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Open d'Australie 2023 - "God Bless America !" Le grand retour du tennis US

Laurent Vergne

Mis à jour 25/01/2023 à 16:23 GMT+1

OPEN D'AUSTRALIE – Le bilan collectif du tennis américain chez les hommes est remarquable, avec en point d'orgue la place de demi-finaliste de Tommy Paul, vainqueur de son compatriote Ben Shelton en quarts mercredi. Un redressement spectaculaire après une décennie difficile. Depuis Andy Roddick, c'était même parfois le désert. L'avenir, désormais, s'annonce bien.

Paul n'a pas laissé passer l'occasion : Les temps forts de sa victoire sur Shelton en quart

Melbourne, 2009. Quand Andy Roddick cède, comme presque toujours, en demi-finale face à Roger Federer, le tennis américain n'imagine alors pas qu'il lui faudra attendre quatorze années pour revoir un des siens dans le dernier carré australien. Une disette aussi historique qu'inédite par sa longueur va donc prendre fin grâce à Tommy Paul. Les Etats-Unis avaient la garantie de figurer en demi-finales puisque Paul était opposé mercredi à son compatriote Ben Shelton, qu'il a dominé en quatre sets sur la Rod Laver Arena.
La bannière étoilée aura flotté sur l'Australie comme rarement en Grand Chelem depuis des lustres. Tommy Paul n'était pas forcément le plus attendu de tous pour assurer une présence américaine aussi loin dans le tournoi, mais c'est la preuve que le vivier est riche à la fois en qualité et en quantité. Le meilleur moyen de faire en sorte que cette embellie soit durable. C'est d'ailleurs la deuxième fois consécutive que les "Yankees" sont en demies, après Frances Tiafoe à l'US Open en septembre dernier. Deux demies de suite, en attendant mieux, c'est déjà la traduction concrète du grand retour de l'Amérique sur le devant de la scène masculine.
Quoi qu'il advienne de Tommy Paul d'ici la fin du tournoi, les Etats-Unis disposeront lundi d'un joueur dans le Top 10 (Taylor Fritz, 8e), de deux autres dans le Top 20 (Frances Tiafoe 15e, Tommy Paul au pire 19e) plus Sebastian Korda au 26e rang. Pour tous, ce sera le meilleur classement de leur carrière. Au total, il y aura la semaine prochaine dix Américains dans le Top 50 avec, en plus des quatre nommés ci-dessous, Jenson Brooksby (38e), John Isner (41e), Ben Shelton (43e), JJ Wolf (47e), Reilly Opelka (48e) et Brandon Nakashima (49e). Mieux, si l'on met de côté le géant Isner, tous ces garçons ont entre 20 et 25 ans.
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Tommy Paul à l'Open d'Australie

Crédit: Getty Images

Amicale rivalité

"Il y a enfin de l'espoir pour les Etats-Unis, God bless America !", s'est enthousiasmé John McEnroe ce mercredi sur Eurosport. "Je pense vraiment que, ces dix-huit prochains mois, ça peut donner de grandes choses parce qu'il y a encore une marge de progression chez ces garçons, les Fritz, Tiafoe, Shelton, Korda, Paul... Je veux croire qu'ils auront les moyens de ramener un Grand Chelem à la maison dans un futur proche", espère l'ancien numéro un mondial.
"C'est comme une vague, expliquait de son côté il y a quelques jours Dean Goldfine, un des deux coaches de Ben Shelton avec Bryan le père de celui-ci. Ils s'entraînent tous ensemble dans une spirale positive. Ce n'est pas juste un gars. Et je crois qu'il y a une sorte de rivalité amicale entre eux, c'est ce qui contribue à leur succès à tous en ce moment."
Paradoxalement, le tennis américain a vécu sa meilleure quinzaine depuis plus d'une décennie à Melbourne alors que son leader a failli. Taylor Fritz était très attendu mais le vainqueur du Masters 1000 d'Indian Wells l'an dernier a chuté dès le deuxième tour contre Alexei Popyrin.
Une bonne nouvelle, d'une certaine manière : il n'y a aucune dépendance à un joueur en particulier. Mais si le retour des Américains est globalement une bonne nouvelle pour le tennis mondial ("Il est très important pour notre sport d'avoir des Américains compétitifs", a estimé Novak Djokovic en personne mercredi), un regain d'intérêt massif du grand public US pour ce sport passera par de très grands titres. Autrement dit, ne vaut-il pas mieux un Agassi que dix Fritz ?
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Paul - Brooksby : les temps forts du duel 100% US de bas de tableau

Shelton, future star ?

Il faut toutefois se souvenir d'où reviennent les Américains. Il y a moins de deux ans, plus aucun d'entre eux ne figurait dans les trente premiers mondiaux, du jamais vu depuis la création du classement ATP en 1973. Le redressement a été spectaculaire. Nous ne sommes pas revenus au temps des années 80-90, quand le tennis US alignait des grands champions à tour de bras, de Connors à McEnroe, de Sampras à Agassi, de Chang à Courier, et ainsi de suite. Mais c'est la première fois depuis longtemps que les Américains, après une lente mais continuelle érosion, amorcent un cycle positif.
C'est le fruit d'un travail amorcé à la fin des années 2000. A l'époque, Andy Roddick tient encore la baraque, mais derrière, le vide s'annonce. L'USTA a alors créé une Académie de formation en 2008. Le programme a changé de format depuis, mais l'investissement n'a pas cessé pour tenter de générer un "réflexe tennis" chez les jeunes Américains, souvent tentés par d'autres sports.
"La fédération américaine a investi beaucoup d'argent, donc c'était juste une question de temps avant que les résultats arrivent, juge Boris Becker. C'est bien de voir les Etats-Unis revenir comme ça. Il se passe enfin quelque chose chez eux. Maintenant, ils ne sont pas encore redevenus les meilleurs du monde. Mais il n'est pas impossible qu'ils le redeviennent dans les prochaines années."
Y a-t-il, dans toute cette bande de jeunes, l'étoffe d'une star, d'un possible grand champion ? Il est encore un peu tôt pour le dire. John McEnroe, lui, a envie de miser sur le benjamin d'entre eux, Ben Shelton, grande révélation de cet Open d'Australie : "Pour être honnête, je ne le voyais pas venir aussi vite. A l'US Open, il était encore loin du compte. Il y avait encore beaucoup de travail par rapport à d'autres. Mais il a tout. La personnalité, le jeu, le service... Il a les moyens d'arriver dans le top 5 mondial."
A court terme, il faut s'attendre à voir une petite colonie américaine s'installer régulièrement en seconde semaine de Grand Chelem. Ils étaient déjà quatre en huitièmes de finale à Wimbledon, ce qui donnait un petit air de révolution tant la chose était devenue rare. Le parcours du showman Tiafoe à Flushing Meadows puis celui de Korda, Shelton, Wolf et plus encore Tommy Paul à Melbourne fait de cet Open d'Australie le Grand Chelem de la confirmation.
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Sebastian Korda

Crédit: Getty Images

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