Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

Infographie - Nadal, un style et une carrière en péril ?

Jean-Baptiste Duluc

Mis à jour 01/03/2018 à 11:16 GMT+1

Contraint de déclarer forfait à Acapulco, Rafael Nadal n'a plus terminé un tournoi depuis le 15 octobre dernier au Masters 1000 de Shanghai. Des blessures récurrentes qui posent autant de questions sur le calendrier que sur la gestion par Nadal de son propre corps.

Rafael Nadal lors de l'Open d'Australie 2018

Crédit: Getty Images

Chaque année qui passe nous rapproche un peu plus du jour où Rafael Nadal ne se remettra plus de ses désormais trop récurrentes blessures. Depuis 2010-2011, l'Espagnol n'a plus jamais enchaîné deux années complètes au plus haut niveau, alternant mois de folies et longues absences. Revenu au sommet de la hiérarchie mondiale en août dernier trois ans après son dernier règne, le Majorquin ne l'est déjà plus. La faute en partie aux blessures qui lui pourrissent encore la vie.
C'est simple, il n'a plus quitté "normalement" (par une défaite ou une victoire) le tableau d'un tournoi depuis octobre dernier et sa défaite en finale à Shanghaï face à Roger Federer, soit 5 mois nourris par quatre forfaits et trois abandons. Dont le dernier ce mardi pour l'ATP 500 d'Acapulco, qui devrait mettre en (sérieux) péril sa participation à la tournée américaine. A enchaîner les pépins physiques comme cela, Rafael Nadal va finir par devoir se poser les bonnes questions car il ne se remettra pas toujours des blessures aussi bien qu'en 2017 et, si tout n'est clairement pas de sa faute, l'Espagnol a aussi sa part de responsabilité.
Nadal, la spirale sans fin

Un calendrier ATP trop dense avec trop d'obligations …

Beaucoup des cadors du circuit s'en plaignent aujourd'hui et l'accumulation des blessures ces derniers mois dans le top 10 y est en grande partie liée. Wawrinka, Djokovic, Murray, Nishikori, Nadal, etc … Tous manquent régulièrement à l'appel. Et le premier fautif est sans nul doute le calendrier. Avec l'agencement actuel et les tournois qui s'enchaînent, il est quasi impossible de s'offrir plus d'une semaine de repos sans en être pénalisé au classement. Surtout lorsqu'on voit les enchaînements des gros tournois à certaines périodes de la saison, quelles que soient les surfaces.
Rafael Nadal lui-même avait été l'un des premiers à critiquer le calendrier sur terre battue en 2008, estimant que l'ATP "détruisait" le circuit européen avec l'enchaînement Monte Carlo, Barcelone, Rome, et Hambourg juste avant Roland-Garros. Ce n'est pas pour rien que le tournoi allemand a depuis été rétrogradé en ATP 500 et n'attire plus les cadors. Rajouter à cela les obligations de 18 tournois par an qui incombent aux 30 meilleurs mondiaux et vous obtenez un système qui mérite réflexion. Nadal l'a bien dit : "Ceux qui dirigent le circuit devraient s'interroger sur ce qui est en train de se passer". Si on se réfère à la disparition de la Coupe Davis, c'est peut-être le cas.

… que Nadal s'est toujours épuiser à écumer

Les deux derniers succès d'un "gros" à Hambourg viennent bien sûr de Rafael Nadal. C'était en 2015 et en 2008. Tout un symbole pour un joueur qui adore la terre battue - et elle le lui rend bien - et le tennis en général. Sans doute même un peu trop. Depuis ses débuts sur le circuit, l'Espagnol a pris l'habitude de multiplier les tournois, sans faire vraiment attention. "J'ai toujours été de ceux qui forcent pour jouer", déclarait-il ainsi lors la conférence de presse sur son abandon à Acapulco. Mais est-ce une bonne chose ?
Sur sa grande période, entre 2005 et 2011, il a constamment joué plus de 80 matchs dans l'année, allant même jusqu'à un impressionnant 93 (!) en 2008. Ne sautant que très rarement des tournois, que ce soit sur dur, sur herbe et encore moins sur terre battue, le Majorquin s'épuise depuis treize ans à satisfaire le plus grand nombre d'organisateurs, à enchaîner les participations. Un rythme intenable qu'il ne tient désormais plus qu'une saison sur deux, étant blessé l'autre.
picture

Rafa Nadal vs Stan Wawrinka - Roland Garros final 2017

Crédit: Getty Images

Contrairement à Federer, il joue comme à 20 ans…

Mais l'enchaînement n'est pas tant un souci que l'âge qu'a atteint Nadal. Jouer plus de 80 matchs par an à 25 ans, cela se défend et a même un certain sens. Tenter pareille saison à bientôt 32 ans, c'est un suicide programmé. Surtout quand, comme l'Espagnol, le physique joue un rôle prépondérant dans son jeu. Sa capacité à enchaîner les efforts, les courses, ont toujours été son point fort, ce qui l'aide à être un défenseur hors pair. Seulement, à 31 ans, le corps de Nadal - de tout homme en fait - ne supporte plus la dose d'efforts que lui impose l'Espagnol, match après match, au rythme de 78 matches par saison comme l'an passé.
Mais le Majorquin n'est pas le seul joueur à avoir vu les blessures lui pourrir la vie. Seulement, au contraire par exemple d'un Roger Federer qui a changé sa façon de jouer pour rester au top (et n'a joué que 53 matchs en 2017), Nadal est toujours le même sur le terrain, à courir dans tous les sens, à se battre sur toutes les balles même les plus improbables et à allonger les échanges. Et son physique ne le supporte pas.

… et ne repose que très peu

L'autre différence majeure entre Roger Federer et l'Espagnol depuis leurs retours respectifs réside dans les temps de repos que les deux joueurs s'accordent entre les tournois. Déjà, le Suisse est le seul à s'octroyer une période "off" en cours de saison pour mieux se préparer pour les objectifs majeurs. A l'image des cyclistes en soit, passés eux aussi par ce changement de préparation. Sa période de coupure durant Roland-Garros est sans doute ce qui lui a permis de si bien gérer sa saison, sans se blesser. Surtout, là ou Nadal ne cumule que 148 jours de repos entres ses tournois, Federer en a lui 169, en ayant participé à 6 tournois de moins !
Car, contrairement au Suisse qui a appris à écouter son corps pour prévenir les blessures, l'Espagnol n'hésite pas à enchaîner (4 "back-to-back" selon les termes NBA, à deux) avec à peine 9,8 jours de repos entre les tournois en moyenne, contre 18,7 pour le numéro un mondial, tant que le corps lui permet. Une différence colossale qui se traduit également dans les absences pour cause de blessure. Son forfait à Acapulco est un nouveau frein dans sa saison. Un mal pour un bien ? Peut-être car, pour durer dans sa fin de carrière, Nadal va devoir s'adapter au risque de voir ses blessures l'arrêter définitivement. Et ce serait dommage.
picture

Rafael Nadal of Spain watches the big screen after challenging a line call in his quarter-final match against Marin Cilic of Croatia on day nine of the 2018 Australian Open at Melbourne Park on January 23, 2018 in Melbourne, Australia

Crédit: Getty Images

Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité