Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

La mort de Peter Doohan, le "démolisseur de Becker"

Laurent Vergne

Mis à jour 22/07/2017 à 15:43 GMT+2

Le tennis australien est en deuil. Peter Doohan, ancien membre de l'équipe de Coupe Davis australienne dans les années 80, est décédé à l'âge de 56 ans des suites d'une maladie neurodégénérative. Si sa carrière en simple n'a pas une immense envergure, Doohan est passé à la postérité voilà tout juste trente ans en causant une des plus grandes sensations de l'histoire du Grand Chelem.

Boris Becker et Peter Doohan en 1987.

Crédit: Getty Images

Peter Doohan s'est éteint à l'âge de 56 ans des suites de la maladie de Charcot, qui s'était déclarée il y a seulement neuf semaines. La triste nouvelle a été annoncée par la fédération australienne de tennis samedi. Le 18 mai, Doohan avait révélé publiquement la nouvelle dans un message poignant. "Bon, triste nouvelle aujourd'hui. On m'a diagnostiqué une maladie neurodégénérative, avec seulement quelques mois à vivre. Quelle vie j'ai eue ! Je n'ai aucun regret."
Excellent joueur de double, Doohan avait aussi atteint la 43e place mondiale en simple et comptait un titre à son palmarès, à Adélaïde, en 1984. Mais un match, un seul, lui a permis de laisser une trace dans l'histoire du tennis. Celui qui lui a valu une renommée internationale et un surnom : The Becker Wrecker, le démolisseur de Becker.
Très bon spécialiste du gazon, Peter Doohan avait atteint les huitièmes de finale à l'Open d'Australie en janvier 1987, lors du dernier "Australian" disputé sur herbe, à Kooyong, avant le déménagement à Melbourne Park l'année suivante. Lors de cette même saison 1987, il va atteindre également les huitièmes à Wimbledon, signant au passage une des plus colossales surprises de toute l'histoire du tennis.
Au deuxième tour, Doohan est contraint d'affronter Boris Becker. Double tenant du titre, l'Allemand semble parti à seulement 19 ans pour régner pendant des années sur Wimbledon. Fort de ce doublé ultra-précoce (jamais un joueur avant ni après lui n'avait gagné deux fois le même majeur à seulement 18 ans), on le voit déjà battre le record de Borg, d'autant que le rouleau compresseur allemand dégage une impression d'invincibilité sur gazon.
picture

Peter Doohan, le tombeur de Becker à Wimbledon en 1987.

Crédit: Getty Images

J'attends encore que Pat m'envoie un chèque
Malgré ses qualités sur herbe, Doohan, alors 70e mondial, ne parait pas en mesure de contrarier "Boum Boum", qui l'a en prime battu deux semaines plus tôt au Queen's. Mais ce 26 juin 1987, sur le court n°1, l'Australien s'impose en quatre manches (7-6, 4-6, 6-2, 6-4). Cela faisait vingt ans qu'un tenant du titre n'avait pas disparu si tôt à Wimbledon chez les hommes. Et Becker n'était pas n'importe quel tenant du titre... A chaud, il dédramatise : "Ça va, j'ai perdu un match de tennis, pas la guerre. Personne n'est mort sur le court." Puis, de son bourreau, il dit : "Je ne pensais pas qu'il était si bon. Je pense que je suis meilleur que lui, mais il avait quelque chose de magique aujourd'hui, il ne ratait rien."
Becker, sans que personne ne le sache, traverse alors une période difficile. Séparé de son entraîneur Gunther Bosch depuis le début de l'année, il ne supporte plus la pression inhérente à son statut de star, sa notoriété planétaire, sa popularité hystérique au pays. "Jene comprenais plus les Allemands ni le reste du monde. Je voulais sortir de cet encerclement", dira-t-il plus tard dans son autobiographie. La carapace s'est brisée. Soudain, Becker fait ses 19 ans. Au printemps 1987, il a commencé à prendre des somnifères. Un refuge illusoire. Ils l'accompagneront toute sa carrière. Wimbledon a changé sa carrière et sa vie. Pour le meilleur et pour le pire.
Samedi, après avoir appris la mort de son ancien bourreau, Boris Becker a publié un tweet plein de classe :
Pour Becker, cette défaite aura paradoxalement constitué une forme de libération. Peter Doohan, lui, signe là l'exploit d‘une vie. S'il n'a jamais confirmé cette extraordinaire sensation, elle lui a conféré une place dans l'histoire. Sa victoire sur Becker a ouvert la porte au sacre de son compatriote Pat Cash. Il y a un mois, interrogé par le quotidien australien The Herald alors qu'il luttait déjà contre la maladie, Doohan avait trouvé la force de rigoler de tout ça : "J'attends encore que Pat m'envoie un chèque".
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité