Episode 4: les gladiateurs

MS ROME - FINALE

Dans l'ambiance péplum du Foro Italico, auquel les spectateurs chanceux de dimanche pourront accéder en empruntant la "Viale dei Gladiatori", deux hommes vont se faire face pour la sixième fois de leur carrière. Aucun des deux n'a les compétences de Spartacus, mais à défaut de prendre la vie de leurs adversaires ces deux combattants se contentent d'une passion : vaincre sur un court de tennis.

Le plus vieux, 24 ans, est le génie de sa génération. Né au coeur de l'Europe, il se pose en héritier de l'Américain Pete Sampras mais revendique également son désir de s'imposer sur terre battue. Voici Roger Federer, qui explique à tous que son jeu consiste à agresser l'adversaire, quel qu'il soit, a déjà été finaliste à Rome en 2003. Vaincu à l'époque par l'Espagnol Felix Mantilla, il est revenu cette année avec l'intention d'atteindre au moins les quarts de finale et de s'aguerrir un peu plus en perspective de Roland-Garros. Depuis sa défaite en demi-finale des Internationaux de France en 2005, il a toujours atteint la finale des tournois auxquels il a participé (soit 13, Lendl détient le record avec 18 finales consécutives).

Le plus jeune, qui aura 20 ans le 3 juin 2006, est né sur une île des Baléares, à Majorque. Sur ce bout de terre, puis à Barcelone, il a appris à dominer la terre battue comme un paysan. Sur cette surface, il semble jouer à l'instinct. Il allie un physique impressionnant et une rage de vaincre rare. Emilio Sanchez, qui avait eu l'occasion de jouer contre lui quand le Majorquin avait 12 ans, se souvient de sa détermination pour un simple match d'entraînement : "Il ne voulait qu'une seule chose : me battre". Vainqueur à Roland-Garros l'an dernier, blessé au pied et revenu au sommet malgré deux mois de convalescence entre les deux saisons, numéro 2 mondial, il est devenu invincible sur la surface qui l'a vu grandir (52 victoires consécutives à ce jour, seul Guillermo Vilas a fait mieux avec 53 victoires).

Malgré la qualité des tableaux à Monte-Carlo, Rome ou encore Hambourg, le dernier Masters Series avant Roland-Garros la semaine prochaine, tous les yeux sont déjà braqués sur Roland-Garros. Rafael Nadal ne veut pas endosser le lourd costume de favori, et Roger Federer doit encore prouver qu'il peut battre ce dernier. Leur face-à-face, qui dépasse le simple cadre de la saison sur terre, s'impose comme le feuilleton le plus intéressant depuis les grandes heures de Sampras et Agassi ou mieux, celles des grands joueurs des années 80.

Vainqueur de Nicolas Almagro et de David Nalbandian cette semaine, Federer a confirmé ses déclarations de Monte-Carlo : "Plus je joue sur terre, mieux c'est." Interrogé cette semaine, Roger Federer avait donné son avis sur les problèmes que lui posent la terre. Pour lui, la maîtrise de la glisse est essentielle : "Glisser permet d'aller chercher quelques points de plus que l'on pourrait pas rattraper sur une autre surface", ce qui remet dans le jeu bon nombre d'adversaires que le Suisse expédie habituellement. Mais j'aime par exemple les duels amorties - contre-amorties. Je pense que le public apprécie aussi."

En finale de Monte-Carlo, celui qui est encore en lice pour le "Petit Chelem", voire le Grand Chelem, avait pourtant été fébrile face à son jeune rival. Comment expliquer que le Maestro doute au point de déjouer ? Gaël Monfils, battu par Nadal samedi, a une première explication : "Ce qui fait sa force, c'est que dès qu'on s'oublie un peu, il reprend l'ascendant avec son coup droit de gaucher."

Mais Federer de répliquer immédiatement : "Je relève le défi de jouer des gauchers. Avant, je détestais. Mais maintenant, j'adore. Il n'y en a pas tant que ça. Et je ne pense pas que cela va m'aider de jouer un gaucher tous les 10 ou 20 joueurs. Mais heureusement j'ai un entraîneur gaucher (ndlr: Tony Roche)."

Qu'importe le bras, pourvu qu'on ait l'ivresse de la victoire semble dire lui aussi Rafael Nadal à chaque match. Tenant du titre, l'Espagnol pourrait fléchir sous la pression constante. Il se sent très à l'aise dans la foulée de Federer : " J'ai un souvenir fantastique de la finale de l'année dernière (victoire en cinq sets contre Guillermo Coria). J'étais mené 3-0 dans le cinquième et c'est là que le public a commencé à m'encourager et m'a permis de revenir."

Et de relativiser encore ses éblouissantes performances : "je ne sais pas si je suis meilleur que l'année dernière, de toute façon je n'aime pas comparer, mais en tout cas, je sais faire plus de choses, notamment quand il s'agit d'avancer dans le court. La pression, c'est plus le fait de jouer la finale à Rome, qui est un des plus grands tournois sur terre battue, que d'égaler le record. Le favori, c'est toujours le N.1 mondial. Dans ce cas, c'est Roger Federer. Le fait d'avoir gagné mes trois derniers matches contre lui aide pour la confiance, mais Roger reste un joueur d'un niveau galactique."

LA FINALE 2005

R.Nadal (ESP/N.5) bat G.Coria (ARG/N.9) 6-4, 3-6, 6-3, 4-6, 7-6 (8/6)
Le compte-rendu de la finale

LEUR PARCOURS

Roger Federer
1er tour : Federer bat Juan Ignacio Chela (ARG) 6-2, 6-1
2e tour : Federer bat Potito Starace (ITA, wc) 6-3, 7-6 (7/2)
3e tour : Federer bat R. Stepanek (CZE/N.14) 6-1, 6-4
1/4 : Federer bat Nicolas Almagro (ESP) 6-2 6-7 7-5
1/2 : Federer bat David Nalbandian (ARG/N.4) 6-3, 3-6, 7-6 (7/5)

Rafael Nadal
1er tour : Nadal bat Carlos Moya (ESP) 6-1, 2-6, 6-2
2e tour : Nadal bat F. Volandri (Ita) 6-1, 6-2
3e tour : Nadal bat T. Henman (GBR) 6-2, 6-2
1/4 : Nadal bat Fernando Gonzalez (CHI) 6-4, 6-3
1/2 : Nadal bat Gaël Monfils (FRA) 6-2, 6-2.

FACE-A-FACE : 4-1 pour Nadal

2006 MS Monte-Carlo (terre battue, finale) Nadal 6-2, 6-7 (2/7), 6-3, 7-6 (7/5)
2006 Dubaï (dur, finale) : Nadal 2-6, 6-4, 6-4
2005 Roland-Garros (terre battue, 1/2 finale) : Nadal 6-3, 4-6, 6-4, 6-3
2005 Miami (dur, finale) : Federer 2-6, 6-7 (4/7), 7-6 (7/5), 6-3, 6-1
2004 Miami (dur, 2e tour) : Nadal 6-3, 6-3

LE PALMARES DU TOURNOI

2005 Foro Italico Rafael Nadal (ESP)
2004 Foro Italico Carlos Moya (ESP)
2003 Foro Italico Felix Mantilla (ESP)
2002 Foro Italico Andre Agassi (USA)
2001 Foro Italico Juan Carlos Ferrero (ESP)
2000 Foro Italico Magnus Norman (SWE)

1999 Foro Italico Gustavo Kuerten (BRA)
1998 Foro Italico Marcelo Rios (CHI)
1997 Foro Italico Alex Corretja (ESP)
1996 Foro Italico Thomas Muster (AUT)
1995 Foro Italico Thomas Muster (AUT)
1994 Foro Italico Pete Sampras (USA)
1993 Foro Italico Jim Courier (USA)
1992 Foro Italico Jim Courier (USA)
1991 Foro Italico Emilio Sanchez (ESP)
1990 Foro Italico Thomas Muster (AUT)

1989 Foro Italico Alberto Mancini (ARG)
1988 Foro Italico Ivan Lendl (CZE)
1987 Foro Italico Matis Wilander (SWE)
1986 Foro Italico Ivan Lendl (CZE)
1985 Foro Italico Yannick Noah (FRA)
1984 Foro Italico Andres Gomez (ECU)
1983 Foro Italico Jimmy Arias (USA)
1982 Foro Italico Andres Gomez (ECU)
1981 Foro Italico Jose-Luis Clerc (ARG)
1980 Foro Italico Guillermo Vilas (ARG)

1979 Foro Italico Vitas Gerulaitis (USA)
1978 Foro Italico Bjorn Borg (SWE)
1977 Foro Italico Vitas Gerulaitis (USA)
1976 Foro Italico Adriano Panatta (ITA)
1975 Foro Italico Raul Ramirez (MEX)
1974 Foro Italico Bjorn Borg (SWE)
1973 Foro Italico Ilie Nastase (ROM)
1972 Foro Italico Manuel Orantes (ESP)
1971 Foro Italico Rod Laver (AUS)
1970 Foro Italico Ilie Nastase (ROM)

1969 Foro Italico John Newcombe (AUS)
1968 Foro Italico Tom Okker (NED)
1967 Foro Italico Martin Mulligan (AUS
1966 Foro Italico Tony Roche (AUS)
1965 Foro Italico Martin Mulligan (AUS)
1964 Foro Italico Jan Lundquist (SWE)
1963 Foro Italico Martin Mulligan (AUS
1962 Foro Italico Rod Laver (AUS)
1961 Sporting Torino Nicola Pietrangeli (ITA)
1960 Foro Italico Barry McKay (USA)

1959 Foro Italico Luis Ayala (CHI)
1958 Foro Italico Mervyn Rose (AUS)
1957 Foro Italico Nicola Pietrangeli (ITA)
1956 Foro Italico Lewis Hoad (AUS)
1955 Foro Italico Fausto Gardini (ITA)
1954 Foro Italico Budge Patty (USA)
1953 Foro Italico Jaroslav Drobny (CZE)
1952 Foro Italico Frank Sedgman (AUS)
1951 Foro Italico Jaroslav Drobny (CZE)
1950 Foro Italico Jaroslav Drobny (CZE)

1936-1949 Non disputé

1935 Foro Italico Wilmer Hines (USA)
1934 T.C. Milano Giovanni Palmieri (ITA)
1933 T.C. Milano Emanuele Sartorio (ITA)
1932 T.C. Milano André Merlin (FRA)
1931 T.C. Milano George Hughes (GBR)
1930 T.C. Milano William Tiden (USA)