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Le patronage de Davenport, les louanges des Williams et le coup droit de Blake : voici Madison Keys

Guillaume Willecoq

Mis à jour 29/01/2015 à 01:10 GMT+1

Madison Keys, 35e joueuse mondiale et tombeuse de Petra Kvitova et Venus Williams précédemment, défie Serena Williams en demi-finales de l’Open d’Australie. Le tennis américain est unanime pour considérer tenir sa relève en cette jeune fille de 19 ans. Tout ce qu'il faut savoir sur elle.

Hawkeye: Madison Keys – Queen of the serve?

Crédit: Eurosport

Sous le patronage des plus grandes

Filles d’un couple de juristes de l’Illinois, Madison Keys a eu son premier contact avec le tennis à l’âge de quatre ans, devant sa télévision. "C’était Venus Williams. Un match à Wimbledon. Ne m'en demandez pas plus, je suis incapable de me souvenir de quel match il s'agissait. Mais j’avais adoré sa robe." Le penchant de l’aînée des sœurs Williams pour la mode a donc amené la petite fille à fouler pour la première fois un court de tennis. Très vite, elle se révèle douée et, à neuf ans, elle intègre l’académie de Chris Evert, à Boca Raton. Ses premiers contacts avec le haut niveau sont bluffants : à 14 ans, lors d’une exhibition intervilles, elle bat Serena Williams par 5 jeux à 1. "Je ne m'attendais pas à ça. Elle m'a détruite", se souvenait cette semaine la numéro un mondiale. La même année, en 2009 donc, elle effectue ses débuts sur le circuit ITF et bat la Russe Alla Kudryatseva, 81e mondiale, devenant la 7e plus jeune joueuse à remporter un match professionnel, à 14 ans et 48 jours.
Elle a ensuite tâtonné, délaissant les tournois juniors à 16 ans, avant de percer sur le circuit WTA à 18, en 2013. Depuis la fin 2014, elle est entraînée par une autre légende du tennis américain, Lindsay Davenport. Au départ, la triple gagnante en Grand Chelem devait seulement suivre de loin sa carrière, la superviser en lui donnant quelques conseils, mais elle a vite eu envie de s'investir plus : "Madison a un incroyable potentiel. La première fois que j’ai tapé la balle avec elle, je me suis dit : ‘Mon dieu, cette fille a la plus lourde frappe de balle que je connaisse.’ Et je vous rappelle que j'ai croisé Venus, Serena et Maria Sharapova dans ma carrière."

Sa frappe de balle déménage

Devinez quelle joueuse est créditée du coup droit le plus rapide enregistré dans le tableau féminin de l’Open d’Australie ? Et oui, Madison Keys, chronométrée à 120km/h lors de son deuxième tour contre Casey Dellacqua. Elle devance Maria Sharapova et Serena Williams, flashées respectivement à 112 et 111km/h. Et puisque le service de la jeune fille est au diapason (30 aces passés en cinq matchs à Melbourne, des pics à 195km/h en première balle), aux Etats-Unis, les comparaisons fleurissent évidemment avec, au choix, les sœurs Williams, Jennifer Capriati ou Lindsay Davenport elle-même. Mais en réalité, sa morphologie athlétique et son explosivité la rapprocheraient plutôt d’un compatriote de l’ATP, James Blake.
Avec les mêmes points forts – service, frappe de balle des deux côtés et record de vitesse pour un coup droit – mais aussi les mêmes facettes à polir – chose que Blake n’a pas su faire malgré la qualité du matériau brut. Lindsay Davenport : "Avec toutes les armes qu’elle possède à seulement 19 ans, je me suis demandée en quoi je pouvais l’aider, et en quoi elle devait s'améliorer encore. La réponse était assez claire. Sa technique est bonne. C'est plutôt dans l’approche des matchs qu'elle doit progresser, et dans la manière de jouer les points importants. Elle doit apprendre à se donner un peu plus de marge : avec sa qualité de frappe hors normes, elle n’a pas besoin de prendre des risques sur chaque coup comme elle le fait parfois. Contrairement à Caroline Wozniacki par exemple, Madison n'a pas à forcer sa nature pour être agressive. C'est un atout, mais un atout à canaliser."

Une joueuse déjà redoutée des meilleures

Fort logiquement, le tennis "punchy" de l’Américaine s’épanouit sur surfaces rapides. L’an dernier, elle a remporté son premier titre WTA sur le gazon d’Eastbourne, battant au passage Jelena Jankovic, n°7 mondiale, et Angélique Kerber, n°5. A Wimbledon, dans la foulée, elle a porté à sept matches sa série de victoires, avant de se blesser au troisième tour contre Yaroslava Shvedova. Mais à ce moment-là déjà, son nom ressortait à l’heure de chercher de potentielles trouble-fêtes en deuxième semaine. La voir franchir l'étape six mois plus tard à Melbourne n'est donc pas à proprement parler un coup de tonnerre.
Il faut dire que, comme toute Américaine qui se respecte, Madison aime les gros matchs : outre Kerber et Jankovic, elle compte déjà des victoires sur Li Na, Simona Halep ou encore Dominika Cibulkova... avant d’ajouter Petra Kvitova et Venus Williams à son tableau de chasse à Melbourne. Et tout cela alors qu’elle n’a pas encore intégré le Top 20 (ce sera le cas lors de la prochaine publication du classement WTA) : pas étonnant qu’elle suscite les superlatifs. Serena Williams : "J’adore son état d’esprit. Elle est si jeune mais elle a un potentiel incroyable." Venus : "J’adore la regarder jouer. L'affronter, par contre, c’est moins sympa !" Sans oublier Chris Evert : "Elle peut incontestablement monter très haut. Techniquement, elle a les armes pour devenir numéro 1 mondiale et gagner des tournois du Grand Chelem. Sa puissance au service rivalise avec celle des sœurs Williams. Reste à voir si le mental suivra. Mais tout laisse à penser que oui."

La tête froide pour incarner la relève du tennis américain

Deux ans après sa révélation en Australie, un jour de victoire sur Serena Williams en quarts de finale, Sloane Stephens n’a toujours pas réellement confirmé. Suite aussi au "pschitt" Melanie Oudin, le tennis américain s’est habitué ces dernières années aux espoirs quelque peu déçus – et pas seulement chez les filles, si l’on s’en réfère à Donald Young côté ATP. Mais outre un tennis plus taillé pour les exigences du jeu moderne que celui d'Oudin, Madison Keys affiche surtout plus d’humilité que Stephens : "Ce que j’ai tout de suite aimé chez elle, reprend Davenport, c’est son enthousiasme.Elle est avide de conseils, très à l’écoute. Et bien entourée, aussi, ce qui est très important pour le projet dans la durée. Elle a la tête sur les épaules." Cela vaut mieux : opposée à ni plus ni moins qu’à Serena Williams pour sa première demi-finale en Grand Chelem, tous les regards vont être braqués sur elle. En quête d’un potentiel passage de témoin ou, à tout le moins, d'une confirmation de ce que toutes les légendes du tennis américain pressentent : leur relève a enfin trouvé un visage dans lequel s’incarner.
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Madison Keys celebrates her win over Madison Brengle

Crédit: AFP

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