Llodra s'invente un autre avenir

La fête est finie pour le tennis français à Bercy. Pour la première fois depuis cinq ans, la finale se disputera sans être teintée de bleu. Dommage, car avec trois représentants en quarts de finale pour la première fois dans l'histoire du tournoi, et encore deux demi-finalistes, le coup était jouable. Mais après Gilles Simon, Michaël Llodra est tombé à son tour. Paradoxalement, le Parisien a semblé plus proche face à David Ferrer que le Niçois contre Jerzy Janowicz. Mais le résultat a été le même: défaite en deux sets. Pour Llodra, tout s'est joué au cours d'un premier set étonnant, au cours duquel il s'est procuré dix balles de break sur cinq jeux de service différents de Ferrer, sans jamais réussir à concrétiser. Puni pour son manque de réalisme, il a cédé sa mise en jeu au pire moment, dans le septième jeu. Le match a basculé pour de bon à ce moment-là. "Si je gagne le premier set, ce n'est plus la même histoire", peste-t-il.

A l'heure de tirer le rideau sur sa très belle semaine, il lui restera ce regret. "C'est vrai que c'est un peu dur à digérer forcément. C'est frustrant parce que je pense que si je fais la course en tête, ce n'est plus le même match, répète-t-il. La force des grands joueurs, c'est arriver à tenir, tenir, tenir. Il m'a fait des points. Je n'ai rien à me reprocher. Il sert bien sur deux points, il y en a une où je fais retour volée sur première balle à deux centimètres, il arrive à me la remettre dans les pieds. Rien à dire." Sur son niveau de jeu, Llodra n'a en tout cas rien à regretter, tant il s'est montré performant au cours de cette entame de haute qualité. "C'est vrai que c'était du grand tennis tout le premier set, souligne-t-il, il n'y a quasiment que des coups gagnants."

Comme en 2010, il cale donc aux portes de la finale. Mais la comparaison s'arrête là. D'abord parce que, contre Söderling, il avait eu plusieurs balles de match. Puis sa situation personnelle n'est plus la même. A l'époque, Llodra flirtait avec le Top 20. Cette année, en arrivant à Bercy, il naviguait cent places plus loin. Mais son tournoi change quand même beaucoup de choses pour lui, notamment dans sa façon d'appréhender la prochaine saison, celle de ses 33 ans. Sa performance au POPB va lui permettre de revenir tout près du Top 50. Ce rang va lui conférer une certaine liberté. A son âge, et dans sa situation de père de famille, ce n'est pas négligeable. "Je ne vais pas devoir passer par les qualifications, note-t-il. En début d'année, ça va être important. Je vais pouvoir gérer plus facilement ma programmation. S’il y a des semaines où je n'ai pas envie de jouer, je ne jouerai pas."

Mais qu'on ne s'y trompe pas, faire des choix ne signifiera pas qu'il prendra cette saison par dessus la jambe. Revenant sur ses propos du début de semaine, Michaël Llodra a d'ailleurs apporté une précision. "En début de semaine, comme j'étais 120e, un peu tout le monde disait : 'il est sur la fin, il peut encore jouer très longtemps en double mais en simple est-ce qu’il ne va pas faire l’impasse ?' Cela n’a jamais été le cas, assure-t-il. J'ai toujours été un joueur de simple, certes avec de biens meilleurs résultats en double, mais je suis avant tout un joueur de simple. L’année prochaine je m’étais fixé de jouer à fond encore en simple et en double, tout en aménageant mon programme." Mais grâce à son excellent Bercy, tout sera plus simple. Il aura le pouvoir de choisir. "Ça va être un programme cohérent par rapport à ma vie familiale, explique-t-il. Je ferai un point à la fin de l'année 2013. Ce n'est pas le niveau tennis qui me dérange mais l'éloignement de ma famille qui me pèse. J'ai envie de jouer, les tournois qui me plaisent." Quelque chose nous dit que, parmi ceux-là, il y aura Bercy. "Ça, ça ne fait pas le moindre doute", conclut Llodra.