Roland-Garros 2023 - Lorenzo Musetti : deux ans après, le nouveau défi majeur

C'était il y a deux ans. Lorenzo Musetti, 19 ans, disputait un huitième de finale à Roland-Garros face au numéro un mondial. A la surprise générale, l'Italien avait mené deux sets à zéro face à Novak Djokovic, avant que celui-ci ne prenne nettement le dessus physiquement, jusqu'à l'abandon du jeune Italien dans la 5e manche. De ce presque exploit, est restée l'image d'un joueur au revers à une main soyeux, promis à un grand avenir. La performance était d'autant plus notable que c'était la toute première apparition du brun Lorenzo dans un tableau principal de Grand Chelem.

Cette entrée en fanfare est restée pour l'instant sans lendemain dans les tournois majeurs. Aussi incroyable que cela puisse paraître, Musetti avait remporté autant de matches (trois) lors de ce Roland-Garros 2021 qu'il n'en a gagné depuis : les trois à l'US Open, un en 2021, et deux en 2022. A côté de ça, il a été éliminé cinq fois au 1er tour, même si le tirage au sort l'a rarement gâté, puisqu'il a dû croiser d'entrée des joueurs comme Hubert Hurkacz (Wimbledon 2021), Alex De Minaur (Australie 2022), Stefanos Tsitsipas (Roland-Garros 2022), ou encore Taylor Fritz (Wimbledon 2022). Mais globalement, sa promesse initiale n'a engendré aucune confirmation.

Le revoilà donc là où on l'avait laissé deux ans plus tôt, à nouveau en huitièmes de finale. Face à lui, comme en 2021, le numéro un mondial. Son identité a changé, Carlos Alcaraz a suppléé Novak Djokovic, mais la nature et l'ampleur du défi restent identique. Lui, en revanche, n'est plus tout à fait le même. Son début de quinzaine le laisse en tout cas penser. Trois victoires en trois sets, toutes convaincantes, particulièrement la dernière en date, vendredi, face à Cameron Norrie, sa "meilleure performance de la saison" selon ses propres mots.

Le travail a été bien fait. Mais c'est seulement dimanche que l'Italien saura à quel point il a grandi, lorsque Carlos Alcaraz sera de l'autre côté du filet sur le court Philippe-Chatrier. Les deux jeunes hommes se connaissent par cœur. "Avec Lorenzo, nous nous connaissons depuis que nous sommes petits quand nous disputions des tournois ensemble, a évoqué Alcaraz. Nous nous entendons bien en dehors du court, même si nous n'avons pas eu beaucoup de temps pour parler ensemble. Mais je dirais que nous sommes bons amis et que cette relation est amenée à durer dans le temps."

"Quand je vois Carlos, je vois d'abord un ami", confirme Musetti. Un repère, aussi. Même s'il a un an de plus que l'Espagnol, ce dernier a avancé à une vitesse tellement folle depuis un an et demi qu'il est devenu la référence de cette nouvelle génération. "Je vois aussi quelqu'un qui a commencé à tracer son chemin, ajoute-t-il. C'est celui qui, dans notre génération, a commencé à remporter des titres importants. Nous allons essayer, Holger, Jannik et les autres juste derrière lui, de nous rapprocher de lui."

Le Toscan a quelques arguments de son côté. D'abord, il a remporté leur unique duel chez les professionnels à ce jour. C'était sur terre, déjà, et ce n'est pas si vieux puisque ce match s'est déroulé en finale du tournoi de Hambourg à l'été 2022. Une victoire 6-4, 6-7, 6-4 pour le premier titre de sa jeune carrière, un ATP 500. "Le match à Hambourg m'a donné beaucoup de confiance", assure-t-il. Carlos Alcaraz s'en souvient lui comme d'un moment "très dur".

Alors, sur la foi de ce duel allemand et sur celle de sa première semaine ici à Roland-Garros, Lorenzo Musetti est-il vraiment prêt à rendre coup pour coup au numéro un mondial ? Sur un strict plan tennistique, sans doute est-il apte à rivaliser. Mais sur une telle scène, en Grand Chelem, il doit encore le démontrer. Alcaraz y a fait ses preuves. Lui, pas encore.

En tout cas, le petit Lorenzo de 2021 lui semble loin et il s'estime autrement armé désormais. "Tout était nouveau pour moi, rappelle-t-il. Est-ce que maintenant je me sens différent d'il y a deux ans ? Je dirais oui. Je me vois comme quelqu'un qui a évolué, j'ai plus d'expérience et j'ai joué beaucoup plus de matches. J'ai gagné bien sûr mais j'ai aussi perdu. Ces défaites m'ont permis de voir qui je suis comme joueur, et je peux me voir sous un angle meilleur. Je suis maintenant plus préparé que je ne l'étais à l'époque contre Nole. Cela ne veut bien sûr pas dire qu'une fois que je serai sur le court, je gagnerai haut la main.Mais j'ai l'impression que je peux maintenant mieux appréhender et gérer tout ce qui se passe autour de ce type de match." Ce sera pour lui une sorte de moment de vérité. Et, peut-être un véritable acte de naissance.