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Miami vintage : La double revanche du "Kid de Las Vegas"

Maxime Battistella

Mis à jour 29/03/2020 à 12:07 GMT+2

MIAMI – Coronavirus oblige, il n'y aura pas de tennis à Miami cette année. Cela nous laisse un peu de temps pour nous replonger dans les grandes heures du tournoi. Chaque jour, retour sur une page marquante de l'histoire du Masters 1000 floridien. Cap sur 1995 et l'apogée de la rivalité entre les Américains Pete Sampras et Andre Agassi qui dominent alors le tennis mondial.

Agassi - Sampras, 1995, Miami.

Crédit: Eurosport

Andre Agassi - Pete Sampras

Edition : 1995
Tour : Finale
Vainqueur : Andre Agassi (Etats-Unis)
Adversaire : Pete Sampras (Etats-Unis)
Score : 3-6, 6-2, 7-6 (3)
A Key Biscayne, ce dimanche 26 mars 1995 sent la poudre. Pour la troisième fois de l’histoire du tournoi, la finale met aux prises les deux premières têtes de série et pas n'importe lesquelles. Après Lendl-Wilander en 1986 et Lendl-Connors en 1988, place au choc fratricide qui fascine le public américain entre le numéro 1 mondial Pete Sampras et son dauphin du Nevada Andre Agassi. Déjà le troisième épisode d’une saison ouverte en fanfare par le triomphe du "Kid de Las Vegas" à Melbourne, suivi de celui de "Pistol Pete" à Indian Wells dans sa si chère Californie.
La rivalité entre les deux hommes n’a probablement jamais été aussi intense. Il faut dire que tout était réuni pour faire de chacun de leurs affrontements des événements. Tout oppose les deux hommes, à commencer par le style, aussi bien tennistique que vestimentaire. Avec son service de plomb, sa dextérité au filet, son sourire "ultra bright", sa timidité naturelle et ses tenues classiques et discrètes, Sampras a tout du gendre idéal. Agassi, lui, est plutôt du genre extraverti, provocateur dans son look et il excelle à la relance, comme depuis sa ligne de fond.
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Andre Agassi à Miami en 1995

Crédit: Getty Images

Un an plus tôt, la classe d'Agassi n'avait pas été récompensée

Depuis leur premier duel à Rome en 1989, largement remporté par un Agassi à la maturité technique plus précoce, le mano a mano tient ses promesses et, avant le début de cette finale floridienne, Sampras ne mène que d’une courte tête 8 victoires à 6. De caractères opposés, les deux Américains ne sont pas les meilleurs amis du monde, mais ils ont l’un pour l’autre un profond respect. "Je veux qu’Andre revienne dans le top 5. On peut ne pas toujours être d’accord avec ce qu’il fait, mais le tennis a besoin de lui", avait ainsi considéré Sampras l’année précédente avant de retrouver son meilleur ennemi, alors retombé à une 31e place mondiale indigne de son talent, en finale.
Car ce 26 mars 1995 est bien l’occasion d’une double revanche pour le "Kid de Las Vegas". Battu à Indian Wells deux semaines avant, il s’était aussi et surtout incliné douze mois plus tôt face à son grand rival à Crandon Park, et ce alors qu’il avait fait preuve d’une classe dont peu se seraient montrés capables à sa place. Le jour de cette finale 1994, Agassi avait accepté de reporter d’une heure le début des hostilités pour laisser à un Sampras nauséeux le temps de se faire réhydrater par intraveineuse. Retapé expressément, "Pistol Pete" n’avait pas fait de sentiments ensuite, se permettant même de renverser son adversaire (5-7, 6-3, 6-3) pour s’adjuger le titre, avant de lui rendre hommage. "Je n’oublierai jamais ce qu’il a fait", avait-il notamment confié.
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Pete Sampras bat Andre Agassi à Miami en 1994

Crédit: Getty Images

Depuis, de l’eau a coulé sous les ponts. Sur la lancée d’une saison 1994 achevée en trombe par son deuxième titre du Grand Chelem à l’US Open, Agassi a atteint la deuxième place mondiale, le meilleur classement de sa carrière. Alors en couple avec l’actrice américaine Brooke Shields et mieux dans sa tête, il a mis une partie de ses démons de côté et s’est débarrassé de ses cheveux longs (une perruque en fait, comme il le révélera plus tard dans son autobiographie Open), ce qui ne l’empêche pas de détonner avec son bouc, ses boucles d’oreille et ses baskets et chaussettes noires.

19 points consécutifs pour tout relancer

Cette fois, il semble prêt à réaliser ce pour quoi il a été programmé par son père, puis Nick Bolletieri : ravir le trône à ce satané Pete qui l’occupe depuis deux ans, quasiment sans discontinuer. Mais ce dernier, double tenant du titre, compte bien conserver son bien et réaliser un deuxième "Sunshine double" (doublé Indian Wells-Miami) consécutif et il le montre d'emblée. D’un passing croisé de revers, Sampras saisit ainsi sa première opportunité de break et réussit un début de finale parfait (0-3). Piqué au vif, Agassi n’est pourtant pas vraiment dominé, loin s’en faut. Il se procure de multiples occasions de revenir à 1-3, puis 3-5 (six en tout), sans succès, et voit le premier set lui filer sous le nez.
A 2-2, 0/40 sur son service dans le deuxième acte, la finale semble même définitivement lui échapper. Mais Agassi se rebelle, et de quelle manière ! Non content d’écarter les trois balles de break auxquelles il doit faire face, il se lance dans une série de 19 points gagnés consécutivement, une rareté dans une finale de ce niveau opposant deux rivaux aussi proches l’un de l’autre. Le numéro 2 mondial est en feu : aux retours canons succèdent les coups droits décroisés gagnants qui laissent impuissant son adversaire.
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Miami 1995 ou la double revanche d'Agassi sur Sampras

Sampras est même dominé dans la filière courte, pourtant son domaine de prédilection. Il faut dire que, dans le même temps, le Californien est lâché par son service (seulement 49 % premières balles), l’une de ses armes fatales. Comme un symbole, il concède un deuxième break blanc consécutif d'affilée et la deuxième manche… sur une double faute (3-6, 6-2). Heureusement pour lui, Sampras parvient à digérer ce passage à vide et se reprend bien dans l’ultime acte.

Un trône, deux prétendants

La bataille est alors somptueuse : intraitables sur leurs engagements respectifs, les deux hommes jouent ensemble leur meilleur tennis et se départagent logiquement au tie-break. Coupable d’une erreur évitable sur une volée facile pour lui, le numéro 1 mondial concède le premier mini-break à 2 points partout. Il ne s’en relèvera pas. Agassi enfonce même le clou en gagnant un échange clé d’un contre de revers long de ligne. Plus démonstratif que jamais, il harangue alors une foule qui ne sait pas vraiment quel côté choisir. Après un dernier retour profond qui déstabilise Sampras, le "Kid de Las Vegas" peut lever les bras après presque deux heures et quart d’une empoignade tendue.
Deux semaines plus tard, Agassi deviendra "enfin" numéro 1 mondial à presque 25 ans, puis il continuera sa belle moisson, raflant sept titres en tout en 1995, sa meilleure saison de ce point de vue. Mais il ne parviendra pas à garder le trône jusqu’au bout de l’année. Bien qu’exceptionnel lors de la tournée estivale, et encore vainqueur de Sampras en finale à Montréal, il perdra leur duel le plus important devant le public américain à Flushing Meadows (6-4, 6-3, 4-6, 7-5).
A New York, il ne parviendra d’ailleurs jamais à faire tomber "Pistol Pete". Mais à Miami, c'est une autre histoire : Agassi vivra bien d’autres succès dont un fabuleux triplé 2001-2002-2003, seulement réalisé depuis par Novak Djokovic (2014, 2015, 2016). Les deux hommes, souvent considérés comme les deux meilleurs relanceurs de l’Histoire du jeu, partagent d’ailleurs le record du nombre de titres en Floride, six chacun. Un sacré clin d’œil.
Andre Agassi après son titre à Miami en 1995.
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