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Roland-Garros 2023 | Blessures, dopage : Beatriz Haddad Maia, la demi-finaliste que l'on n'avait pas vue venir

Christophe Gaudot

Mis à jour 08/06/2023 à 14:33 GMT+2

Dire que Beatriz Haddad Maia ne faisait pas vraiment partie des candidates au dernier carré n'est pas manquer de respect à la Brésilienne qui affrontera Iga Swiatek jeudi à Roland-Garros. Tête de série numéro 14, la Brésilienne a dompté Ons Jabeur en quart pour avancer encore dans le meilleur Grand Chelem de sa carrière. Et de très loin puisqu'elle n'y avait connu que des déceptions jusque-là.

15 jeux laissés en 5 matches : la stat écrasante de Swiatek à Paris

A chaque Grand Chelem, son jeu des projections. Et dans cette partie de tableau du simple féminin, on salivait d'avance de l'opposition en demi-finale entre Iga Swiatek et Elena Rybakina. La Kazakhe s'étant retirée avant son 3e tour, le tableau s'est ouvert. Au jeu de la grande loterie, Beatriz Haddad Maia est sortie vainqueure, non sans mal et non sans transpirer. Puisqu'elle n'avait jamais atteint autre chose qu'un 2e tour en Grand Chelem, la Brésilienne n'était pas attendue. Son explosion, à 27 ans, a pour autant des explications.
"Quand je suis arrivée ici, à Roland-Garros, mon premier objectif était déjà de passer le troisième tour. Je n'avais jamais passé le deuxième tour dans un Grand Chelem auparavant." Beatriz Haddad Maia n'est pas une joueuse qui rêve. Les pieds sur terre, elle savait tout de ses difficultés en Grand Chelem avant le Majeur parisien. En onze apparitions dans les grands tableaux, son bilan affichait sept succès pour onze défaites. La fluctuation de son classement WTA dit un peu des turbulences traversées par celle que tout le Brésil regarde dans cette quinzaine.

Anabolisants et "erreur humaine"

Trois cents places. De sa 58e place en 2017, Haddad Maia a chuté jusqu'au 358e rang trois ans plus tard. Entre-temps, la Brésilienne a notamment été suspendue pour dopage. En juin 2019, la fédération internationale trouve des traces d'anabolisants interdits dans ses urines. Dix mois de suspension suivent jusqu'au début d'année 2020 malgré une enquête qui conclut à une erreur humaine du côté de la pharmacie de la joueuse.
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Beatriz Haddad Maia

Crédit: Getty Images

Mais Haddad Maia est habituée à remonter la pente, comme elle l'a souligné en conférence de presse après sa victoire en quart de finale sur Ons Jabeur. "Les blessures, cela n'aide pas, confie-t-elle. J'ai eu des moments difficiles au cours de ma carrière. J'ai eu quatre opérations. J'ai eu des fractures au niveau de l'épaule et du dos. J'ai dû m'arrêter six ou sept fois et à chaque fois quatre mois. J'ai aussi dû arrêter de jouer pendant un an."
Après ses retours de blessure ou de suspension, Beatriz Haddad Maia doit repasser par les échelons inférieurs qui ont leurs propres caractéristiques et leurs propres embûches. "C'est difficile d'améliorer son niveau quand on revient et quand on joue en tournois Futures ou Challengers, le niveau est différent, dit la Brésilienne. Il faut vraiment travailler sur son état d'esprit. J'ai essayé de consolider mon tennis et aussi de travailler sur mon jeu."

L'ombre de Kuerten et une disette de 59 ans

Sa réussite dans ce Roland-Garros fait plaisir à beaucoup de monde, y compris à sa victime du jour, Ons Jabeur, qui l'a d'ailleurs prise dans ses bras sitôt la balle de match jouée et qui n'a eu que des mots positifs pour elle en conférence de presse. "On se connaît depuis un moment, a rappelé la Tunisienne. Je savais qu'elle avait une bonne qualité de balle depuis longtemps, c'est juste qu'il fallait régler deux ou trois choses. Depuis qu'elle a fait cela, elle monte. C'est quelqu'un d'honnête, de bien en dehors du terrain. On peut vraiment faire confiance à cette personne."
Jabeur voit aussi dans l'histoire d'Haddad Maia des similitudes avec la sienne et si elle a refusé d'aller loin dans la confession, elle a tout de même évoqué les attentes que les deux joueuses, rares représentantes de leur pays au top du tennis mondial, partagent. "Je comprends d'où elle vient, la pression qu'elle subit mais elle gère très bien, sourit Jabeur. Elle fait énormément pour son pays, pour inspirer de plus en plus de jeunes filles."
Dans ce Roland-Garros, il a déjà été question de Gustavo Kuerten avec la victoire surprise de Thiago Seyboth Wild sur Daniil Medvedev au 1er tour. Mais l'ombre de "Guga" plane aussi sur Beatriz Haddad Maia puisque le coach de ce dernier l'a suivie pendant son adolescence. Mais si chez les hommes, le Brésil a brillé il y a moins de 30 ans à Roland-Garros, chez les femmes, il fallait remonter à 1964 pour voir Maria Bueno se hisser dans le dernier carré. C'est aussi cette histoire-là qu'écrit Beatriz Haddad Maia.
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