tout ce que je n'aime pas dans le sport, ce sont les questions avec des "si" (sourire). Avec des "si", on refait le monde. Avec des "si", j'aurais pu être numéro un mondial ou gagner tous les tournois du Grand Chelem cinq fois. Ce que je peux voir, c'est que c'est différent que d'être en Suisse. La pression est différente mais, d'un autre côté, en France, on a la facilité de rentrer dans sa carrière avec des aides grâce à Roland-Garros et tous les tournois présents dans le pays. Il y a toujours du positif et du négatif. Tout ce que je sais, c'est que moi, j'ai grandi en Suisse et j'ai fait ma carrière en étant suisse dans l'ombre de Roger, ce qui n'a pas été facile non plus. J'ai eu des choses positives et négatives. J'ai toujours essayé, comme je pouvais, de prendre le positif de chaque situation. Me concernant, je pense que ça a été une chance énorme - en tout cas, c'est comme ça que je l'ai pris - d'avoir Roger dans le même pays, d'avoir le plus grand joueur de tous les temps à côté. Mais ça ne veut pas dire que c'était facile non plus. Donc, pour en revenir à cette question, je ne peux simplement pas y répondre.
L'ombre de Roger Federer, justement, a-t-elle été un obstacle important ou un facteur motivant pour montrer que vous aussi vous étiez là ?
S.W : On ne peut pas changer les situations, on ne peut pas changer ce qui se passe autour de soi. Je ne pouvais pas changer le fait que Roger soit là, que ce soit le joueur le plus grand joueur de tous les temps. On ne peut pas décider les résultats des autres joueurs, ceux de notre génération. Tout ce qu'on peut faire, c'est se focaliser sur notre carrière. C'est ce que j'ai toujours fait. Et moi, j'ai toujours voulu être la meilleure version de moi-même. J'ai eu la chance de partager énormément avec Roger, on a eu la chance de jouer les Jeux Olympiques, la Coupe Davis… J'ai eu la chance qu'il soit déjà au top quand je suis arrivé sur le circuit, je m'entraînais énormément avec lui, je discutais beaucoup avec lui de tennis et d'autres choses. J'ai toujours essayé de prendre le positif de la situation. Donc, je dirai toujours que ça a été une chance énorme.
En discutant avec Gaël Monfils, il nous expliquait la différence entre lui et vous. D'après lui, vous êtes un "champion" alors qu'il se voit simplement comme un excellent joueur de tennis. Vous êtes d'accord avec son analyse ?
S.W : Gaël, c'est un amour, on se connaît depuis des années, on s'est tellement entraîné ensemble toutes ces années aussi. C'est extrêmement gentil son message mais, personnellement, je le considère aussi comme un champion. Bien sûr, j'ai eu la chance de gagner des Grands Chelems mais je pense aussi que, malheureusement, puisqu'on est un petit peu de la même génération, on nous a tous mis en rivalité alors qu'il ne le fallait pas. Quand je vois ce qu'a fait Gaël toutes ces années et quand je vois ce qu'il fait encore, pour moi, c'est un champion. Être un champion, ce n'est pas seulement gagner un Grand Chelem. Sa carrière est exceptionnelle aussi et on le voit encore, il fait rêver sur le circuit.
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Autre champion, autre débat : Andy Murray. Vous avez le même nombre de Grands Chelems mais vous dites souvent que vos deux carrières ne peuvent pas se comparer.
S.W : Ceux qui connaissent le tennis savent qu'il n'y a aucune comparaison possible. Ok, on a le même nombre de titres du Grand Chelem. Mais je crois qu'il a 8 finales en plus, il doit avoir 14 Masters 1000 ou quelque chose comme ça, 45 tournois gagnés, numéro 1 mondial, il a été top 3 pendant 10 ans, 12 ans… Il n'y a aucune comparaison possible, vraiment. Ce n'est pas pour me mettre plus bas, c'est juste la réalité. Ça ne veut pas dire que je me mets en dessous, quand je l'ai affronté, je pensais toujours que je pouvais le battre. Mais on ne juge pas une carrière sur ça.
Autre champion, autre question. Dominic Thiem nous expliquait récemment qu'il aurait dû couper après son titre à l'US Open 2020, qu'il aurait dû prendre le temps de digérer le choc que ça représentait. Vous, après l'Open d'Australie 2014, vous remportez Monte-Carlo. A priori, vous l'avez bien vécu, non ?
S.W : Je l'ai très bien vécu et si c'était à revivre, je le revivrais de la même façon. La grande différence, c'est que ça n'a jamais été un objectif de gagner un Grand Chelem pour moi, ça n'a jamais été mon goal ultime. J'ai toujours grandi avec des objectifs 'step' by 'step', le top 100 la première fois, le top 50, le top 30, le top 10 etc… Pour beaucoup de joueurs, le but ultime est de gagner un Grand Chelem. Mais ça veut dire quoi ? Le jour où tu en gagnes un, il y a quoi derrière ? Forcément, ça va faire un vide. Pour moi, ça faisait partie des rêves inatteignables en fait. Mais, quand je fais ma demi-finale à l'US Open 2013, je me dis 'tiens, en deux matchs, je peux peut-être gagner un Grand Chelem'. Donc je continue à repousser mes limites, je continue à avancer. A Melbourne, en 2014, avant chaque match, j'avais la conviction que je pouvais gagner. Après Novak en quart, je me dis : 'tiens, je suis en demie'. Face à Berdych, en demie, je me dis que j'y vais pour gagner. Et quand j'arrive en finale face à Rafa, je ne me dis pas que c'est trop dur. Non : je sais que je suis capable de le battre. Ce n'est que pendant la finale que je me suis rendu compte du truc. Je voyais le trophée sur ma droite et quand je mène un set à zéro et que je breake dans le deuxième, je me dis "tiens, il va peut-être rentrer à la maison celui-là". Mais ça s'arrêtait là.
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"Pendant deux ans, Thiem a fait partie des tout meilleurs"

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Et il n'y a pas eu de changement significatif derrière ?
S.W : Le premier Grand Chelem, c'était exceptionnel. On m'a dit "ta vie va changer, ça va être complètement différent, tu verras, tout va changer". Mais j'avais 29 ans, j'avais déjà vécu énormément de choses dans ma carrière, j'avais déjà été top 10… Donc j'avais déjà une expérience qui me faisait dire que c'était super d'en gagner un mais qu'à 29 ans, je n'avais pas envie de m'arrêter là, je voulais continuer de repousser les limites.
Il y a quelque chose de fou avec vous, c'est votre capacité à être au rendez-vous sur vos trois finales de Grand Chelem. Il n'y a jamais eu cette timidité ou cette satisfaction d'être arrivé là…
S.W : Il m'a toujours fallu du temps pour prendre confiance par rapport à ce que j'étais capable de faire sur le terrain physiquement et tennistiquement contre les meilleurs. Mais, à partir du moment où j’étais au top tennistiquement, physiquement et mentalement, j'ai toujours trouvé que c'était plus facile à mesure que j'avançais dans les tournois du Grand Chelem. On se libère, on sent un peu mieux le jeu, la pression disparaît aussi un peu. J'ai ressenti une pression un peu différente avant la finale de Roland-Garros 2015 ou l'US Open 2016 parce que je me demandais si c'étaient les dernières finales de Majeur que je disputais. Mais, autrement, je jouais le mieux une fois en quart ou en demie d'un tournoi du Grand Chelem. Ça ne veut pas dire que je gagnais à chaque fois mais c'est là où je me sentais le mieux.
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Stan Wawrinka

Crédit: Getty Images


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