Gaël Monfils : "Je suis trop gentil, trop sensible, à l'image de ma saison"

Pour Gaël Monfils, il était temps que ça s'arrête. Que la saison 2015 se termine. C'est lui-même qui dresse ce constat au soir de sa désillusion face à Benoît Paire au premier tour du BNP Paribas Masters (ou Masters 1000 de Paris Bercy pour les intimes). Lui qui a pourtant tant d'affinités avec ce tournoi où il a joué deux finales en 2009 et 2010 est sorti par la petite porte. Une sortie à peine croyable au vu d'un scenario dont lui-même a le secret. Un match où il a mené son adversaire 6-2, 4-0 avant un relâchement digne des plus grands hara-kiris. Entre geste intentionnel et dérapage incontrôlé, il n'y a qu'un pas.

"J'ai été trop gentil. J'ai laissé filer ce match. Le public a commencé à le siffler et ça m'a gavé, a tenu à souligner un Monfils sincère à souhait. Je le relance en jouant moins bien et puis je ne parviens pas à me relancer. Je suis moins agressif, j'ai moins de jus, je suis moins sur mes gardes. Et quand il s'est mis à mieux jouer, il m'a battu à la loyale." Pourtant, avec de meilleures statistiques au service, 30 fautes directes de moins et une balle de break convertie de plus, c'est le Parisien qui a fini par rendre les armes.

Est-ce les 24 coups gagnants supplémentaires de Paire ou sa nervosité envolée au milieu du deuxième set qui a relancé le 23e mondial ? Monfils a une autre réponse : "Aujourd'hui, j'ai joué pas super parce que même quand je lui mets 6-2 4-0, il faisait beaucoup de fautes, il était nerveux, allait vite. Ensuite, il est passé très vite à l'attaque. Il réussissait bien ses attaques. J'ai essayé de me remettre dedans parce que je me suis fait surprendre, mais je me prends 5 jeux d'affilée (de 4-0 à 4-5 dans le deuxième set). C'est à l'image de ma saison : je suis trop gentil, trop sensible."

Une saison qui semble à oublier pour Monfils : "Mon bilan de cette année est vraiment mitigée. A cause de certains choix. Cette saison, c'est quand même terrible de dire cela, mais c'est la plus mauvaise année en Grand Chelem depuis assez longtemps. J'ai très mal géré les matches en Masters 1000. C'est vraiment l'année des regrets, j'ai régressé, perdu une belle année à cause de certains de mes choix." Avec une seule demi-finale jouée en M1000 à Monte-Carlo et un huitième de finale en Grand Chelem à Roland-Garros, on peut comprendre sa frustration. Même s'il terminera l'année à la 22e place mondiale au mieux, contre une 18e fin 2014.

N'y voyez pas un tacle envoyé à Jan de Witt, l'entraîneur qui l'a suivi une bonne partie de la saison avant que Mikael Tillstrom ne prenne le relais il y a quelques semaines. Monfils estime plutôt qu'il ne s'est pas suffisamment écouté. Dans la façon de travailler et de penser son tennis. "J'ai été trop brouillon. J'ai mal géré la préparation, mes entraînements et mes choix de tournoi. Un exemple tout con peut-être : cette année j'ai l'impression que je me suis entraîné plus physiquement que tennistiquement et ça, ce n'est pas moi."

Si tout n'est pas très clair encore dans son esprit, une pause arrive à point nommé pour lui. Pour mieux reprendre une nouvelle saison pied au plancher ? Avec un discours de fin d'année qui pourrait se confrondre avec les éditions précédentes, Monfils a en tout cas l'envie de repartir sur de nouvelles bases. Avec des bonnes résolutions pour les mois à venir, un nouveau coach et un plan de bataille déjà plus ou moins élaboré pour mieux aborder les grands rendez-vous. Encore une fois… Mais c'est peut-être ça la seule chose positive à retenir de sa dernière sortie.