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Open d'Australie 2024 - Comment fait Adrian Mannarino pour enchaîner les marathons à 35 ans ? "J'ai commencé la téquila"
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Publié 19/01/2024 à 15:51 GMT+1
A 35 ans bien passés, Adrian Mannarino a réussi l'exploit de gagner trois matches consécutifs au bout des cinq sets lors de cet Open d'Australie. Après son nouveau marathon victorieux face à Ben Shelton (7-6, 1-6, 6-7, 6-3, 6-4), le numéro 1 tricolore a tenté d'expliquer sa réussite sur le format long et sa forme actuelle à Eurosport et en conférence de presse.
"J'ai commencé la téquila" : Mannarino, ironique, sur son élixir de jouvence
Video credit: Eurosport
Il a d'ores et déjà passé plus de temps sur le court à Melbourne qu'un certain Roger Federer n'en avait mis pour gagner son dernier Wimbledon en 2017 (11h46 contre 11h34). Cette folle statistique – dénichée par Jeu, Set et Maths – en dit long sur les obstacles franchis par Adrian Mannarino lors de ses trois premiers matches tous remportés au bout des cinq sets, et encore plus sur sa capacité à enchaîner les efforts et à récupérer à 35 ans bien révolus, un âge avancé pour un sportif de haut niveau.
Si l'on met de côté son abandon consécutif à une chute en début de cinquième set à Wimbledon contre Roger Federer en 2021, "Manna" reste même sur 11 victoires quand il a dû aller au bout du format long. C'est simple, il n'a plus perdu dans l'exercice depuis quasiment une décennie et un 2e tour de l'US Open 2015 face à Andy Murray. Mais quel est son secret pour résister autant sur le plan physique malgré le poids des ans ? "J'ai commencé la téquila", a-t-il répondu taquin lors de son interview sur le court après avoir triomphé de Ben Shelton.
Plus sérieusement, celui qui est récemment entré pour la première fois de sa carrière dans le Top 20 s'est confié à Eurosport sur le sujet. "Il y a quelque temps, j'avais eu une discussion avec Gilles Simon et Jo Tsonga qui me disaient : 'Généralement, quand tu commences le 5e set, tu sais qui va gagner', s'est-il rappelé. Tu sais si tu es mieux physiquement que l'autre ou pas. Et en l'occurrence, comme au 1er tour, je sentais que j'avais pris le dessus. Je me sentais moins fatigué. Par contre, ça n'avait pas été le cas au 2e tour où j'avais laissé filer les 3e et 4e sets et j'entamais le 5e en me disant que je n'avais pas assez fait bosser mon adversaire et que ça allait être aléatoire. Mais le fait d'être assez endurant et de tenir sur la distance, c'est un des atouts de mon jeu."
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Clément : "Il est bluffant Mannarino, c’est lui qui s’impose au physique contre Shelton"
Video credit: Eurosport
Reste que l'explosif Ben Shelton n'a que 21 ans. Alors il était difficile de considérer que Mannarino avait un avantage physique, surtout après avoir déjà cavalé pendant dix sets avant ce 3e tour à Melbourne. D'ailleurs, après la perte du troisième set au tie-break, le Français pensait avoir laissé passer sa chance, surtout après avoir servi pour mener deux manches à une et avoir échoué. Il s'est alors raccroché au plaisir d'être là, de profiter du moment, est resté à l'affût et a vu les choses tourner en sa faveur à son propre étonnement.
"Il a fait un mauvais jeu à 3-2 pour moi au 4e où il me donne un petit peu, nous a-t-il encore expliqué. Il en avait fait peu depuis le début du match. Je me suis dit que c'était peut-être anodin. Et finalement, les jeux qui ont suivi, j'ai commencé à le déplacer un petit peu plus. Je sentais qu'il tentait un petit peu plus vite, qu'il était un peu moins patient. Je me suis dit qu'il commençait peut-être à fatiguer physiquement. J'ai essayé de m'engouffrer là-dedans et d'allonger les échanges. Et j'ai fait la différence dans le 5e."
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Mannarino, grand résultat et très grand show
Video credit: Eurosport
C'est aussi simple que cela. Car si Mannarino impressionne par sa résistance physique, il a aussi gagné ce match à l'expérience. Shelton disputait, lui, seulement son 5e match en cinq sets, et s'il en avait gagné trois sur quatre avant ce vendredi, il n'en maîtrise pas encore tous les aspects. Notamment le côté psychologique que le vétéran français connaît à la perfection.
"A un certain moment, j'ai juste été capable de débrancher mon cerveau et d'arrêter de penser à la douleur, a-t-il encore détaillé en conférence de presse. J'essayais juste de courir, d'aller chercher une balle de plus tout le temps. Avec cette ambiance, c'était assez fou. Tout le monde criait après chaque point. Parfois, je ne sais pas comment, on se déconnecte de ses propres sentiments et on se concentre juste sur le prochain point. Je pense que c'est ce que j'ai assez bien fait. J'étais concentré sur ce que j'avais à faire."
Pourra-t-il encore faire des miracles à la récupération avant un huitième de finale de gala qui l'attend face à Novak Djokovic ? C'est une donnée du problème que Mannarino ne connaît pas, lui qui découvre toujours son prochain adversaire le plus tard possible, et ce n'est peut-être pas plus mal. Savourer et récupérer, voilà tout ce dont a besoin le roi des marathons à Melbourne.
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