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Retraite de Roger Federer - Nadal : "J'aurais aimé que ce jour n'arrive jamais"

Laurent Vergne

Mis à jour 15/09/2022 à 20:53 GMT+2

Roger Federer à la retraite, c'est un peu tout le tennis qui se retrouve orphelin. Rafael Nadal n'est pas le dernier auquel il va manquer. L'Espagnol et le Suisse ont offert à ce sport une rivalité qui, si elle ne restera pas comme la plus prolifique, gardera un charme et une saveur sans doute inégalables. Ils se retrouveront une dernière fois la semaine prochaine à Londres, pour la Laver Cup.

Federer - Nadal 2017, le résumé d'une finale légendaire

Il n'a fallu que quelques minutes pour que les réactions se mettent à pleuvoir après l'annonce de Roger Federer. Mais aucune n'était plus attendue sans doute que celle de Rafael Nadal. La rivalité entre les deux champions a rythmé le début du XXIe siècle et elle restera une des plus marquantes de l'histoire du tennis, ne serait-ce que pour le mariage de leurs styles et de leurs personnalités. Tactiquement, une combinaison plus gagnante pour l'Espagnol que pour le Suisse. Mais le vrai vainqueur en fut le tennis. Il n'y a que la combinaison de Björn Borg et John McEnroe qui, à travers le temps, puisse rivaliser dans ce domaine.
"J'aurais aimé que ce jour n'arrive jamais, c'est une triste journée pour moi et pour le sport dans le monde entier", a confié Nadal dans un message publié sur Twitter. Preuve que les chiffres ne disent pas tout, le Suisse aura affronté Novak Djokovic 50 à reprises dans sa carrière, soit dix de plus que contre Rafael Nadal, qu'il n'a croisé "que" 40 fois. Mais sa relation sportive avec le Majorquin gardera quelque chose d'incomparable.
On se souvient que, lorsqu'il était revenu à Roland-Garros en 2019 après quatre années d'absence, Federer avait soufflé avant de retrouver son rival en demi-finales : "C'est pour ça que je suis revenu. Pour jouer Rafa." Il aurait pu dire "Je suis revenu pour essayer de regagner Roland-Garros dix ans après", mais non. C'était révélateur car ce n'est pas prendre trop de risques que de penser qu'il n'aurait dit ça de personne d'autre, peu importe l'endroit.

L'exorcisme de Melbourne

Lorsque Nadal, encore adolescent, a commencé à s'affirmer, Roger Federer venait de s'imposer comme l'incontestable patron du tennis mondial. L'arrivée de "Rafa" fut à la fois le pire cauchemar et la plus grande chance de "Rodgeur". L'un et l'autre se sont mutuellement grandis. Très vite, la menace Nadal s'est précisée, jusqu'à ce monument de match, achevé au crépuscule un soir de juillet 2008 à Wimbledon, en forme de passation de pouvoir.
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Roger Federer et Rafael Nadal lors de la fabuleuse finale de Wimbledon en 2008.

Crédit: Eurosport

Nadal a plus souvent fait pleurer Federer que le contraire, en partie parce que l'essentiel de leurs confrontations a eu pour théâtre la terre battue (14-2 en faveur de l'Espagnol sur ocre, 14-10 Federer ailleurs), mais le Bâlois a sans doute exorcisé une bonne partie de ses démons en remportant un autre joyau de leur couronne commune, la finale de l'Open d'Australie 2017.
On ne listera pas ici tous leurs duels dont un bon paquet s'est ancré dans la légende du tennis. Allez, deux ou trois au hasard, en plus de ceux mentionnés ci-dessus : la finale de Miami en 2005, celle de Rome en 2006, de Wimbledon en 2007, de Melbourne en 2009, et ainsi de suite. Victoire, défaite... Maintenant que Federer s'en va, on a presque envie de dire que tout ceci n'a plus beaucoup d'importance. Il y a ou il y aura bientôt prescription. Retenir telle victoire ou telle défaite plutôt que l'œuvre qu'ils ont bâtie ensemble serait une erreur.
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Roger Federer et Rafael Nadal

Crédit: Eurosport

L'inoubliable fou rire

On peut donc croire sur parole Nadal lorsqu'il dit ce jeudi : "Ce fut un plaisir mais aussi un honneur et un privilège de partager toutes ces années avec toi, de vivre tant de moments fantastiques sur les courts et en dehors." Ce fut aussi notre plaisir et notre privilège. Pour ce qui est des moments en dehors du court, deux nous viennent spontanément à l'esprit.
Le premier remonte à 2010. A l'occasion d'un spot promotionnel pour des matches de charité, le tournage, qui devait durer quelques minutes, va s'éterniser. Les deux champions n'ont qu'une poignée de mots à prononcer, mais, assis côte à côte, ils en sont incapables. Le fou rire qui les prend puis les tient est devenu culte. Le second, plus proche, date de la première édition de la Laver Cup, en 2017, avec leur association (victorieuse) en double. Une sorte de fantasme tennistique.
Peut-être est-ce au moins en partie à ces moments-là où, complices et en marge de leur rivalité, ils se sont découverts différemment, que Rafael Nadal pensait en écrivant cela. C'est d'ailleurs dans cette même Laver Cup qu'ils se retrouveront une dernière fois, la semaine prochaine, puisque Roger Federer a décidé de tirer sa révérence à cette occasion. Voir le champion suisse sur le court sera savoureux, mais la présence de tous les autres n'aura pas moins de saveur. Et dans ces "autres", il y aura aussi, il y aura surtout "Rafa". "Je te verrai à Londres", a conclu Nadal.
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