Et si le plus dur était à venir pour Djokovic ?

Pendant 12 jours, du tirage au sort à leur confrontation, le duel entre Novak Djokovic a été dans toutes les têtes et sur toutes les lèvres à Roland-Garros. C'était le match et le choc du tournoi. Désormais, c'est derrière nous. Derrière Djokovic, surtout. La facilité avec laquelle le Serbe a pris le pas sur le nonuple lauréat fait forcément relativiser, a posteriori, l'ampleur de sa tâche. Pour la charge historique qu'imposait ce match avec Nadal, l'évènement était majeur. Mais sur un strict point de vue tennistique, il est finalement légitime de se demander si le principal obstacle sur la route du couronnement parisien du numéro un mondial ne se trouve pas, encore, devant lui.

Après tout, Rafael Nadal n'avait pas gagné un seul tournoi sur terre au printemps. Andy Murray, le prochain adversaire de Djokovic, est le seul à pouvoir se prévaloir, comme lui, d'être invaincu sur cette surface cette saison. Vainqueur à Munich puis à Madrid, avant de quitter le Masters 1000 de Rome une fois son premier match gagné, l'Ecossais reste sur une série de 15 victoires consécutives sur l'ocre. C'est sa troisième demi-finale à Roland-Garros, mais il ne l'avait sans doute jamais abordé avec un tel capital confiance. Désormais, Murray sait qu'il peut gagner sur terre.

Novak Djokovic s'est d'ailleurs empressé de souligner après sa victoire contre Nadal que Murray ne constituait pas un rival moins dangereux que Rafa. Au-delà de la politesse d'usage, le Djoker a rappelé quelques vérités. "Il ne fait pas l'ombre d'un doute qu'il a accompli d'énormes progrès sur terre battue, souligne-t-il. Je pense qu'il se déplace mieux, il sert très bien, il a toujours un très bon toucher de balle. Il possède un coup du fond de court absolument remarquable, l'un des meilleurs dans cet exercice. Il est pétri de talents. Puis c'est un remarquable combattant, avec beaucoup d'expérience des matches à enjeux."

S'il gravit la marche Murray sans encombre, Novak Djokovic aura encore un dernier échelon avant le trône. Si Tsonga se dresse face à lui après avoir sorti Berdych, Nishikori et Wawrinka, il sera forcément à prendre au sérieux. Surtout devant son public. Après tout, Jo était passé à un point de la victoire face à lui il y a trois ans et, même si c'est dans un contexte totalement différent, il a remporté leur dernier duel, à Toronto. Mais c'est probablement face à un Wawrinka stratosphérique depuis deux matches que Nole serait le plus sous la menace. Il fut son bourreau à Melbourne en 2014 et ses trois dernières victoires en Grand Chelem contre le Suisse ont toutes été obtenus en cinq sets.

Incontestablement, Djokovic est l'homme à battre désormais. Il gagne tout depuis huit mois ou presque. Il n'a jamais tutoyé à ce point les étoiles sur un court. Il reste sur 27 victoires de suite. Peut-être va-t-il éparpiller Murray et Wawrinka ou Tsonga comme il l'a fait avec Gasquet et surtout Nadal. C'est tout sauf à exclure. Mais croire qu'il a fait le plus dur en sortant Nadal relève peut-être de l'erreur de jugement. Rafa est le plus grand joueur de l'histoire sur terre, mais il n'est probablement pas dans le Top 3 sur cette surface cette saison. Voilà la réalité.

Le Djoker n'est pas tombé de la dernière pluie. Il saura très probablement éviter la double erreur qui consisterait à rester, encore, sur son match contre Nadal ou à se projeter, déjà, sur le titre. Nous ne sommes plus mercredi et pas encore dimanche. Seul compte Murray. "Il faut que j'avance, que je passe à autre chose", a-t-il assuré. Il sait aussi que, même si Nadal n'est plus tout à fait Nadal, ne pas réussir dans la quête du titre après avoir terrassé le maître des lieux accentuerait encore l'impact de son échec.