Les plus populaires
Tous les sports
Voir tout

La bonne étoile de Federer

Eurosport
ParEurosport

Publié 12/09/2005 à 06:30 GMT+2

A 24 ans, Roger Federer apparaît comme l'héritier naturel des meilleurs joueurs de l'histoire. Sa victoire sur Andre Agassi, dimanche en finale de l'US Open, éclaire un peu son destin. Pour assumer son statut, le Suisse devra accumuler les titres et trouv

US OPEN - Finale messieurs
R. Federer (Sui, 1) bat A. Agassi (Usa, 7) 6-3, 2-6, 7-6(7/1), 6-1
Dans le brouillard des vingt-trois matches disputés en cinq sets du tableau messieurs, Roger Federer a suivi sa bonne étoile pour conserver son titre en concédant trois sets seulement. Si le numéro 1 mondial nous a habitué à élever progressivement son niveau de jeu pendant les Grand Chelem, cet US Open 2005 a laissé planer le doute d'une possible faille jusqu'au tie-break du troisième set de la finale.
Distillant son incroyable talent à la moindre alerte, Federer a donné l'image d'un artisan génial, obligé de composer avec les matériaux du moment. Le visage fermé, ce joueur affable a écarté chaque adversaire sans la moindre hargne, juste le geste qu'il faut pour écarter le danger. Pendant que les meilleurs joueurs du moment déployaient une énergie phénoménale pour arracher leurs victoires set après set dans le bas de tableau, Roger contemplait sans passion son collier de victoires de plus en plus long.
En bas de tableau, Roddick et Nadal goûtent aux affres des abîmes des premiers et second tours, Gasquet souffre et les Américains Blake, Ginepri et Agassi s'entredéchirent. En haut, sur son piédestal, Federer décide d'un geste de la main du sort de Nalbandian puis de Hewitt, qui trébuche sur un tie-break au moment de défier le tenant du titre.
La qualification d'Andre Agassi est finalement apparue comme une aubaine pour le meilleur joueur de la planète. Après 74 matches cette saison, Roger n'a perdu que trois fois avant cette finale. Victorieux lors de ses 23 dernières finales et de ses 34 derniers matches sur dur, le natif de Bâle ne compte plus seulement ses trophées mais aussi ses moments forts. Vaincre ne suffit plus. Il faut désormais vaincre la banalité de la victoire.
"Je l'attendais"
C'est ainsi que les efforts insensés d'un vétéran de 35 ans ont servi ce dimanche la gloire d'un jeune homme au futur de rêve. La coïncidence entre la détermination et l'expérience d'un Agassi vieillissant et la sublime simplicité d'un surdoué ne pouvait pas offrir une finale expéditive. "Je l'attendais" , avait confié Roger Federer. Et on le comprend. Roddick dans l'impasse, Nadal voyageant mal, Hewitt en mal de tactique, Gasquet trop inexpérimenté, qui pouvait le défier sans trembler si ce n'était Andre Agassi, double vainqueur ici- même en 1994 et 1999.
Si Federer n'a pas eu droit au meilleur Agassi (en 1999 et 2000 : finale à Wimbledon et victoire dans les autres trois Grand Chelem !), il a été opposé au seul joueur capable de rivaliser en terme de charisme aujourd'hui sur le circuit. Devant 23000 supporters acquis à la cause de son adversaire, mais sans lui être toutefois hostiles, il a pu donner toute la mesure de son tennis. Sous pression dans l'échange mais impérial au service, le Suisse a finalement maîtrisé son destin tout en laissant la place au spectacle. "Bon match, non ?" lui a glissé Agassi à la fin de la partie.
Andre est un connaisseur. En vingt ans de carrière, il a eu le temps de vivre des moments encore plus forts que ceux que vit actuellement Federer. "J'espère te retrouver pour disputer d'autres matches de ce genre", a répondu le Suisse plus tard. Le vainqueur de l'US Open 2005 n'a aucune raison d'envier qui que ce soit, Agassi y compris. Mais la carrière d'Agassi est une référence qui rend plus lisible son irrésistible ascension. Sur la balle de match, Roger a donné un coup de poing rageur dans l'air, enfin libéré semble-t-il plus par la qualité de sa performance que par la victoire elle-même.
Assumer son statut
Souvent comparé à Sampras - il est d'ailleurs dans les temps pour rejoindre ou battre le palmarès de l'Américain avec 32 titres dont 6 Grand Chelem à 24 ans - il aura besoin d'adversaires de taille pour ne pas perdre le fil de son histoire et assumer son statut sur la durée. Deux risques majeurs à éviter : tomber dans la facilité ou céder à la lassitude.
En attendant, sous la bannière étoilée des Etats-Unis, là ou Pete Sampras a fait ses adieux en 2002, là où Andre Agassi a tout fait pour décrocher un neuvième titre majeur, il devient le troisième joueur de l'histoire du tennis capable de conserver son titre à Wimbledon et à Flushing Meadows dans la même année avec Bill Tilden (1920, 1921) et Don Budge (1938).
Rejoignez Plus de 3M d'utilisateurs sur l'app
Restez connecté aux dernières infos, résultats et suivez le sport en direct
Télécharger
Sur le même sujet
Partager cet article
Publicité
Publicité