Open d'Australie 2023 - Face à Djokovic, il s'attaque à l'impossible : Alex De Minaur a-t-il l'étoffe d'un héros ?

L'Australie rêvait de Nick Kyrgios. Elle veut croire en Alex de Minaur. Médiatiquement dans l'ombre de son compatriote, le plus sage De Minaur, en tout cas comparé au finaliste du dernier Wimbledon, porte désormais les seuls du tennis "aussie" à Melbourne. Pour la deuxième année consécutive, le voilà en huitièmes de finale à l'Open d'Australie. En 2022, il avait été stoppé par Jannik Sinner. Cette fois, la mission n'apparaît pas complexe mais presque impossible avec, face à lui, le seul rescapé dans le tableau à se sentir encore plus à la maison que lui : Novak Djokovic.

C'est un peu Djokovic contre "mini-me". De Minaur peut s'apparenter à une sorte de Djoko qui ferait tout un petit peu, ou beaucoup moins bien. Mais l'Australien, qui n'a atteint qu'une seule fois les quarts de finale en Grand Chelem, à l'US Open en 2020, n'est pas effrayé par l'ampleur de la tâche. Il en redemande, même.

"Je veux affronter les meilleurs. Je ne veux pas aller en quarts ou en demi-finales grâce à un forfait.L'important, c'est de ne pas passer à côté de cette opportunité, a-t-il confié samedi après sa qualification en trois sets contre le Français Benjamin Bonzi. Je veux jouer des matches de ce genre. C'est super excitant. Je vais être gonflé à bloc, avec la foule derrière moi et je suis sûr que je vais passer un très bon moment."

L'actuel 24e joueur mondial n'a peut-être pas le côté aussi showman et exubérant de Kyrgios, mais le fait d'évoluer à domicile le stimule, et même un peu plus que ça. Depuis le début de la semaine, il n'a pas hésité à aller chercher le public à haranguer la foule. Contre Djokovic, il espère en faire de même, à condition que le match ne soit pas à sens unique. Mais il compte bien jouer sur l'atmosphère pour se transcender.

"Ce n'est pas un secret, j'adore jouer ici dans mon jardin, dit-il. Le public australien est vraiment incroyable. Depuis le premier jour, ils sont à fond derrière moi. Pour mes adversaires, la différence, c'est qu'ils savent qu'ici ils ne doivent pas seulement me battre moi, mais qu'ils vont aussi faire face à toute la foule. Ce n'est pas négligeable."

Certes, même si on doute pour être tout à fait sincère que cela perturbe Novak Djokovic, qui en a vu quelques autres dans sa carrière. "Je m'attends à une ambiance hyper électrique, mais je connais déjà ça, y compris ici. J'ai affronté Hewitt à Melbourne, et d'autres Australiens", a rappelé celui qui peut redevenir numéro un mondial dans huit jours. En revanche, que cela puisse booster De Minaur selon les circonstances du match, c'est une possibilité.

Concernant le Serbe, sa principale source d'inquiétude extérieure n'a pas trait au public mais à sa cuisse gauche. Un coup rassurant, un autre alarmant, Djokovic a fait comprendre que la menace était là mais, comme pour ses abdominaux en 2021, il ne souhaite pas entrer dans les détails. A surveiller, donc. "Je ne donne pas plus d'importance que ça à cette blessure", a relativisé son prochain adversaire, qui préfère s'occuper de lui-même : "Mon rôle, c'est de lui rendre la vie aussi difficile que possible, en m'appuyant sur les sensations qui sont les miennes ces derniers temps."

Chez les hommes, une victoire de De Minaur sur Djokovic constituerait la plus grande victoire du tennis australien à Melbourne depuis... longtemps. Ce serait un exploit comparable à celui de Mark Philippoussis contre Pete Sampras en 1996. Sous réserve que le "Djoker" soit à son 100% de son expression ou pas loin, De Minaur s'attaque à un des défis les plus complexes du tennis moderne.

Lui veut y croire et c'est bien la moindre des choses. De façon rationnelle, le natif de Sydney, encore jeune mais plus vraiment débutant à un mois de son 24e anniversaire, est convaincu d'être tout près désormais d'une très grosse performance dans un tournoi de la même envergure.

"Je sais que je vais y arriver, dit-il. Cela m'a pris du temps mais je suis très content de moi en ce moment, de mon jeu, de mon niveau. J'ai beaucoup progressé, travaillé dans tous les domaines et je vais continuer à progresser pour atteindre mes objectifs." Le discours se veut résolument positif. Reste les actes. Avec Djokovic qui déboule, mettre les uns en corrélation avec les autres ne sera pas simple.