Federer est plus que jamais Monsieur Grand Chelem

Si Roger Federer aime les comptes ronds, le Suisse doit être un homme comblé à l'issue de cet Open d'Australie. La concomitance de ses 30 finales et de ses 20 titres en Grand Chelem, deux barres pour le moins parlantes, l'une ahurissante, l'autre mythique, conforte plus que jamais Federer dans sa propre galaxie en matière de palmarès dans les tournois majeurs.

Depuis qu'il a accédé à sa toute première finale de Grand Chelem en 2003, Federer a été présent plus d'une fois sur deux en finale dans les tournois qu'il a disputés (30 fois sur 56, soit 53,5% du temps). Il a donc également remporté 20 titres, ce qui signifie que, de Wimbledon 2003 à l'Open d'Australie 2018, quand le Bâlois s'est aligné au départ d'un Majeur, il s'est imposé plus d'une fois sur trois (35,7%). Sur une période aussi longue de près d'une décennie et demie, c'est proprement sidérant.

Roger Federer est premier joueur à vingt titres majeurs dans le tennis masculin. Seules trois femmes, Margaret Court, Serena Williams et Steffi Graf avaient atteint franchi ce cap jusqu'alors. Il repousse à nouveau Rafael Nadal quatre longueurs derrière lui, et Novak Djokovic à huit. Et quoi qu'il arrive, il restera le premier à avoir atteint cette frontière des vingt Majeurs. Lorsque ce siècle a débuté, aucun homme n'avait gagné plus de douze titres du Grand Chelem, près de 120 ans après la création de celui-ci...

Malgré une amplitude temporelle hors normes, Federer affiche un taux de réussite assez remarquable en finale puisqu'il s'y est imposé deux fois sur trois. Il est certes bien aidé en cela par ses folles années de domination de 2003 à 2007, lorsqu'il avait remporté dix de ses onze dernières finales. Il a ensuite perdu neuf des seize suivantes, de Roland-Garros 2007 à l'US Open 2015. Mais sa résurrection des douze derniers mois, au cours desquels il vient de remporter trois finales sur trois, ce qui était du jamais vu pour lui depuis... 2006-2007, lui a permis d'atteindre la vingtaine.

Melbourne était sans doute la terre idéale pour lui permettre d'écrire cette page d'histoire. S'il a davantage gagné à Wimbledon (huit titres contre six), il y a toujours été d'une exceptionnelle constance. Federer n'a subi qu'une seule de ses dix défaites en finale sur la Rod Laver Arena. C'était en 2009, contre Nadal. Et avec ce sixième titre austral, il égale Roy Emerson et Novak Djokovic. Il détient ou co-détient désormais le record de victoires dans deux des quatre levées majeures du circuit. Toujours plus haut, toujours plus loin, toujours plus Fed... Et au vu de l'année qui vient de s'écouler, rien ne dit qu'il s'arrêtera là.