Federer, l'altimètre

REJOINDRE PETE SAMPRAS ET SES 14 TITRES DU GRAND CHELEM

. Roger Federer compte 13 titres : 5 Wimbledon, 5 US Open et 3 Open d'Australie.

. Pete Sampras compte 14 majeurs à son palmarès : 7 Wimbledon, 5 US Open et 2 Open d'Australie. L'Américain a perdu 4 finales : trois à l'US Open et une à l'Open d'Australie. Roger Federer en a perdu quatre également, trois à Roland-Garros et une à Wimbledon, toutes face à Rafael Nadal.

Roger Federer jubile. Avant de savoir qui allait s'opposer à lui en finale, le Suisse profitait déjà de la situation, jeudi, à l'idée de pouvoir égaler l'Américain Pete Sampras dimanche. C'était aussi l'occasion de s'asseoir sur les plus récentes remises en question de son jeu : "C'est un grand moment dans ma carrière de pouvoir égaler le record de Sampras. J'ai deux jours pour me préparer. Mais à partir de demain soir (vendredi), je me concentrerai sur mon adversaire en espérant produire dimanche le match parfait."

Comme en 2006 à Melbourne et plus récemment à l'US Open l'année dernière, Federer a gagné un match en cinq sets. Comme en 2007, il a battu Andy Roddick en demi-finales. Les augures sont bons pour le triple vainqueur du tournoi (2004, 2006 et 2007). Cela lui permet d'arriver avec un large sourire en conférence de presse. Quand il expliquait que son potentiel physique ne lui avait pas permis d'aller au bout de lui-même l'année dernière, il a légèrement modifié son discours jeudi : "Je crois que j'avais bien joué l'an dernier tout au long du tournoi mais Novak Djokovic avait joué un match fantastique. J'aurais pu être dans une meilleure forme mais il avait mérité sa victoire".

Depuis le début de la saison, Roger avait fait savoir qu'il n'avait rien perdu de son regard aiguisé sur le circuit. Les petites piques amicales à l'encontre d'Andy Murray annonçaient un Federer impliqué, prêt à donner quelques coups de piolet dans la première ascension. A défaut d'avoir vraiment souffert du mal de l'altitude, Roger redevient progressivement le juge de paix qu'il a été pendant quatre ans. Le chef de cordée prend de la hauteur et vise les opinions volatiles : "Je suis assez surpris des humeurs changeantes des fans ou des médias. "Si je perds contre (Tomas) Berdych, tout le monde s'écrie:'Oh mon Dieu, il n'est plus le même!'. Et quand je corrige (Juan Martin) Del Potro, tout redevient normal. Ce n'est comme cela que ça marche. Vous ne perdez pas votre ascendant aussi vite, ce n'est juste pas possible. Je sais que je joue bien. Je sais aussi qu'on peut tomber sur un joueur 'hot'."

Pour son dessert himalayen, Roger Federer ne faisait pas la fine bouche avant de connaître son adversaire. Là encore, il vantait les mérites des deux adversaires possibles, sans relever plus que ça la possibilité de jouer Rafael Nadal pour la première fois à Melbourne, pour leur septième finale de Grand Chelem : "Je crois que Fernando frappe plus fort au service mais Rafa commet moins de fautes. Comme les deux jeux se ressemblent, je n'ai qu'une crainte: que celui qui prenne l'ascendant s'impose ensuite assez facilement." Et de se montrer à la fois pragmatique et détaché : jouer Verdasco, vu son inexpérience, "ce serait un avantage pour moi" , a reconnu Roger Federer. Un match contre Rafa, "ça donnerait un match intrigant."

Roger Federer expliquait au printemps dernier, lors d'un entretien donné au magazine américain Inside Tennis, qu'il aimerait qu'on se rappelle de lui pour ses "oeuvres de charité, ses résultats et son fair-play". A Melbourne, il sait qu'il a rendez-vous avec l'histoire, c'est-à-dire avec Pete Sampras, une fois de plus. "J'ai eu Pete au téléphone, a confié Federer. Il espère que je vais gagner, il se réjouit pour moi." Car en attendant dimanche, Federer a déjà rejoint Sampras au nombre de finales disputées dans un majeur : 18. 18 sommets atteints, et 13 décorés avec le drapeau suisse. Le Suisse n'est plus qu'à une longueur du record. "C'est Ivan Lendl qui l'a, pas vrai (19, NDLR) ? C'est sympa de s'en approcher", lance Federer l'air de rien. Malgré l'altitude, "Rodgeur" ne manque jamais d'oxygène quand il s'agit d'évoquer l'histoire du tennis..

LE MOT D'ANDY RODDICK

A la fois témoin et victime, l'Américain a bien résumé l'impression laissée par Federer ces derniers jours : "Quand Pete a remporté son 14e Grand Chelem, c'était en 2002. On n'imaginait pas qu'un joueur pourrait égaler cette performance aussi vite". C'est assez drôle: Pete a bercé mon adolescence et je partage ma vie d'adulte avec Roger (...) On a l'impression qu'il bouge sans effort et ça économise son corps. Mais je n'affirme rien de nouveau ou de révolutionnaire en disant quel joueur talentueux et incroyable il est."

LES RECORDS DU NOMBRE DE MATCHS GAGNES A MELBOURNE

Stefan Edberg (SWE) : 56 victoires - 10 défaites
Andre Agassi (USA) 48 victoires - 5 défaites
Ivan Lendl (CZE et USA) 48 victoires - 10 défaites
Roger Federer (SUI) 47 victoires - 6 défaites
Pete Sampras (USA) 45 victoires - 9 défaites