Open d'Australie - L'antisèche de la finale dames - Madison Keys les aura toutes écartées de sa route
Publié 25/01/2025 à 13:14 GMT+1
À près de 30 ans, l'heure de gloire de Madison Keys est enfin arrivée. Son exploit samedi en finale de l'Open d'Australie face à la grande favorite Aryna Sabalenka (6-3, 2-6, 7-5) aura été à l'image de la quinzaine de l'Américaine, également tombeuse d'Elena Rybakina et d'Iga Swiatek notamment. Jusqu'ici avant tout une joueuse de coups, elle s'est métamorphosée en championne.
Comment Keys a encore déjoué les pronostics face à Sabalenka : le grand format de la finale
Video credit: Eurosport
Le pourquoi du comment
Quelle est la différence entre une championne et une excellente joueuse ? Certains appellent cela le caractère, d'autres la force mentale, tout cela désigne la même chose : la capacité à sortir le meilleur de soi dans les moments de tension les plus extrêmes. Et jusqu'ici, tout dans la carrière de Madison Keys tendait à montrer qu'elle en manquait un peu. Mais ce samedi, elle a montré à quel point ses échecs passés, dont une demi-finale de l'US Open 2023 perdue sur le fil au super tie-break face à la même Aryna Sabalenka, l'ont façonnée.
Pourtant, on pouvait légitimement penser qu'elle avait sans doute joué sa finale en venant à bout d'Iga Swiatek, sauvant une balle de match au passage. Son expérience, celle d'une finale de Grand Chelem perdue il y a plus de sept ans désormais à Flushing Meadows, lui a évité cet écueil. A vrai dire, c'est même elle qui a entamé ce match avec le plus de conviction, servant 86 % de premières balles dans la manche inaugurale pour étouffer une adversaire sûrement aussi tendue par l'enjeu d'un triplé qui aurait été inédit au XXIe siècle.
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La joie de Keys vs la colère de Sabalenka : l'issue de la finale en vidéo
Video credit: Eurosport
Mais Sabalenka n'est pas numéro 1 mondiale pour rien. Et quand elle a progressivement élevé son niveau de jeu et trouvé des solutions tactiques en utilisant les amorties notamment (6 gagnantes sur 8 tentées) pour contrecarrer la force de frappe supérieure adverse, le vent semblait avoir tourné. À un set partout, physiquement, Keys donnait aussi quelques signes de lassitude. Le troisième acte s'annonçait compliqué… D'autant que le scénario ressemblait à cette fameuse demie de l'US Open qu'elle avait aussi entamée tambour battant sur un 6-0 avant de s'incliner d'un rien.
C'était sous-estimer sa capacité à puiser dans ses ressources. Cette troisième manche a mis en scène un duel de serveuses déterminées. Et Keys n'a jamais dévié de sa route, malgré la pression croissante de Sabalenka à la relance. Convaincue par son plan de jeu ultra-agressif, elle est allée chercher son trophée en distribuant les pains à la pelle. Comme Danielle Collins et Elena Rybakina (ex-finalistes), ou encore Elina Svitolina et Iga Swiatek, la patronne Sabalenka a fini par céder à sa volonté. Difficile de trouver triomphe plus mérité.
Le moment-clé
Il y a eu plusieurs tournants dans cette finale, mais un point a symbolisé mieux que tous les autres que Madison Keys ne laisserait pas le trophée lui échapper cette fois. A 5 jeux partout, 30/30 sur son service, l'Américaine a vu un retour supersonique en coup droit de Sabalenka lui foncer dessus. Compacte, basse sur les jambes, elle a redirigé la balle le long de la ligne d'une demi-volée de coup droit ahurissante à la vitesse de l'éclair. Habitée, elle a tenu son service avant de réaliser l'ultime break dans la foulée.
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Henin : "Keys a été plus audacieuse sur les point-clés, Sabalenka a trop attendu qu'elle déraille"
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La stat : 8
Madison Keys et Aryna Sabalenka sont des cogneuses et, avant même qu'elle ne débute, on savait que cette finale ne mettrait pas en scène quantité de longs échanges. La réalité l'a confirmé jusqu'à la caricature puisque seuls 8 points (sur 183, soit 4 %) ont dépassé les 9 coups de raquette. L'Américaine et la Biélorusse en ont d'ailleurs gagné 4 chacune.
La décla
Madison Keys lors de la remise des trophées : "Je vais évidemment pleurer, il n'y a aucun moyen de l'éviter, désolée d'avance. Aryna, tu as joué incroyablement bien, je suis heureuse d'avoir finalement eu ma revanche ! (Rires.) J'ai voulu ça (le trophée, NDLR) depuis tellement longtemps. J'avais déjà été en finale, ça n'avait pas été dans mon sens et je ne savais pas si j'aurais une seconde chance. Mon équipe a cru en moi quand je ne croyais plus en moi. L'année dernière a été si dure avec de mauvaises blessures, donc avoir ce trophée avec mon mari à mes côtés, c'est un rêve qui s'accomplit."
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"Je ne veux plus vous voir, tout est de votre faute !" Sabalenka d'humeur blagueuse malgré tout
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La question : Keys peut-elle s'installer durablement parmi les meilleures ?
En s'adjugeant cet Open d'Australie, Madison Keys n'a pas seulement réalisé un exploit majeur. Elle a aussi donné un nouveau relief à son palmarès et à sa carrière. Grâce à ses qualités naturelles, sa puissance et son timing notamment, l'Américaine a toujours incarné une menace, y compris pour les meilleures. Dans l'absolu, on la savait capable de grands coups, peut-être même de les enchaîner dans un tournoi. Mais pas jusqu'au bout. Cette quinzaine à Melbourne change indéniablement la donne.
Keys a prouvé qu'elle avait non seulement le tennis pour battre les numéros 1 et 2 mondiales, mais qu'elle avait aussi la tête pour y parvenir malgré le poids de l'enjeu. Avec son style de jeu, il n'y a donc aucune raison qu'elle ne soit pas capable de rééditer pareille performance à Wimbledon ou à l'US Open (où elle a déjà atteint la finale) dans des conditions assez rapides. A nouveau dans le Top 10 dès lundi prochain, elle retrouvera son meilleur classement (7e mondiale) mais imposera bien plus de respect à ses rivales désormais.
Mais ce qui fait qu'Aryna Sabalenka ou Iga Swiatek sont au-dessus du lot depuis quelques années, ce ne sont pas seulement les titres en Grand Chelem, mais leur constance dans l'excellence semaine après semaine. Keys peut-elle trouver cette régularité alors qu'elle fêtera ses 30 ans le 17 février prochain et entre donc dans la dernière partie de sa carrière ? Physiquement, le défi est peut-être trop grand. Reste que cette consécration peut avoir l'effet d'un déclic. Qui sait ? Ce succès en appelle peut-être bien d'autres.
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