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Nadal dans la 4e dimension

Eurosport
ParEurosport

Publié 24/04/2006 à 13:45 GMT+2

Nadal, joueur "unidimensionnel" ou "monolithique" ? Rien n'est moins sûr. A Monte-Carlo, Roger Federer a été battu par un contre-attaquant hors-pair, qui maîtrise tous les aspects du jeu sur terre, cette quatrième dimension du circuit qui échappe encore a

MS MONTE-CARLO
Rafael Nadal (ESP/N.2) bat Roger Federer (SUI/N.1) 6-2, 6-7 (2/7), 6-3, 7-6 (7/5)
Revivez le film du match !
"Plus je l'affronte, mieux c'est, car il a un jeu assez monolithique", avait lancé Roger Federer, bravache, avant de défier Rafael Nadal en finale du Masters Series de Monte-Carlo. Histoire de se convaincre qu'il existe bien une solution au problème posé par le Majorquin. Car en réalité, plus le Suisse joue Nadal, plus il accumule les défaites.
En cinq rencontres, hormis un renversement de situation inespéré à Miami en 2005, Roger n'a pas trouvé les bonnes réponses au QCM Nadal. Peut-être parce que le N.1 mondial ne prend pas la mesure du problème en question.
Federer estime que Nadal est un mur, et qu'il existe forcément une brèche à exploiter, creuser pour pouvoir briser l'édifice, dernier obstacle selon lui devant Roland-Garros. "Je me posais beaucoup de questions avant d'arriver ici et ce fut une très belle semaine", se rassure-t-il. J'ai fait un grand pas en avant. Aujourd'hui, j'y suis presque arrivé et je pense que mes chances de gagner Roland-Garros sont à la hausse après cette semaine. Une étape a été franchie. Jouer contre Nadal m'aide à progresser. Depuis qu'il est là, j'ai déjà amélioré des choses. Et plus je l'affronte, mieux c'est."
"Je me sens à égalité avec lui"
Cette nouvelle défaite ? Une étape vers les futurs succès : "J'ai fait un bon match même si j'ai quelques regrets sur le nombre d'occasions que je n'arrive pas à saisir, notamment sur des balles de break. Mon nombre de fautes directes ? Cette statistique ne m'intéresse pas. Nadal ne me laisse pas le choix, contre lui il faut prendre des risques. Ceux qui prétendent le contraire, je leur propose d'essayer à ma place. Avoir perdu trois fois de suite contre lui ne me décourage pas."
En quelque sorte, Federer pense que cela finira bien par passer. En attendant, il faut faire bonne figure. Le Suisse a été mené tout au long de la partie, n'arrachant que trois débreaks pour venir tenter sa chance au tie-break, mais il n'accepte pas la supériorité de son jeune rival : "Nadal trop fort pour moi ? Je ne suis pas d'accord. Aujourd'hui, ça s'est joué à tellement peu que ce serait faux de dire ça. Je me sens à égalité avec lui". Au-delà de la générosité des deux acteurs de cette finale palpitante et prometteuse, et de leur respect mutuel, une authentique rivalité a percé au grand jour à Monaco.
Une glorieuse rivalité
Avec, en toile de fond glorieuse la terre de Roland-Garros, les deux hommes se retrouvent déjà face-à-face. Et l'opposition de style sur et hors du court est remarquable : Federer glisse avec humour pour finir sur une pirouette : "Le seul petit avantage que je lui concède c'est qu'il est gaucher et il y en a pas beaucoup sur le circuit. Je n'y suis pas habitué, cela explique en partie mon mauvais début de match. J'ai bien mon entraîneur (Tony Roche) qui est gaucher mais, bon, il est un peu vieux."
Nadal rappelle humblement qu'il fait simplement le nécessaire pour gagner : "C'est une très belle victoire. Un succès comme ça on ne s'y habitue jamais, surtout face à Federer. C'est très spécial de commencer la saison sur terre battue par un titre. Le match a été très dur, j'étais très déçu d'avoir laissé passer ma chance dans le deuxième set. Après, je suis passé par des moments difficiles. J'ai été breaké dans le troisième set, mais ensuite il a fait quelques erreurs et ça m'a permis de repartir de l'avant. Dans l'ensemble, je suis très satisfait de ma performance, j'ai été très agressif en coup droit, très régulier et concentré tout au long du match. J'ai juste très mal servi. J'avais un problème avec le sable mais ce n'est pas une excuse: c'était nul, tout simplement."
Briser le miroir
Le jugement sévère que le prodige de Majorque porte sur sa performance au service révèle une évidence que l'on ne retrouve pas dans les propos de Federer : Nadal est humain. Il n'est pas fait d'un seul bois ou d'une seule pierre, comme une stèle ibérique plantée au milieu du court Philippe Chatrier. Lui aussi peut avoir peur de perdre face à Federer, et ses fautes grossières dans les moments importants du deuxième et quatrième set de la finale l'ont prouvé. Mais lui aussi peut s'améliorer.
Sur terre battue, face à Nadal, Federer n'est plus seul face à lui-même. Celui qui pourrait devenir le meilleur joueur de l'histoire du tennis doit briser le miroir. Apprendre à jouer contre un gaucher ne suffira pas pour remporter Roland-Garos et réussir le "Petit Grand Chelem". Il faudra être meilleur que Nadal, lequel n'aura que 20 ans le 3 juin 2006, et va encore progresser... On l'a vu dimanche, Rafael a souvent tenté d'étouffer son aîné en venant lui-même claquer des volées cinglantes au filet... Une attitude très éloignée du simple relanceur...
Une question d'instinct
Farouche combattant, Nadal transforme le moindre court de terre battue en île déserte imprenable, forteresse qui ressemble à Manacor sa ville natale. Sa rage de vaincre est permanente. Et Federer, qui a mis quatre ans à raisonner un tempérament impulsif pour remporter ses trophées, devra retrouver cette haine instinctive de la défaite pour se mettre au niveau de l'Espagnol.
"J'ai bien aimé notre combat" avouait d'ailleurs Roger après la rencontre, comme s'il avait pris du plaisir non pas à se faire battre, mais à retrouver ces émotions trop fortes pour être contenues. Ainsi, quand après avoir concédé un double break dans la quatrième manche, le Suisse a soudainement propulsé violemment une balle dans la mer, loin derrière les tribunes, avant de refaire son retard avec une énergie nouvelle.
De l'autre côté du court, Nadal serre encore et toujours le poing. Beaucoup mieux qu'un simple "laboureur couronné", le protégé de l'oncle Toni Nadal est en train de devenir un champion exceptionnel, forgé dans le combat perpétuel propre aux joueurs de terre battue, mêlant humilité et fierté : "Tous les jours, je peux perdre, même sur terre battue. Bon, si je suis à 100%, je sais que j'ai de bonnes chances de gagner. Mais, franchement, plein de joueurs peuvent me battre."
Et de relancer le défi dès cette semaine : Le fait d'avoir remporté 42 victoires de suite sur terre battue me fait évidemment plaisir. Le record de Borg et Vilas (46 et 53)? Oui j'y pense, c'est déjà 'sympa' d'être le N.3 de l'histoire. Maintenant pour dépasser Borg, il faut que j'aille en finale à Barcelone. Ce n'est pas facile."
CLASSEMENT SUR TERRE BATTUE (tournois sud-américains inclus)
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