Open d'Australie | Murray, Gasquet, Monfils et Wawrinka : Qu'est-ce qui fait encore courir les vieux ?

Ils ont dépassé l'âge du Christ depuis quelques printemps déjà, les questions que l'on leur pose effleurent souvent l'idée de la retraite, l'un d'entre eux (Andy Murray) a même déjà fait ses adieux, à l'Open d'Australie (à suivre dès dimanche sur Eurosport) justement et en larmes il y a déjà quatre ans. Le Britannique et ses acolytes, Richard Gasquet, Gaël Monfils et Stan Wawrinka forment un quatuor de papys. Fringant comme jamais, Novak Djokovic, pourtant de la même année et du même mois que Murray, ne semble pas au même moment de sa carrière. C'est-à-dire au crépuscule.

Il y a un certain bonheur à voir poursuivre ceux qui ne côtoient plus les sommets autrefois empruntés. Car au fond, s'ils ne sont plus tout à fait ce qu'ils ont été, des vainqueurs de Grands Chelems (Murray et Wawrinka) ou des demi-finalistes (Gasquet et Monfils), chacun d'entre eux espère, au fond de lui, le grand frisson, le dernier puisqu'eux plus que les autres ne savent pas de quoi demain sera fait, ou pas s'ils parviennent encore à repousser cette petite mort qu'est la retraite.

A ce petit-jeu, Murray se pose là. Car lui est déjà passé par la douloureuse annonce d'une retraite qu'il n'avait pas souhaitée. C'est parce que son cœur ne voulait pas que le "Sir" a trouvé en lui les ressources pour aller plus loin. Mieux, il aborde 2024 dans un autre état d'esprit, preuve qu'à 36 ans, on peut encore changer. "J'ai l'impression de mieux apprécier le tennis. Je pense que c'est en partie dû à l'aspect mental. Le tennis est un jeu difficile à cet égard", dit-il, citant ces coups qu'il arrivait à réaliser hier, ou avant-hier dans son cas, et qui lui sont interdits, ou presque, aujourd'hui.

"Il est difficile pour Andy de rester à la 45e place mondiale, car c'est l'un des plus grands joueurs de ces 15 dernières années, juge notre consultant, John McEnroe. Il lui sera également difficile de prendre sa retraite, car il adore ce sport. Il pense qu'il peut avoir un grand parcours ou une grande chance. Peut-être en jouant Novak ou Rafa en demi-finale d'un tournoi majeur."

Voilà le cœur de la question. Oui, Murray espère pouvoir rejouer sur les plus grandes scènes. Et il n'est pas le seul. "J’ai gagné de gros matches et retrouvé des périodes où je jouais vraiment bien, analysait Stan Wawrinka (38 ans) auprès du quotidien suisse, Le Matin, fin 2023. Il y a eu beaucoup de choses positives mais j’en veux plus. J’ai toujours cette envie d’aller plus loin, plus haut". Il n'y aurait aucune raison pour ces joueurs de continuer si ce n'était pour revivre de grandes émotions en Grand Chelem. Si Novak Djokovic ne joue plus, ou presque, que pour les quatres Majeurs, il en va de même pour ses pairs de sa génération. A leur niveau.

Au classement mondial lundi dernier, l'ultime avant l'Open d'Australie, Gaël Monfils et Richard Gasquet se suivent (75e et 76e) mais la prochaine hiérarchie mondiale placera le second au-delà d'un Top 100 mondial qu'il habitait depuis bientôt 19 ans. "Si ce n'est pas possible de remonter, je dirai au revoir, a avoué Gasquet (37 ans) à L'Équipe vendredi. Il n'y aurait pas trop de sens de continuer longtemps à jouer en étant en dehors du top 100. Si je me retrouve à jouer des tournois moins huppés, je vais essayer au début mais je ne vais pas rester à galérer en Challenger."

L'amour du jeu oui mais pas à n'importe quel prix. "Continuer à prendre du plaisir, en profiter avec ce match qui m'attend au premier tour, a poursuivi celui qui a rendez-vous avec Carlos Alcaraz à Melbourne. Essayer de faire un grand match pour garder des souvenirs. Des beaux souvenirs dans le tennis, j'en aurai et je vais essayer d'encore en créer quelques-uns." Il n'y a que sur les grandes scènes qu'on se crée des beaux souvenirs, sinon Gasquet ira taper la balle avec ses potes comme il l'a toujours dit.

Gaël Monfils (37 ans) est, parmi ce quatuor, celui qui parle le plus franchement de la retraite, non pas parce qu'il pourrait la subir, plutôt car il l'accueillera avec le sourire. Vous savez, ça fait tellement d'années que j'ai envie d'arrêter, a-t-il confié en conférence de presse à Melbourne. Depuis le Covid déjà, et j'étais pourtant dans le top 10 ! Je kiffe mon sport, mais ce n'est pas ma vie et ça les gens l'oublient. [...] J'aime plein de choses dans le tennis, mais il y en a beaucoup, forcément en vieillissant, que je n'ai plus envie de faire. Et pour être complètement honnête, ce qui compte aujourd'hui c'est l'éducation de mon enfant."

Le dernier objectif du Français s'appelle Jeux Olympiques de Paris, en juillet prochain. S'il est dans le flou six mois avant l'événement, la "Monf'" espère bien pouvoir remonter assez pour vivre cette expérience d'une vie, celle de JO à domicile, devant son public, sa famille et ses amis. Le dernier grand frisson, toujours. Ensuite, il sera peut-être temps de se concentrer sur la suite, sa fille pour lui, d'autres choses peut-être pour les autres, avec le sentiment du travail accompli. En attendant, les vieux courent toujours.