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Vague de chaleur à Melbourne : "On nous envoie à l'abattoir"

Laurent Vergne

Publié 19/01/2018 à 14:29 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – 38 degrés jeudi. 40 vendredi. La chaleur a écrasé Melbourne ces deux derniers jours et légèrement échauffé l'esprit d'une partie des joueurs et des joueuses. Prend-on des risques à les aligner sur le terrain dans de telles conditions ? Peut-être. Mais les avis divergent au sein du circuit.

Alizé Cornet

Crédit: Getty Images

Ces deux derniers jours, la vague de chaleur qui a touché Melbourne a pris une ampleur problématique. Pas dans l'absolu, car voir le mercure frotter la barre des 40° en plein été n'est en rien exceptionnel en Australie. Pour la pratique du tennis, en revanche, cela se complique. Ce n'est ni probablement la première ni la dernière année que le problème se pose, mais la direction du tournoi a tout de même prévu de se pencher à nouveau sur la "heat policy" et sur les mesures à prendre en cas de chaleur excessive. Une majorité de joueurs et de joueuses semble désireuse de voir les choses évoluer.
Vendredi, le mercure est monté jusqu'à 40.2 degrés. "Nous sommes passés très près de mettre en application la heat policy", a expliqué Craig Tiley, le patron du tournoi. Celle-ci avait été mise en place en 2014, après une édition marquée par plusieurs malaises sur les courts. En cas de poussée anormale de la température, les matches peuvent ainsi être stoppés en fin de set pendant plusieurs minutes, à la discrétion de l'arbitre. Le toit sur les trois courts principaux peut aussi être fermé. Mais ce n'est pas le thermomètre seul qui est pris en compte mais une combinaison complexe de la température, du taux d'humidité et de la vitesse du vent.
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Elina Svitolina

Crédit: Getty Images

Nadal : "Parfois, c'est trop et ça devient dangereux"

Faut-il aller plus loin ? C'est une opinion qui gagne du terrain. Alizé Cornet, qui a énormément souffert vendredi lors de sa défaite au troisième tour contre Elise Mertens, a poussé un coup de gueule. "On nous envoie à l'abattoir". "Personne n'a envie de vivre ce qu'on a vécu sur les courts ces deux derniers jours, a ajouté la Française. On a envie que la règle change. Je comprends que les organisateurs aient envie de lancer les matches quoi qu'il arrive. C'est du business. Faut que ça roule et faut que ça tourne. Mais à un moment donné on n'est pas des robots, on n'est pas des pions qu'on met sur le court."
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Cornet sur son coup de chaud : "J'allais tomber dans les pommes"

Rafael Nadal, lui, n'a pas autant souffert. Vainqueur en "night session" du Bosnien Damir Dzuhmur dans un match expéditif, le numéro un mondial juge pourtant lui aussi que le système touche peut-être ses limites. "Mon opinion, c'est que, parfois, la question de la sécurité se pose, estime-t-il. Ce n'est pas agréable de voir des joueurs souffrir comme ça sur le court. Parfois, ça peut devenir dangereux pour la santé. Ces deux derniers jours, les conditions étaient vraiment très, très dures. La seule chose 'positive', c'est que c'était très sec, il n'y avait pas une forte humidité, comme on peut avoir dans certains endroits, comme à Rio par exemple."
"On pousse nos limites super loin", regrette encore Alizé Cornet. Jeudi, Julien Benneteau a lui aussi été contraint de jouer en plein après-midi. Même s'il est sorti vainqueur de son combat contre David Goffin, le Bressan regrette lui aussi la frilosité de la direction du tournoi : "J'ai l'impression qu'ils attendent qu'il y ait un drame pour changer la règle, un drame qui peut survenir à n'importe quel moment dans ces conditions. Il faudrait peut-être une coalition de joueurs et qu'on dise qu'on boycotte, qu'on n'y va pas. Notre santé n'est pas prise en compte".

Trouver le compromis entre business et santé

Le problème étant de savoir où fixer précisément la limite, sachant que certains supportent la chaleur beaucoup mieux que d'autres. Grigor Dimitrov, par exemple, n'était pas fâché de jouer en plein cagnard vendredi. "Oui, c'était super chaud, mais ça me convient bien. J'adore ça", a souri le Bulgare. Durcir la règle reviendrait-il à pénaliser des joueurs comme lui ? C'est ce que sous-entend Roger Federer, lequel juge que "pour être au sommet, il faut jouer dans toutes les conditions". Pour le Suisse, "tant que rien de mauvais ne se produit, tout va bien".
Comme le dit Novak Djokovic, "c'est un sujet complexe". Le Serbe en a bavé lui aussi jeudi contre Gaël Monfils (moins que le Français, cela dit), estimant que les conditions "étaient très proches de la limite du supportable". Mais il n'est pas naïf. "Notre sport est devenu une industrie, comme la plupart des grands sports. C'est plus un business qu'un sport aujourd'hui. Nous en faisons partie, nous gagnons beaucoup d'argent. Je ne veux donc pas paraitre ingrat. Mais la santé devrait quand même primer sur tout le reste", a-t-il lancé, plaidant pour un compromis entre les impératifs économiques et l'intérêt supérieure des participants. Tout en concédant ne pas avoir de solution miracle...
Heureusement, le plus dur est probablement derrière les rescapés de l'Open d'Australie. Samedi, la température devrait chuter de façon drastique et ne pas dépasser les 25 degrés. Un vrai coup de frais qui fera tomber le thermomètre dans l'air comme le début de grogne d'une bonne partie des joueurs. Jusqu'à la prochaine fois.
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Gaël Monfils au 2e tour de l'Open d'Australie 2018

Crédit: Getty Images

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