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Miami vintage : Federer - Kyrgios, un show et un chef-d'oeuvre

Maxime Battistella

Mis à jour 27/03/2020 à 13:05 GMT+1

MIAMI - Il n'y aura pas de tennis à Miami cette année (merci le coronavirus). Cela nous laisse un peu de temps pour nous replonger dans les grandes heures du tournoi. Chaque jour, retour sur une page marquante ou un match inoubliable restés dans l'histoire du Masters 1000 floridien. Cap sur 2017 et un chef d'oeuvre indécis jusqu'à la dernière balle entre Roger Federer et Nick Kyrgios.

Roger Federer à Indian Wells en 2017

Crédit: Getty Images

Roger Federer - Nick Kyrgios

Edition : 2017
Tour : Demi-finale
Vainqueur : Roger Federer (Suisse)
Adversaire : Nick Kyrgios (Australie)
Score : 7-6 (9), 6-7 (9), 7-6 (5)
Cette soirée floridienne endiablée valait bien des ambiances électriques sur les dancefloors de Miami. Nonchalant, parfois horripilant mais toujours déconcertant d’aisance, Nick Kyrgios a trop souvent tendance à choisir ses matches. Mais quand la motivation est au rendez-vous, alors préparez les popcorns, car vous en avez généralement pour votre argent. Et face aux trois monstres du circuit, pour des raisons différentes, il déçoit rarement. Ce 1er avril 2017, le facétieux Nick n’était donc pas d’humeur badine pour offrir à une foule happée par l’action, avec le concours d’un Roger Federer des grands soirs, un feu d’artifice de tennis offensif.
Avant même le début des hostilités, cette demi-finale sentait la poudre. Pas du genre à se laisser intimider, même s’il admire celui qu’il qualifie régulièrement de "plus grand joueur de tous les temps", l’Australien avait hâte d’en découdre. Deux semaines auparavant, il aurait déjà dû défier le Suisse en quart de finale du Masters 1000 d’Indian Wells, mais une intoxication alimentaire l’avait empêché de se présenter sur le court. Cette fois, il est prêt pour un défi qui s’annonce majuscule.
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Roger Federer à Miami en 2017

Crédit: Getty Images

Le Federer 2.0 est arrivé

Car depuis janvier, Federer vole. Lors de la seconde partie de saison 2016, après une demi-finale perdue à Wimbledon, le Bâlois avait pris une longue pause. L’objectif ? Renforcer son genou gauche qui avait subi une arthroscopie pour prolonger le plaisir quelques années. Remonté à bloc à son retour, plus relâché que jamais à Melbourne, il y met fin à une disette de près de cinq ans en Grand Chelem à l’issue d’une finale mémorable face à Rafael Nadal, son rival de toujours. Et malgré un accroc anecdotique à Dubaï, ni le Majorquin, ni personne, ne lui résistent ensuite à Indian Wells.
Auréolé de 18 victoires en 19 matches, Federer aborde donc le dernier carré floridien en pleine confiance. Pressant d’entrée grâce à un revers à une main plus percutant que jamais, il ne parvient pourtant pas à faire la différence sur ses balles de break. Car Kyrgios, comme habité, claque des services canons dès qu’il en a besoin. Sur sa première opportunité, c’est même l’Australien qui fait le break à 3-3, puis sert pour le set à 5-4. La tension le rattrape alors légèrement, sous la pression adverse, il veut trop en faire et cède à son tour son service sur une double.
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Nick Kyrgios, un peu court, face à Roger Federer - M1000 Miami 2017

Crédit: AFP

L'élève se hisse à la hauteur du "Maître"

Ce sera le dernier break d’une passe d’armes qui atteint des sommets. Entre ces deux joueurs instinctifs, c’est à celui qui se montrera le plus audacieux. Et si, dans la manche inaugurale, le Suisse a le dernier mot 11 points à 9 au tie-break, Kyrgios lui rend la pareille dans la deuxième, sauvant au passage deux balles de match. Œil pour œil, dent pour dent donc ? Pas tout à fait. Loin d’avoir l’air mauvais comme quand il croise la route de Nadal, l’Australien prend avant tout son pied face à Federer. Il semble voir en lui un modèle à dépasser, comme un petit frère qui voudrait défier son aîné, cherchant parfois dans son regard la connivence de ceux qui savent qu’ils ont un don.
Les deux hommes parlent le même tennis, et ce soir-là, à Miami, l’issue du combat reste imprévisible jusqu’au bout. Vainqueur de leur premier duel à Madrid en 2015, déjà en trois tie-breaks et après avoir perdu le premier set, Kyrgios a bien l’intention de montrer à son adversaire qu’il ne s’agissait pas d’un accident. Au service, il envoie des pétards monstrueux dès qu’il en a l’occasion, et dans le petit jeu, il se permet même de subjuguer Federer d’un passing court croisé entre les jambes, face au filet. Piqué au vif, le "Maestro" lui répond par une course folle vers l’avant et une contre-amortie parfaite quelques jeux plus tard. Dans ce festival de points gagnants, personne ne veut céder. Et c’est en toute logique qu’il faut un ultime jeu décisif pour les départager.
Immédiatement sous pression, Federer sort alors sa baguette magique : d’un passing de revers en demi-volée le long de la ligne qui frise l’indécence, il s’adjuge le premier point. La tension est à son comble, mais en ce début d’année 2017, il ne peut rien arriver au Suisse. Déjà miraculé la veille face à Tomas Berdych – il avait sauvé deux balles de match dans le tie-break décisif –, il se sort d’un sacré piège sur un dernier service extérieur gagnant, pour la plus grande joie d’un public (trop) partisan. Terriblement frustré, Kyrgios en balance sa raquette dans le filet, mais une poignée de main chaleureuse clôt ce spectacle haletant de trois heures et dix minutes.

Une douce revanche

"On ne joue pas souvent trois tie-breaks dans un match. C’est sympa d’en sortir vainqueur, c’est toujours beaucoup de sensations fortes, surtout parce que je me souviens de la défaite contre lui à Madrid voici quelques années. C’était dur, le jour de l’anniversaire de mes jumeaux en plus. Je n’étais pas avec eux, et j’avais perdu d’un rien", savoure Federer à sa sortie du court. Dans l’euphorie, il fera fi de la fatigue le lendemain.
Le Bâlois bouclera son doublé de rêve Indian Wells-Miami par une savoureuse quatrième victoire consécutive face à Nadal. Un an après être passé sur le billard pour la première fois depuis ses débuts professionnels, il s’offre ainsi, à plus de 35 ans, une seconde jeunesse qui lui permettra de retrouver brièvement la place de numéro 1 mondial début 2018.
Magnifique malgré la défaite sous les projecteurs floridiens, Kyrgios promet, de son côté, des lendemains qui chantent. "Je pense que mon niveau de jeu a été très haut bien sûr, mais mentalement je me bats sur chaque point et c’est ce qui fait la différence. Je fais les efforts nécessaires et je travaille chaque jour, j’ai une super équipe autour de moi." Seulement, ces belles paroles n’ont pas été suivies d’effet. Entre ombre et lumière, l’Aussie conserve tout son mystère.
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Nick Kyrgios après sa demi-finale perdue contre Roger Federer à Miami en 2017

Crédit: AFP

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