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Adrian Mannarino, l'éclaircie dans la grisaille bleue

Laurent Vergne

Mis à jour 17/08/2017 à 21:10 GMT+2

MASTERS 1000 CINCINNATI – Adrian Mannarino est le dernier Français en lice dans l'Ohio. Cela devient une habitude, y compris dans les plus gros tournois. Actuellement en pleine bourre quand les habituels tricolores pataugent, le gaucher s'attaque à Dominic Thiem jeudi en huitièmes de finale.

Adrian Mannarino

Crédit: Getty Images

Oubliez les "Mousquetaires", avec guillemets de rigueur, dont les lames ramollies par l'âge n'impressionnent plus grand monde. Oubliez Lucas Pouille, l'homme de la relève, en quête du second souffle après une ascension spectaculaire amorcée au printemps 2016. Oubliez Benoît Paire et ses bonnes résolutions, évaporées dans la moiteur de Cincinnati aussi vite qu'un glaçon en plein Sahara. Oubliez tous ceux-là et les autres. La valeur sûre du tennis français, en ce moment, se nomme Adrian Mannarino. A 29 ans, la patte gauche la plus insondable du circuit traverse l'été en toute discrétion, mais avec une belle efficacité.
Si les performances récentes du Francilien sont remarquées, c'est aussi parce qu'elles tranchent avec l'extrême médiocrité actuelle des habituels leaders tricolores. Si Jo-Wilfried Tsonga était à son niveau du début de saison, si Gaël Monfils surfait sur la même vague que la saison dernière, Mannarino ne dépasserait pas de la ligne de flottaison. Au royaume des aveugles, les borgnes sont rois, dit-on. Il n'est pas normal qu'Adrian Mannarino soit propulsé subitement en première ligne de l'armée tricolore. Mais la faillite collective des autres, si elle est réelle, ne doit néanmoins pas occulter sa belle période.

Cet été, il a accéléré

Pourtant, il revient de loin, Manna. Son second semestre 2016, parsemé d'éliminations au 1er tour, tournoi après tournoi, avait totalement effrité sa confiance. Son dernier match de la saison avait même eu des allures de symbole : une défaite contre Viktor Troicki, à Bercy, après avoir eu deux balles de match à 5-4 sur son propre service. Le Français n'y arrivait plus et on ne comptait plus forcément sur lui pour être performant au très haut niveau. Il savoure d'autant plus sa bonne passe actuelle.
Comme souvent dans ces cas-là, il a commencé à se refaire la cerise, au classement comme dans la tête, sur le circuit Challenger. Un titre à Nouméa en janvier, un autre à Quimper début février, et la machine s'est gentiment relancée. Adrian Mannarino a ensuite pointé le bout du nez dans des tournois nettement plus huppées, avec deux huitièmes de finale en Masters 1000, à Miami puis Monte-Carlo. Mais c'est vraiment depuis le début de l'été qu'il a accéléré : finale à Antalya, huitième à Wimbledon, quart à Los Cabos et surtout à Montréal, son premier en Masters 1000, et le voilà à nouveau en huitième cette semaine à Cincinnati.
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Adrian Mannarino, au Masters 1000 de Montréal.

Crédit: Getty Images

Au cours de ces dernières semaines, Mannarino a épinglé quelques poissons non négligeables, de Monfils à Raonic en passant par Sam Querrey, pas plus tard que mercredi. Il peut nourrir deux gros regrets : sa finale perdu à Antalya face à Sugita, qui lui aurait offert son premier titre, et ce quart qui lui a glissé entre les doigts contre Denis Shapovalov vendredi dernier au Québec. Deux victoires qui lui auraient permis de figurer d'ores et déjà dans les 30 premiers mondiaux et de bénéficier d'un statut de tête de série à l'US Open. Ce ne sera finalement pas le cas.

Et la Coupe Davis ?

Il n'en reste pas moins qu'avec 14 victoires au cours de ses cinq derniers tournois joués, Manna avance vite. C'est plus que Tsonga, Monfils et Pouille réunis sur la même période. Si la tendance se prolonge, il n'est même pas totalement absurde que le gaucher du Val d'Oise ne devienne à terme le numéro un français au classement.
Invraisemblable ? Pas tant que ça. Si l'on se réfère au classement Race, soit sur l'année 2017, Mannarino pointe à la 25e place. Seuls Pouille (21e) et Tsonga (16e) sont encore devant lui. Mais la dynamique est clairement de son côté. Avec la demi-finale de Coupe Davis début septembre, qui sait si Yannick Noah ne sera pas tenté de lui donner sa chance, même si son profil et sa personnalité atypiques pourraient le desservir.
En attendant, il trace sa route. Dans ce tournoi de Cincinnati dévasté comme jamais un Masters 1000 ne l'avait été au cours de la décennie passée, où seuls trois des seize premiers mondiaux sont encore présents au stade des huitièmes de finale, son tableau aurait pu être bien plus clément : après Querrey, Adrian Mannarino va devoir se coltiner jeudi Dominic Thiem. Rude. Mais après tout, c'est peut-être l'occasion de faire tomber un Top 10 pour la troisième fois cette saison. Jusqu'à fin 2016, il n'en avait épinglé... qu'un seul dans sa carrière. Pas de doute, cette cuvée 2017 n'est pas comme les autres.
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