Open d'Australie - Aryna Sabalenka a un compte à régler en demi-finale contre Coco Gauff : "Je voulais cette revanche"

Certaines images en disent bien plus long que mille mots. Comme celles de la détresse d'Aryna Sabalenka après avoir perdu la finale de l'US Open face à Coco Gauff en septembre dernier. Après un discours entre rires et larmes, la Biélorusse avait détruit sa raquette à l'abri des regards mais pas des caméras dans le vestiaire. Son extrême frustration bien légitime était autant liée au résultat qu'à la manière dont un match qu'elle maîtrisait lui avait progressivement échappé. Alors à l'heure de retrouver sa rivale américaine en demi-finale de l'Open d'Australie, la motivation est toute trouvée.

"Après l'US Open, je voulais vraiment cette revanche et c'est un super match à jouer. Ce sont toujours de grandes batailles contre Coco, de vrais combats. Je suis heureuse de l'affronter, super enthousiaste de jouer cette demi-finale, s'est-elle réjouie en conférence de presse après son quart. Elle se déplace vraiment bien. Tout ce que vous lui envoyez revient. Donc il faut construire plus longuement pour avoir une balle courte et un coup facile pour finir le point. C'est pourquoi elle est si difficile à battre."

L'envie de se venger est tout aussi forte que sa confiance dans cet Open d'Australie, et ce pour plusieurs raisons. D'abord, Sabalenka a retrouvé des lieux où elle a éclaté son plafond de verre et conquis son premier sacre en Grand Chelem. Ensuite, elle est de loin la joueuse la plus impressionnante, la seule à n'avoir concédé aucun set et 16 petits jeux, soit trois en moyenne par match. La Biélorusse n'a passé que 5h13 sur le court jusqu'ici, son quart de finale de 1h11 contre Barbora Krejcikova étant le duel le plus long de sa quinzaine…

En d'autres termes, la numéro 2 mondiale se balade dans ce tournoi. Son expérience et sa régularité à ce stade sont incomparables avec une 6e demi-finale en Grand Chelem consécutive, soit la 4e meilleure série depuis 1990 selon notre partenaire Jeu, Set et Maths. Mais comment a-t-elle acquis tant d'assurance alors qu'elle se liquéfiait lors des Majeurs en début de carrière ? Pour notre autre expert Mats Wilander, beaucoup de choses ont changé parce qu'elle a ajouté des cordes à son arc.

"On parle beaucoup de sa puissance, comme on avait l'habitude de parler de celle de Serena. J'essaie toujours de rappeler aux gens que Serena (Williams) utilisait sa puissance, mais elle pouvait aussi maîtriser du fond. Sabalenka peut frapper des revers slicés et des amorties, donc elle va sur le court en se sentant plus en sécurité parce qu'il y a un plan B, constate-t-il. Peut-être pas pendant tout un match, mais à certains moments à l'échange, elle peut jouer en défense, et c'est quelque chose que je ne voyais jamais chez elle il y a deux ans. Elle a confiance en ses capacités. Le problème, c'est qu'elle affronte Coco Gauff et que les cauchemars de la finale de l'US Open peuvent ressurgir."

Sur le papier, s'il y a une joueuse dans le tableau en mesure de contrarier sa marche triomphale, c'est effectivement Coco Gauff. Le souvenir de Flushing Meadows peut lui donner des ailes, autant que gripper la belle mécanique biélorusse. Par son "fighting spiring" et sa force mentale, la jeune Américaine avait renversé une montagne devant son public. De quoi donner forcément confiance à celle qui forme un duo gagnant depuis l'été avec son nouveau coach Brad Gilbert, chantre du "Winning ugly" dont elle a donné un bel exemple en quart de finale contre Marta Kostyuk.

Gauff semble aussi plus solide qu'à New York avec notamment un ajustement au niveau de son lancer de balle au service – elle lance de moins bas – qui lui donne plus d'efficacité sur sa première qui a été flashée à 199 km/h, la plus rapide du tournoi. Malgré tout, il y a tout lieu de penser que Sabalenka sera davantage en mesure de dicter le jeu pour maîtriser son destin. D'autant que mentalement, elle a aussi prouvé à quel point elle pouvait se servir de ses échecs pour rebondir plus haut.

"Je pense que ce qui a tout changé pour moi, c'est mon état d'esprit : je ne deviens plus folle sur le court, je ne me précipite pas, a-t-elle expliqué. Je joue juste un point après l'autre, et je me bats sur chacun d'entre eux sans penser trop à mes rêves, à ce que je veux accomplir, à combien de Grands Chelems je veux gagner et tout ça. J'ai été capable de m'affranchir de ce genre de mentalité et de seulement me concentrer sur moi-même, les choses que je peux améliorer et sur ce que j'ai à faire pour gagner chaque match que je joue. Tout est une question d'expérience, après avoir subi des défaites et des matches durs à encaisser. Je pense que j'ai mûri, j'ai pris de l'âge."

Sabalenka a encore des démons, mais elle arrive de plus en plus à les maîtriser. Et jeudi, sur la Rod Laver Arena, il n'y aura cette fois pas 20 000 Américains pour aider sa rivale à prendre feu. "Physiquement, elle est encore plus forte que l'an dernier, fait enfin remarquer notre consultante Barbara Schett. Elle se déplace vite non seulement latéralement mais aussi vers l'avant pour aller chercher les amorties. En ce moment, elle est la favorite pour gagner l'Open d'Australie. Coco Gauff doit attacher sa ceinture et se hisser à ce niveau de tennis."