Open d'Australie - Wimbledon n'a (presque) rien changé : Le paradoxe Elena Rybakina

OPEN D'AUSTRALIE - Qualifiée pour la deuxième demi-finale de sa carrière en Grand Chelem, Elena Rybakina a passé les obstacles avec aisance. Impressionnante notamment pour faire tomber Iga Swiatek en huitième, elle reste sous-estimée, malgré son triomphe à Wimbledon l'été dernier. Un statut qu'elle doit à un classement faussé et à une personnalité effacée cachant une grande détermination.

"On parle peu de Rybakina", et pourtant…

Video credit: Eurosport

Elle a tout renversé sur son passage. Comme une tornade qui aurait traversé le tableau féminin de cet Open d'Australie. Avant de croiser la route de Victoria Azarenka jeudi pour sa seconde demi-finale en Grand Chelem, Elena Rybakina n'a presque rien laissé en route. Tout juste un set, arraché au 3e tour par la finaliste de l'édition précédente, Danielle Collins (6-2, 5-7, 6-2). Impressionnant mais pas surprenant a priori, puisque la Kazakhstanaise avait déjà fait le coup du côté du All England Club l'été dernier. Et pourtant…
Malgré son statut de championne de Grand Chelem, elle n'a pas eu droit à un traitement de faveur particulier des organisateurs. Bien au contraire. Certes, Rybakina n'est que tête de série 22 de ce tournoi. Mais se fonder sur ce seul chiffre serait faire fi d'un contexte particulier : comme tous ceux qui ont joué Wimbledon l'an dernier, elle n'en a retiré aucun point. Or, une victoire en Majeur en attribue 2000 à la joueuse concernée en temps normal, ce qui aurait fait d'elle une membre du Top 10, numéro 8 mondiale plus précisément.

Un manque de considération en forme de... bénédiction

Or, la native de Moscou a commencé son tournoi sur le court… 13. Il y avait donc de quoi être frustrée, c'était mal connaître l'intéressée. "Comme je l'ai dit après mon 1er tour, j'étais concentrée sur le simple fait de prendre les matches les uns après les autres, peu importe sur quel court j'allais jouer. J'ai juste essayé de donner le meilleur de moi-même, ça n'avait pas d'importance", a-t-elle encore commenté dans la foulée de son quart de finale victorieux face à Jelena Ostapenko.
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Pas du genre à se révolter pour ce genre de détails donc Rybakina, et c'est peut-être aussi une des raisons pour lesquelles l'organisation du tournoi l'a reléguée dans ce relatif anonymat. Mais ce manque de considération assez flagrant s'est peut-être transformé en coup de pouce involontaire. Les projecteurs n'étaient pas braqués sur elle ? Qu'à cela ne tienne, c'était autant de pression en moins à gérer en début de quinzaine pour celle qui avait cédé dès le 1er tour de l'US Open face à Clara Burel, quelques semaines après son sacre à Wimbledon.
Ce triomphe désormais digéré, elle peut l'utiliser à son avantage pour aborder cette fin de tournoi. C'est sans doute finalement la seule chose qui a vraiment changé pour elle depuis six mois : Rybakina croit encore plus en ses capacités.
"J'avais traversé une période difficile avant Wimbledon, dans le sens où j'étais fatiguée mentalement, a-t-elle d'ailleurs rappelé. J'avais joué beaucoup de tournois, je n'étais pas à mon meilleur niveau donc j'avais pris une pause. C'est pour ça que cette victoire était d'autant plus inattendue. C'est différent ici : j'ai confiance dans le fait que je peux le faire à nouveau. J'ai vraiment eu une bonne préparation, je ne suis pas surprise de mes résultats. J'ai juste faim et envie de progresser encore. Je ne pense pas avoir atteint l'apogée de ma carrière. Ce n'est pas le début, mais j'ai encore beaucoup d'années devant moi."
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Rybakina n'hésite donc pas à l'affirmer : elle se sent plus forte que sur le gazon anglais où elle a ouvert son palmarès en Grand Chelem. Cette assurance est la marque d'une détermination sans faille, celle d'une joueuse au caractère affirmé de championne malgré une apparente timidité. Et cela se retranscrit dans son jeu si percutant, notamment au service. Avec 35 aces et 81 % de points gagnés derrière sa première depuis le début du tournoi, elle est la meilleure dans ce secteur dans cet Open d'Australie.

Le service comme arme ultime

Cette arme redoutable la distingue sur un circuit féminin où les breaks sont beaucoup plus fréquents que chez les messieurs. Elle devrait d'ailleurs lui être plus qu'utile contre Azarenka en demi-finale, la Biélorusse étant la plus performante de la compétition en retour de premier service.
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"J'ai toujours servi fort, mais nous avons fait beaucoup de changements sur ma technique quand j'ai commencé à travailler avec mon coach. De cette manière, j'ai gagné encore en puissance. C'est ma plus grande arme sur le court et bien sûr que nous essayons de travailler dessus. Il y a toujours beaucoup à améliorer. Par rapport aux autres filles, je suis assez grande (1m83, NDLR). Mais c'est sûr que ce n'est pas qu'une question de taille, c'est important d'avoir une bonne technique biomécanique. Et quand tout se met en place, on sert mieux", a-t-elle analysé.
Comme Roger Federer avait coutume de le dire, il est parfois plus important de travailler ses points forts que de se focaliser sur ses failles pour être un champion ou une championne. Rybakina a assurément bien retenu la leçon et avance avec l'esprit libre. Finies les questions embarrassantes sur ses origines russes qui faisaient d'elle une finaliste gênante à Wimbledon. "Il n'y a plus rien à dire à ce sujet", a-t-elle confirmé, plein d'aplomb. Concentrée à 100 % sur son jeu, elle s'annonce difficile à perturber. Et la thèse du "one shot" en Grand Chelem pourrait vite devenir obsolète à ce rythme.
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