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Holger Rune N°1 dès cette année ? "Extrêmement difficile, mais pas irréaliste" pour Mouratoglou

Laurent Vergne

Mis à jour 22/01/2023 à 21:57 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Holger Rune a déferlé sur le circuit à l'automne en remportant son premier titre d'envergure à Bercy. Le jeune Danois, désormais Top 10 à 19 ans, a changé de statut en très peu de temps. Mais il voit déjà plus loin. Et plus grand. Il n'hésite pas à le dire. Une très bonne chose, selon son entraîneur Patrick Mouratoglou, qui ne voit aucun inconvénient dans cette franchise.

Rune l’ambitieux : "Il me reste de grands rêves à réaliser, j’ai une chance de le faire ici"

La "hype" est réelle. A la hauteur du potentiel. Holger Rune fut l'autre "teenager" sensationnel de l'année 2022. L'autre, car un autre joueur de 19 ans a fait encore plus fort que lui en remportant un Grand Chelem avec, en prime, la place de numéro un mondial en fin de saison. Rune n'est donc pas tout à fait Carlos Alcaraz, mais ce qu'il a accompli l'an passé pour surgir des portes du Top 100 au Top 10 en l'espace de quelques mois, l'a installé, même légèrement dans l'ombre de l'Espagnol, comme une sacrée promesse.
Après avoir aguiché au printemps avec son quart de finale à Roland-Garros puis connu un gros trou noir estival, le Danois a explosé à l'automne en indoor. Quatre finales consécutives et, en point d'orgue, son titre à Bercy en battant cinq membres du Top 10 et, surtout, Novak Djokovic en finale. Élu révélation de l'année par ses pairs, il est devenu quelqu'un. "Il a été très flatté, il est très content et je pense qu'il a de quoi être fier de son année. Mais comme c'est un champion dans la tête, il s'est déjà projeté dans l'avenir", prévient Patrick Mouratoglou, qui a rejoint son staff au mois d'octobre.
Holger Rune est un ambitieux. "Je veux devenir numéro un mondial, pourquoi pas dès l'année prochaine ?", clamait-il au mois de novembre, une semaine à peine après son titre à Bercy. Le coup d'après, toujours. Et très vite. Culotté ? Peut-être. Trop haut, trop tôt ? A voir. Après tout, qui aurait imaginé voilà douze mois que Carlos Alcaraz était aux portes du Top 30 qu'il finirait la saison avec un Grand Chelem sur son CV et la place de numéro un mondial en fin d'année ?
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Un passing dans les pieds avant la délivrance : la balle de match qui a sacré Rune

Le Danois parle comme il joue : haut et fort. Dans la parole comme dans le geste, il déborde de passion et d'ambition. "Je ne me considère jamais comme l'outsider avant un match, parce que j'ai des émotions tellement élevées chaque fois que je joue", a-t-il encore asséné samedi à l'évocation de son huitième de finale contre Andrey Rublev, lundi. Certains y verront une forme de morgue ou d'arrogance. Ce serait une erreur. Puisqu'il n'a pas peur de penser qu'il peut voir très grand, il n'a pas peur de le dire non plus.

Annoncer ses ambitions, est-ce risqué ?

Patrick Mouratoglou sourit. Il aime aussi ça, dans la personnalité de son joueur. Et si ça ne plait pas, tant pis. Pour les autres. "Moi, j'aime les gens qui affichent clairement leurs ambitions, qui ne sont pas dans la langue de bois, le sport national au tennis, nous dit le technicien français. Je trouve ça fatigant que les gens prétendent qu'ils n'ont pas d'ambition. Après, c'est un jugement personnel. Holger a toujours exprimé les siennes. Je trouve ça bien. Ce sont des jeunes, ils ont et ils ont tout l'avenir devant eux. Ils ont de grandes ambitions et heureusement. Quand on est sportif de haut niveau, si on n'a pas d'ambition, c'est quand même embêtant. Donc il n'y a pas de honte à avoir."
Evidemment, sans l'obliger, ce discours renforce d'une certaine manière les attentes autour du joueur. Si Rune finit l'année 2023 entre la 5e et la 10e place, certains esprits mal intentionnés se feront peut-être un plaisir de lui rappeler ses propos. Patrick Mouratoglou en convient mais que son nouveau protégé y parvienne ou non n'aura quoi qu'il arrive rien à voir avec ses prises de positions. "S'il arrive à être numéro un cette année, c'est fabuleux, reprend le coach. S'il n'y arrive pas, ce n'est pas grave. Il décalera ça de six mois, d'un an, deux ans, trois ans, le temps qu'il faudra pour qu'il y arrive."
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Qu'ont Alcaraz et Rune en plus des autres ? "Eux sont habités"

Mais n'est-ce pas une façon de rajouter sur ses épaules une pression déjà constante sur le circuit ? Tout dépend du client, selon Mouratoglou : "Je pense qu'en fonction des personnalités des uns ou des autres, ils peuvent vivre les ambitions comme une pression, ou au contraire comme quelque chose qui va les motiver énormément. Holger ne se fixe pas de limites et c'est aussi cela qui lui permet d'accomplir de grandes choses à son âge." La cuvée 2022 d'un Carlos Alcaraz a peut-être aussi aidé à décomplexer un jeune comme Rune, même s'il n'avait probablement pas besoin de ça.
Je sais bien que tout ce qui est non-conformiste est insupportable
Lorsqu'il a commencé à collaborer avec Rune et son clan en octobre dernier, l'ancien entraîneur de Serena Williams n'a pas mis longtemps à être mis au parfum du caractère du jeune homme. "J'ai démarré avec lui à plein temps, juste avant le tournoi de Stockholm. On a fait une semaine de préparation et avant que je démarre, il m'a dit : 'J'ai trois tournois avant la fin d'année. J'ai Stockholm, Bâle et Paris. Je suis 28ᵉ mondial. Il faut que je gagne les trois, comme ça je pourrais faire le Masters. Je pense que 99 % des gens à qui il aurait dit ces choses-là auraient pensé : 'le mec, il rêve complètement, c'est n'importe quoi'. Bon, il ne l'a pas fait, mais quasiment."
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Humbert trop juste face à Rune : les moments forts du match

L'anecdote en dit long sur l'incroyable force de conviction qui habite le Scandinave, qui ne s'interdit jamais rien. Maintenant, si cette ambition-là (devenir numéro un mondial dès cette année) n'est pas illégitime, est-elle réaliste ? "Pourquoi pas ?, rétorque Patrick Mouratoglou. Quand on est capable de faire ce qu'il a fait à Bercy, tout est possible. Maintenant, ça va nécessiter qu'il soit capable de faire des performances tout au long de l'année, et notamment dans les Grands Chelems et dans les Masters 1000, là où ça compte le plus. Donc, ça ne va pas être simple, évidemment, mais si c'était simple d'être le meilleur mondial, ça se saurait. Est-ce que c'est réaliste ? Ce sera extrêmement difficile, mais pas irréaliste."
Il y a un côté effronté dans tout cela qui n'est pas sans donner un charme supplémentaire à l'émergence de Holger Rune, même si ça ne plaira pas à tout le monde. Ses ambitions ne l'empêchent pas de rester lucide. Les deux vont même de pair. "Je connais mes qualités, mais je suis loin d'être un produit fini, rappelait-il samedi. C'est un long processus et c'est ce qui est beau au tennis. Vous avez toujours besoin d'améliorer quelque chose. Mentalement, physiquement, tennistiquement, je dois tout améliorer et c'est ce que j'essaie de faire chaque jour."
Il n'est ni arrogant ni modeste. Juste pleinement conscient de ce qu'il est et de ce qu'il peut devenir. Rune est comme il est, que ça plaise ou non, et il continuera à proclamer ce dont il rêve et ce dont il a envie. À prendre ou à laisser. "Je ne sais pas si ça agace, et les gens que ça agace ne le disent pas forcément publiquement aux principaux intéressés…, ironise son nouveau coach. Je sais bien que tout ce qui est non-conformiste est insupportable. Alors, voilà, ça agace des gens. C'est leur problème. À leur place, je ne serais pas agacé. On a autre chose à faire dans la vie que de s'agacer."
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L'ambitieux Holger Rune.

Crédit: Eurosport

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