Roland-Garros : Mais comment Carlos Alcaraz a-t-il fait pour faire une "remontada" face à Jannik Sinner ?
Vainqueur de Roland-Garros ce dimanche au terme d'une finale rendue légendaire par son scénario fou (4-6, 6-7, 6-4, 7-6, 7-6), Carlos Alcaraz a prouvé que sa haine de la défaite était peut-être sa plus grande force. Après coup, l'Espagnol n'a livré aucun secret quant à sa formule magique. C'est son coach, Juan Carlos Ferrero qui résume finalement le mieux la chose : il est juste fait pour ça.
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De loin, cela peut paraître anodin, presque automatique et dénué de sens. Le poing serré après une faute directe adverse à 0-15. Un "vamos" lâché sur un coup gagnant. Une attitude de matador, raquette serrée en main et regard déterminé envers son clan. De loin, tout ce cérémonial peut paraître désuet. Presque risible, même, quand on vient de perdre le point qui vous amène à offrir trois balles de match à votre adversaire.
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19h12 ce dimanche sur le court Philippe-Chatrier : Carlos Alcaraz est mené deux sets à un, 5-3, 0-40. Jannik Sinner est sur le point de se couronner roi de Paris. Mais l'Espagnol n'a pas abandonné l'idée de tout renverser. Une preuve ? C'est Juan Carlos Ferrero, son entraîneur, qui la raconte : "A ce moment-là du match, il m'a regardé et a fait un geste avec sa raquette, un truc qui voulait dire 'je suis encore là, Vamos'. Je ne vais pas dire que je croyais, à ce moment-là, qu'il allait l'emporter. Mais, avec Carlos, tout est possible. Il l'a encore prouvé".
À l'heure où Roland-Garros a pleuré sa légende, Rafael Nadal, le tournoi a trouvé ce dimanche deux héritiers légitimes. Carlos Alcaraz et Jannik Sinner ont tous les deux refusé la défaite. Mais seul le premier a su embrasser la victoire. Chez l'Espagnol, on a tendance à sous-estimer le paramètre mental. Parce que son jeu est trop flamboyant, trop tape à l'œil. Parce qu'il est capable d'aligner des points de mutant avec une fluidité irréelle - revoyez le super tie-break pour vous en convaincre -, ce qui laisse à penser que sa marge sur le reste des mortels est infinie.
3e finale de Grand Chelem remportée en cinq sets
Mais ceci revient à oublier l'essentiel : au tennis, tout part de la tête. Ce dimanche, il a remporté son cinquième titre du Grand Chelem, le troisième en cinq sets, le troisième en étant mené de deux manches à zéro ou deux manches à une (Wimbledon 2023, Roland-Garros 2024, Roland-Garros 2025). Dans l'adversité la plus totale, il se sublime. Pas de recette miracle, juste une confiance en soi à entretenir. Sur les trois balles de match de Jannik Sinner ce dimanche, il n'a pas pensé à autre chose.
"Dans ces moments-là, je me répète en boucle que je dois y aller, peu importe que je sois mené ou que ce soit le super tie-break du cinquième set, a-t-il expliqué. J'ai juste pensé que c'était le moment d'y aller, de me battre, de ne pas avoir peur de faire des erreurs. Aujourd'hui, il s'agissait surtout de croire en moi et d'y aller. C'est pour ça que j'ai joué mon meilleur tennis dans les moments cruciaux".
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Comparaison n'est pas raison, mais ce genre de mots, Rafael Nadal aurait pu les tenir parfaitement. Les deux Espagnols partagent beaucoup, mais c'est finalement ce trait de caractère, sur le court, qui les rapproche le plus. Témoin privilégié mais exigeant, Juan Carlos Ferrero a eu du mal à expliquer concrètement les ressorts psychologiques de son champion. Cela n'est pas apparu comme par magie, il n'y a pas eu de déclic. Cette mentalité est un don qu'il faut savoir cajoler.
"Je crois vraiment qu'il est né pour jouer ce genre de matches, ce genre de moments, a expliqué le coach du prodige en conférence de presse, encore très ému. À chaque fois qu'on a été dans ce genre de situations, même quand il était plus jeune en Challengers, même dans les tournois ATP 250 ou 500, il a toujours cherché à saisir les opportunités. Bien sûr, ce dimanche, l'enjeu n'était pas le même. Mais la façon d'agir, le style, si. Il est allé se battre dès le premier point, il y a été au courage, en étant agressif à chaque point".
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Carlos Alcaraz
Crédit: Getty Images
C'est ce que les plus grands ont fait pendant toute leur carrière
À les écouter, Alcaraz a simplement été lui-même dans le décorum le plus prestigieux possible, dans l'un des matches qui peut redéfinir une carrière. À 22 ans, le voilà donc double tenant du titre de Roland-Garros, avec cinq titres du Grand Chelem dans la besace. Pas mal pour un fêtard invétéré qui met sa carrière en danger par sa légèreté et son besoin d'évasion, comme certains ont tenté de le dépeindre. Carlos Alcaraz vit et vibre pour ces moments, c'est à la fois sa force et - parfois, mais vraiment rarement - une petite faiblesse.
"Dans ces situations-là, il faut juste se battre, a-t-il conclu. C'est une finale de Grand Chelem, ce n'est pas le moment d'être fatigué, pas le moment d'abandonner. C'est juste le moment de se battre pour trouver le bon moment. Les vrais champions se créent dans ces moments-là, quand la pression est au plus haut. C'est ce que les plus grands ont fait pendant toute leur carrière. Donc j'essaie de faire pareil, de me sentir à l'aise face à cette pression et de ne pas avoir peur".
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