Le Masters 1000 de Paris Bercy prépare sa révolution

Bercy n'a finalement pas été malheureux. La cuvée 2013 a été exceptionnelle. Pourtant, c'était loin d'être gagné. L'an passé, entre les forfaits, les blessures et les éliminations précoces, l'édition 2012 avait frôlé le fiasco, évité avec la présence de Simon et Llodra en demi-finales et la victoire finale de Ferrer. Cette année, tous les joueurs qui disputeront la Masters Cup de Londres ont été quart-de-finalistes à Paris. Une aubaine. Mais plus de la chance pour Guy Forget. "Soyons honnête. Le fait que Nadal et Djokovic soient à l'heure actuelle encore en course de la place du numéro un mondial nous fait un bien fou, a reconnu le directeur du tournoi. Federer, Tsonga, Gasquet, Wawrinka, Raonic étaient plusieurs à se qualifier pour le Master : cela a créé, qu’on le veuille ou non, un suspense et un investissement encore plus important de la part des joueurs pour ce tournoi. C'est probablement quelque chose qui ne se reproduira pas tous les ans."

Sa crainte principale résidait dans le fait que la Masters Cup soit jouée dans la foulée du Masters 1000 parisien, principale raison de la fuite des meilleurs joueurs pour se conserver pour la grand-messe de la fin de saison. L'année prochaine en tout cas, l'ATP, association des joueurs professionnels qui gère le calendrier des tournois, a prévu une parade : une semaine de repos et sans tournoi entre Bercy et Londres en 2014 et 2015. Ce qui permet au rendez-vous parisien de garder un semblant d'intérêt pour les meilleurs joueurs à la recherche de points mais également d'un peu de repos pour briser l'enchaînement infernal de fin de saison. Ce calendrier tiendra pour les deux années à venir, la Masters Cup étant organisée à Londres jusqu'en 2015. Au-delà de cette année, le mystère reste entier sur le prochain lieu. Admettons que la Masters Cup change de continent, le problème reviendra sur la table.

Mais Guy Forget prend un problème après l'autre. Le directeur savoure encore un tournoi réussi tout en préparant les deux années à venir. "En perspective de 2015, on aura un stade, un POPB flambant neuf. Des travaux vont démarrer ici au début de l'année et vont nous amener jusqu'à l'édition 2014. Le stade, qui sera encore en travaux l'année prochaine, sera le stade le plus moderne en Europe et nous permettra qui nous permettra d'accueillir à l’ouverture en 2015 non seulement les joueurs, mais le public et les médias dans des locaux plus confortables, plus spacieux et plus modernes."

Pour l'ancien vainqueur de Bercy, en 1991, il s'agit surtout de sauvegarder cette "vitrine extraordinaire", d'autant qu'elle est menacée de rachat. "On a eu trois propositions très intéressantes pour racheter la date de Bercy, révélait-il l'an passé. Mais moi comme la Fédération on n'est pas là pour faire du business. On a une mission qui est de défendre l'intérêt du tennis." Quitte à y perdre un peu d'argent. "Si Bercy perdait des millions d'euros, on s'en serait déjà séparé. C'est loin d'être le cas. Du moment qu'on a un budget à peu près à l'équilibre, que ça ne coûte pas beaucoup d'argent par rapport à ce que ça rapporte en termes d'image, il faut préserver cette vitrine. Je connais bien ce tournoi, je l'ai même gagné. S'il y a bien quelqu'un qui veut qu'il continue à exister et reste un rendez-vous incontournable, c'est moi."

Avoir récupéré une semaine, c'est déjà un grand pas. Moderniser le stade, une avancée non négligeable. Mais cela pourrait se révéler inefficace si le Masters s'éloigne considérablement de Paris et/ou si la date du Masters 1000 parisien ne change pas. "Si on peut avoir le plateau de cette année sur les dix prochaines années, on signe tout de suite. GilbertYsern (directeur de Roland-Garros mais également directeur général de la FFT, NDLR) n'aura pas envie de changer la place du tournoi. Mais on sera ouvert à toutes les discussions. Si on a une possibilité de bouger en début de saison, on essaiera probablement de saisir cette chance." Organiser la Masters Cup à Paris ou reprogrammer le Masters 1000 de Bercy au mois de février, les idées ne manquent pas. Jusqu'en 2015, Bercy deviendra la Rolls des Masters 1000. Mais sa réussite ne dépendra pas que lui.