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Open d'Australie - L'antisèche : Avec Barty, le tennis féminin s'est (peut-être) trouvé sa patronne

Maxime Battistella

Mis à jour 29/01/2022 à 13:43 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE - Couronnée devant son public après sa victoire sur l'Américaine Danielle Collins (6-3, 7-6), samedi sur la Rod Laver Arena à Melbourne, l'Australienne Ashleigh Barty a plus que répondu aux attentes liées à son statut de numéro 1 mondiale. Son troisième sacre en Grand Chelem en trois finales confirme sa domination actuelle sur le tennis féminin qui pourrait bien durer.

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Le pourquoi du comment

Comment allait-elle maîtriser les attentes de tout un peuple ? Quarante-quatre ans après Chris O'Neil, Ashleigh Barty avait l'occasion de redonner un titre en Grand Chelem à l'Australie à domicile. Et elle n'a pas failli. Comme elle n'avait pas flanché non plus à Wimbledon voici quelques mois, succédant à Evonne Goolagong, dernière Aussie titrée sur le gazon mythique du All England Club en 1980. Qui plus est, elle l'a fait sans perdre le moindre set de la quinzaine, ce qui en dit long sur sa maîtrise de l'événement.
Mais Barty n'est pas non plus un robot, et cette finale n'a pas été le long fleuve tranquille qu'elle avait connu lors de ses six premiers matches de la quinzaine. La faute à l'extraordinaire enjeu du moment et à la tension qui y était attachée, mais aussi à une Danielle Collins qui s'est présentée sur la Rod Laver Arena avec un plan tactique clair et qui a mieux maîtrisé le slice de revers empoisonné de l'Australienne.
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Service solide, panoplie plus large et gros mental : revivez le sacre de Barty en vidéo

Quand Barty a connu un petit moment de relâchement en début de deuxième set, l'Américaine l'a donc exploité à merveille, se montrant très agressive en retour sur seconde balle pour se détacher assez largement et presque faire tourner cette finale. Elle s'est attachée le plus souvent à attaquer la numéro 1 mondiale sur son coup droit, avant de conclure dans l'espace libre côté revers. Collins a ainsi mis au jour une certaine fébrilité chez la favorite du public.
Mais perdu pour perdu, Barty a réussi à retrouver du relâchement pour se lancer dans une remontée fantastique de 5-1 à 5-5, tandis que Collins a, elle aussi, été rattrapée par la tension… d'une première finale en Grand Chelem. Et l'Australienne a tué tout doute potentiel sur l'issue de cette finale au cours d'un tie-break mené de main de maître, attirant notamment son adversaire au filet avec son slice avant de la passer. Décidément, la numéro 1 mondiale avait trop de cordes à son arc pour ne pas être sacrée.

Le moment-clé

En difficulté dans le deuxième acte, Ashleigh Barty a bien failli perdre son premier set de la quinzaine, et qui sait alors ce qui serait advenu dans la foulée ? Si elle a accusé un double break de retard, c'est surtout à 5-3, 30/0 contre elle sur le service de Danielle Collins que le danger s'est précisé. Solide à l'échange, l'Américaine ne semblait pas encline à lâcher prise, alors la numéro 1 mondiale a justifié son rang en prenant les choses en main : avec son coup droit, Barty a asséné un retour gagnant, puis une série de frappes lourdes qui ont fait plier son adversaire. A 30/40, l'Américaine a cédé sous la pression en expédiant son revers dans le filet et Barty a alors repris le contrôle de cette finale.

Le coup du match

Il n'y a pas eu quantité de points de légende dans cette finale, mais Barty est allée chercher son destin avec la manière et un ultime passing de coup droit croisé. Voyez plutôt.
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Un dernier coup droit supersonique pour assurer son titre : la balle de match de Barty en vidéo

La fiche

STATISTIQUESBARTYCOLLINS
Points gagnés7160
Aces101
Doubles fautes32
Pourcentage 1re balle57 %63 %
Réussite 1re balle82 %63 %
Réussite 2de balle45 %50 %
Balles de break3/52/4
Coups gagnants3017
Fautes directes2222

La stat de Jeu, Set et Maths

Ashleigh Barty a non seulement conquis son troisième titre du Grand Chelem en trois finales, mais elle l'a aussi fait sans perdre le moindre set. Dans l'ère Open, la numéro 1 mondiale est la dixième joueuse à accomplir pareille performance à l'Open d'Australie. Une Française l'avait fait notamment avant elle : Mary Pierce en 1995.

La décla : Ashleigh Barty

Dans la retenue malgré la forte émotion lors de la cérémonie de remise des trophées au côté d'Evonne Goolagong, Ashleigh Barty a rendu hommage aux siens et aux fans australiens. "Je suis un peu sans voix. J'ai de la chance d'avoir autant de gens qui m'aiment et qui me soutiennent. Je suis très émue de voir mes parents et ma sœur. En tant qu'Australienne, le plus important, c'est de pouvoir partager ce trophée avec tout le public. Vous m'avez apporté tant de joie lors de cette quinzaine, vous m'avez forcée à jouer mon meilleur tennis. C'est un rêve qui devient réalité pour moi, je suis si fière d'être une Aussie."

La question : Est-ce le début d'un long règne ?

L'air de rien, Ashleigh Barty est en train de marquer de son empreinte le tennis féminin. Ce troisième titre du Grand Chelem décroché en trois finales disputées confirme que l'Australienne est faite pour les grandes occasions. Après avoir fini également sa troisième saison consécutive sur le trône au classement WTA (même si le gel de la hiérarchie l'a aidée en 2020), ce début d'année 2022 en fanfare renforce sa position dominante.
Les statistiques ne font qu'appuyer la thèse que le circuit s'est trouvé sa patronne : en un an, Barty a compilé 53 victoires pour 8 défaites (dont deux abandons) et 7 titres en 15 tournois. Elle incarne a fortiori la régularité au plus haut niveau dans un tennis féminin parfois décrié pour sa trop grande ouverture. Surtout, son QI tennistique semble surpasser de loin celui de ses potentielles rivales. L'Australienne est, de loin, la joueuse la plus complète du plateau, il suffit de voir à quel point son slice de revers et ses variations ont mis au supplice ses adversaires lors de cette quinzaine pour s'en rendre compte.
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Ashleigh Barty of Australia reacts after winning a point in her Women's Singles Final match against Danielle Collins of United States during day 13 of the 2022 Australian Open at Melbourne Park

Crédit: Getty Images

Mais elle sait surtout jouer le coup juste au moment adéquat. C'est peut-être cette lucidité sur le plan mental qui la démarque le plus des autres. A court terme, on ne voit pas vraiment qui pourrait la détrôner. Aryna Sabalenka est impressionnante en puissance, mais a montré ses limites quand son plan A ne fonctionne pas, Garbine Muguruza brille par son irrégularité et la divine surprise de l'US Open, Emma Raducanu, semble encore trop verte pour assumer son nouveau statut.
Naomi Osaka en a incontestablement le potentiel, mais ses failles sur le plan mental et ses difficultés sur gazon et terre battue constituent de trop grands points d'interrogation. Si Barty reste sur sa lancée, sa place de numéro 1 mondiale semble bien au chaud. Et l'objectif de sa saison est déjà tout trouvé : compléter le Grand Chelem en carrière à l'US Open. Mais peut-être aura-t-elle d'ici là ajouté d'autres lignes à son palmarès en Majeurs ? Elle tient en tout cas fermement les rênes.
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