US Open 2025, simple messieurs - Fin de parcours pour Adrian Mannarino, éliminé par Jiri Lehecka en huitièmes de finale

Il y avait une petite place pour éclater enfin en pleine lumière et même, quelque part, rentrer dans l'histoire. Valeureux, courageux, talentueux, Adrian Mannarino n'est pas passé si loin de s'y engouffrer. Mais le Français a fini par céder face à Jiri Lehecka (N.20) qui s'est montré particulièrement costaud pour se tirer du guêpier tricolore et l'emporter en quatre sets et 3h14 de jeu (7-6(4), 6-4, 2-6, 6-2), ce dimanche en huitièmes de finale de l'US Open. Deux ans après l'Open d'Australie 2023, le Tchèque de 23 ans jouera ainsi son deuxième quart de finale en Grand Chelem face au vainqueur du duel entre Carlos Alcaraz et un autre Français, Arthur Rinderknech, opposés au même moment sur le stadium Arthur-Ashe.

Une déception relative pour le Français, qui ne s'attendait pas à évoluer à ce niveau sur cet US Open alors qu'il envisageait très sérieusement de se retirer du circuit il y a seulement quelques semaines. Mais une déception tout de même, bien sûr : il y avait là une occasion de disputer son premier quart de finale en Grand Chelem, ce qui aurait été mérité pour l'ensemble de son œuvre. Ce qui aurait été surtout, à son âge (37 ans) et à sa 61e tentative, un exploit historique. Mais l'Australien John Pearce peut continuer de reposer en paix : à 36 ans et huit mois, il demeure le plus vieux joueur à avoir atteint son premier quart de finale majeur, lors de l'Open d'Australie 1960.

La victoire est malgré tout méritée pour Lehecka, qui s'est globalement montré plus puissant, plus conquérant et dominateur à l'échange (56 coups gagnants à 18). Comme beaucoup d'autres avant lui, le 21e joueur mondial – un bonheur n'arrivant jamais seul, il fera sa première apparition dans le top 20 la semaine prochaine – s'est régulièrement englué face au tennis cotonneux de l'atypique gaucher val-d'oisien. Il a commis pas mal de fautes, n'a pas toujours très bien servi (10 doubles fautes et seulement 52% de premières balles) ni constamment fait les bons choix. Mais il a eu le mérite de ne jamais céder à l'agacement et surtout de savoir considérablement élever son niveau de jeu à chaque fois que la menace "Manna" se précisait.

Le 77e joueur mondial pourra nourrir quelques regrets sur deux moments précis du match. Tout d'abord le tie-break du premier set, dans lequel il a mené 4-1 et deux services à suivre, sans parvenir à conclure ce set dans lequel il avait sauvé 6/6 balles de break (dont trois balles de set à 5-4). Et puis le début du quatrième manche, lors de laquelle il a mené 2-0, balle de 3-0 sur la lancée d'un troisième set rapidement ficelé. Tout près, donc, de réussir une belle "remontada" et d'embarquer son adversaire dans un cinquième set de tous les dangers.

Malgré un recours au kiné pour se faire manipuler le genou à la fin de la troisième manche, Mannarino, un peu émoussé physiquement comme il le dira après, paraissait prêt tout de même pour aller au combat. Mais c'est là où Lehecka a été très fort, aussi. Alors qu'on pouvait penser qu'il allait se laissait gagner par le doute, c'est au contraire le moment qu'il choisit pour se remettre à l'endroit. Il appuya subitement sur le champignon pour placer une accélération foudroyante, et aligner les six derniers jeux du match. Mannarino resta sur place. Mais il n'aura pas démérité, à l'image de ce joli "revival" estival - il était en huitièmes à Cincinnati - qui peut le lancer vers une belle fin de saison. Qu'on se le dise : "Manna" est toujours là.