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Wawrinka, celui qui a réussi l'exploit de se faire un nom en Suisse à côté de Federer

Sébastien Petit

Mis à jour 08/06/2015 à 20:59 GMT+2

Pas simple de grandir dans l'ombre de Roger Federer quand on est un joueur suisse de tennis. C'est pourtant ce qu'a réussi Stan Wawrinka au terme d'un parcours réalisé à petits pas, comme nous l'a expliqué Isabelle Musy, journaliste de la Radio Télévision Suisse qui le connaît depuis plusieurs années.

Stan Wawrinka face à Tsonga, en demie de Roland-Garros 2015

Crédit: AFP

Stan Wawrinka a connu une éclosion tardive sur le circuit ATP. Il a remporté son premier titre majeur à 29 ans à l'Open d'Australie, ce qui est relativement tard pour une première. Et cette victoire importante pour un joueur de tennis lui a aussi apporté une notoriété qu'il n'avait pas du tout dans son pays. Au-delà du canton de Vaud, en Suisse Romande, où il est originaire, il passait la plupart du temps inaperçu. Jusqu'à l'épisode de Melbourne en janvier 2014. Les Helvètes se sont alors rendu compte qu'il n'y avait pas que Rodgeur dans la vie : il y avait Stan aussi.
"Il y avait beaucoup d'incrédules qui ne pensaient jamais le voir gagner un jour un titre du Grand Chelem, nous a expliqué Isabelle Musy, journaliste de la Radio Télévision Suisse qui suit de près le parcours de Wawrinka depuis plusieurs années. Mais la Suisse est un pays qui parle en grande partie l'Allemand. Et pour cette partie de la population, il n'existait pas. On l'appelait même le 'Welche', terme ici un peu moqueur pour désigner un Romand, une personne qui parle pas allemand, car pour eux, il perdait tout le temps."
Il a toujours cette ambivalence à essayer d'avoir sa part de lumière tout en étant convaincu qu'il ne ferait pas mieux que Federer.
Comment parvenir à se faire un nom en Suisse lorsque l'on grandit à côté de ce phénomène qu'est Roger Federer? Le Bâlois a débuté la moisson de ses 17 titres majeurs à Wimbledon 2003, avant de quasiment tout emporter sur son passage dans les années qui ont suivi. Période à laquelle Wawrinka a tenté de sortir de l'ombre en se nourrissant des succès de son compatriote.
"Il a énormément de respect pour Federer, mais en même temps il y a aussi de la frustration, précise Isabelle Musy. Il a toujours cette ambivalence à essayer d'avoir sa part de lumière tout en étant convaincu qu'il ne ferait pas mieux que lui. Mais comme par hasard, il a percé en 2013, l'année où Federer est moins bon en raison de ses problèmes de dos. Mais je ne pense pas que ce soit un hasard. Alors que Stan, lui, ne pense pas du tout la même chose."
Cette reconnaissance, il l'avait auprès son clan qui croyait fermement en lui. Par exemple, Pierre Paganini, son préparateur physique depuis 15 ans qu'il partage d'ailleurs avec Roger Federer, lui avait prédit une matûrité tardive à tout point de vue : physique et mentale.
Et ça n'a pas raté. Il a fallu quelques signes précurseurs pour initier le changment à venir, comme à l'US Open 2010, où il a battu son premier joueur du Top 5 mondial (alors Andy Murray), l'Open d'Australie 2013 et son match épique face à Novak Djokovic ou encore sa victoire en cinq sets face à Richard Gasquet en huitième de Roland-Garros de la même année.
Un parcours à petits pas, fait de hauts et de bas, forgé grâce à plusieurs personnes comme son ancien coach Peter Lundgren, le capitaine suisse de Coupe Davis Severin Lüthi, qui lui a souvent regonflé le moral dans des périodes de doute, et surtout Magnus Norman, son entraîneur actuel, qui lui a clairement fait passer un cap psychologique en lui faisant accepter l'idée de pouvoir gagner contre les plus grands joueurs.
Le regard de Federer a changé sur lui au moment où Stan a commencé à avoir des résultats
"Magnus disait qu'il avait accepté d'être méchant sur le court, se souvient encore la journaliste de la RTS. Mais c'était un terme galvaudé pour Stan qui préfère dire qu'il est désormais le champion qu'il s'autorise à être. Il était convaincu qu'il ne pouvait pas battre des gars mieux classés que lui alors qu'il avait le tennis et le physique pour. Il ne manquait que le mental pour le voir. C'est ce que Magnus lui a apporté. Ce petit plus qui fait maintenant la différence."
Flanqué de Norman, qui avait déjà réussi à tirer le meilleur de Robin Söderling à Roland-Garros, le Vaudois a concrétisé cela avec ce titre à l'Open d'Australie en 2014 qui a été le résultat le plus marquant de son évolution lente, mais aboutie. Car tout a changé pour lui. Il est devenu un autre joueur. Et un autre homme, notamment pour Federer.
"Son regard a changé sur lui au moment où Stan a commencé à avoir des résultats, affirme encore notre collègue helvétique. Roger le regarde désormais comme un pair, et non plus comme un petit frère et cela l'a grandement aidé à se valoriser, puis à le battre comme il a pu le faire à Monte-Carlo l'an dernier, puis ici à Roland-Garros alors qu'il ne l'avait jamais fait en Grand Chelem auparavant."
Avant cela, le public suisse n'avait pas conscience de la chance d'avoir deux champions de leur envergure. Il a fallu du temps que Wawrinka fasse son trou et se fasse un nom sur le circuit avant de le faire en Suisse. Ses succès à Melbourne mais aussi en Coupe Davis en décembre dernier l'y ont grandement aidé.
C'est désormais avec une immense émotion que les Helvètes ont vu "Stan The Man" remporter sa première finale de Roland-Garros face à Novak Djokovic. Avec la fierté de se dire qu'il n'y a pas que Roger Federer pour rapporter des titres du Grand Chelem à la Suisse.
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